Il n’est pas le meilleur président après Béji Caïd Essebsi, mais il est le moins détesté, le moins impopulaire et le moins controversé de tous les candidats à la Présidentielle de 2019 et qui ont été écartés grâce à lui. Sans expérience politique, ses détracteurs lui avaient prédit quelques mois à la présidence de la République, convaincus qu’il ne fait pas le poids des responsabilités et des obligations liées à la magistrature suprême. Mais, l’homme intègre, droit et déterminé, plébiscité par près de trois millions d’électeurs pour ses qualités humaines, un an plus tôt, a pu préserver son capital électoral et se maintenir avec une régularité inédite en tête des sondages (jusqu’à ce mois d’octobre), loin devant les autres candidats potentiels en cas de nouvelle élection. Une énigme au regard de ses erreurs, de ses dépassements, de ses silences, de ses entêtements et de toutes les incompréhensions et les interrogations qu’il continue de susciter. Difficile de dresser le bilan de Kaïs Saïed au terme de sa première année à la présidence de la République. Le sentiment général est mitigé, vague : il n’a pas réussi mais il n’a pas échoué, non plus. Il n’a pas réussi à donner forme à son slogan de campagne : « Le peuple veut », mais il a pu s’imposer comme un acteur incontournable de régulation de la scène politique, en proie à des déchirements et à des divisions.
Le bilan d’un an de Kaïs Saïed en tant que président de la République est aussi atypique que son élection. Mohsen Marzouk le résume en une phrase : « Kaïs Saïed n’a pas commencé à travailler, il se comporte comme s’il était toujours en campagne, il est temps qu’il devienne président de la République ». Autrement dit, un chef d’Etat qui use de ses prérogatives pour consolider la place et le rôle de la Tunisie dans son environnement régional et mondial, face aux défis sanitaires, sécuritaires, économiques, climatiques et sociaux. Kaïs Saïed parle peu de ces questions et de géopolitique, alors que la Tunisie est au cœur du conflit libyen, de la pandémie de la Covid-19, de la récession économique, du fléau de l’émigration clandestine, de la montée du terrorisme…
(La suite dans notre Magazine)