Kairouan a été secoué, mercredi 28 mars 2018, par le suicide d’un jeune diplômé chômeur de 32 ans, activiste dans la société civile et photographe. Originaire de Bouhajla, le jeune homme a publié, avant de passer à l’acte, un long statut sur Facebook où il s’est expliqué sur les raisons l’ayant poussé à accomplir le dernier saut. Son suicide, soulignons-le, a provoqué une vive douleur chez les siens qui ont encore du mal à réaliser ce qui s’est passé.
« Je ne suis rien actuellement, un seul pas me sépare du néant, ou plutôt, un saut. Étrange est la mort et son prix est si bas : 1,5 TND pour une corde, quelques cigarettes. C’est très étrange et nous ne voyons pas cela. On se remplit l’esprit d’illusions, jusqu’à ce que ces dernières deviennent une vérité. Nous ne voyons que ce que nous voulons voir. Mes proches, malgré ma modestie, pensent que je suis le messie. […] Ils sont étranges ! Vous êtes étranges ! Vous pensez qu’en me donnant la mort, je deviens égoïste. Si je l’étais, je me serais administré tous les médicaments que ma mère, malade, à l’habitude de prendre.
Je suis persuadé que ma famille, après avoir organisé mes funérailles, oubliera de payer les médicaments de ma mère. Si j’étais aussi égoïste que vous le prétendez, je me serais jeté devant une voiture ou du toit d’un immeuble, mais je suis soucieux de ne pas abîmer mes organes, afin qu’ils puissent être donnés.
Prenez soin de vous mes chers, aimez vos enfants pour ce qu’ils sont, apprenez-leur qu’aimer autrui n’est pas un pêché… »