Ça se complique, d’heure en heure, sur la scène politique et le week-end dernier a été riche en rebondissements. Le chaud et le froid continue d’être soufflé par Ennahdha. Le Chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, est pour sa part dans une situation très peu enviable : les foudres s’abattent sur lui de toute part, d’autant plus que le parti du Cheikh Rached Ghannouchi lui a porté le coup de grâce avec son retrait de confiance.
La question qui se pose actuellement est évidente : qu’en pense le président de la République, Kaïs Saïed ? Ce dernier, en fait, s’est distingué par son absence totale de la scène politique depuis le début de la crise. Dans sa dernière sortie médiatique, il a, fidèle à la tradition, mis en garde contre les complots qui visent à déstabiliser l’État tunisien de l’intérieur.
Kaïs Saïed doit sortir de son confort
En tant que garant de la Constitution et de la continuité de l’État, Kaïs Saïed doit, plus que jamais, s’exprimer. De nombreux députés, à l’instar de Yassine Ayari et d’Olfa Terras, l’ont appelé à intervenir en vue de débloquer la situation. Il faut rappeler que c’est le président qui a désigné Elyes Fakhfakh dans un climat, rappelons-le, très incertain. Ce gouvernement, en fait, était né dans la douleur. On se souvient aussi du bras de fer ayant opposé Saïed et Fakhfakh à Ennahdha pendant les concertations relatives à la formation du gouvernement. A cette époque, le président était-il au courant des soupçons de conflits d’intérêts ? La question a le mérite d’être posée.
Dans tous les cas, le Chef de l’État, s’il veut enfin améliorer ses performances en communication, doit sortir de son confort et de son silence pour se défendre. Après tout, Fakhfakh est son candidat. Ou bien il arrive à le convaincre de démissionner pour pouvoir en désigner un autre. Ou bien il active l’article 99 de la Constitution, à travers lequel il appelle l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) à procéder au vote de confiance. Dans les deux cas, il s’agit de contrer l’initiative d’Ennahdha qui, rappelons-le, n’a rien de constitutionnel étant donné qu’elle n’émane que d’un parti politique. Un parti au pouvoir, certes, mais qui ne peut se substituer à l’autorité du Chef de l’État. Bien entendu, des discussions seront entamées avec ce dernier et les autres partis. Mais nul doute, dans l’état actuel des choses, qu’Ennahdha sera en position de force.
Le citoyen, grand perdant dans cette bataille politique
Quoiqu’il en soit, le président reste le grand absent dans cette crise politique, là où les tiraillements politiques et la volonté de puissance de certains partis font rage en Tunisie. S’il veut vraiment sauver la nation comme il le prétend, c’est le moment de le faire. Il est temps que le président de la République tende davantage l’oreille à ses conseillers.
Et le grand perdant dans tout cela ? Ce n’est ni Elyes Fakhfakh ni Kaïs Saïed, mais le citoyen tunisien. Depuis 2011, c’est au même spectacle de désolation politique qu’il assiste, dans un régime démocratique sur-mesure. Ou plutôt, disons-le, celui de « la dictature démocratique » d’Ennahdha.
F. K
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