Les quatre pays d'Afrique du Nord ont eu l'honneur de représenter le continent noir en phase finale de coupe du monde avec des fortunes diverses. Les nations allées le plus loin dans cette épreuve universelle organisée depuis 1930 tous les quatre ans (hormis l'interruption due à la Seconde guerre mondiale) restent le Maroc en 1986 et l'Algérie en 1014, les seuls à avoir passé le premier tour.
La zone nord-africaine a à cet égard beaucoup de progrès à faire. Mais cela respecte au final la logique assez frileuse d'un Continent noir dont les représentants se contentent généralement de disputer les trois rencontres du premier tour avant de plier bagages.
*La première victoire d'une sélection africaine pour la Tunisie
Le pionnier a été l'Egypte qui assure sa présence au Mondial 1934 en Italie après avoir dominé la Palestine (7-1) et (4-1). En fait, les Pharaons possèdent une solide tradition qui les avait vus livrer leur premier match international le 28 août 1920 contre l'Italie (victoire 2-1 des Transalpins).
En huitièmes de finale, soit le premier tour, c'est la Hongrie qui met vite un terme aux espoirs des joueurs des bords du Nil, battus (4-2) le 27 mai 1934.
Malgré le doublé d'Abderrahman Faouzi à la 35è et 39è minutes, et une belle première mi-temps conclue sur un nul (2-2), l'Egypte doit subir la loi du plus fort.
Depuis, le Continent noir doit attendre 36 ans, soit jusqu’en 1970 pour revenir dans la compétition la plus prisée et prestigieuse au monde. L’édition mexicaine voit le Maroc porter à lui seul le lourd fardeau de représenter tout un continent. Les Lions de l'Atlas font bonne figure puisque dès leurs débuts, le 3 juin à Leon Guanajuato, les Cherifiens de Houmane, Bamous, Maaroufi et Ghazouani ne s'inclinent devant la République fédérale allemande que par (2-1) après avoir mené à la mi-temps grâce à un but de Houmane Jarir.
Trois jours plus tard, le second match sera pénible face au Pérou de Cubillas,auteur d'un doublé et qui sera quart-de finaliste (défaite 3-0).Le premier point engrangé par une sélection d'Afrique en coupe du monde, ce sera le 11 juin toujours à Leon (1-1) contre la Bulgarie, but de Ghazouani (61').
L'Afrique du Nord effectuera son come-back au Mondial en 1978, après un intermède catastrophique assuré par le Zaire en 1974 en Allemagne. Là, c'est la brillante cuvée tunisienne conduite par Abdelmajid Chetali qui se mettra en évidence en terre argentine, offrant à l'Afrique sa première victoire à ce niveau, le 2 juin à Rosario face au Mexique. Ali Kaabi (55'), Nejib Gommidh (79') et Mokhtar Dhouib (87') ont permis aux Aigles de Carthage de remonter leur handicap d'un but à la mi-temps (Ayala 45') puis de se livrer à un formidable feu d'artifice.
La suite sera certes moins brillante malgré une qualité de jeu toujours présente : défaite, le 6 juin à Rosario contre la Pologne (1-0, but de Lato 43') puis nul le 10 juin à Cordoba (0-0) contre la République fédérale allemande, champion du monde en titre. Mais la Tunisie a vraiment mérité du foot africain qui bénéficiera grâce au brio des copains de Tarak, Temime et Agrebi d'une seconde place dès l’édition suivante.
Et les Verts vont poursuivre l'œuvre entreprise par la Tunisie, à l'occasion du tournoi 1982 en Espagne. Ils seront dès leur premier match le premier pays africain à battre un autre venant d'Europe. Le 16 juin à Gijon, l'Algérie fait sensation en battant la République fédérale allemande, futur finaliste (2-1, buts de Rabah Madjer 54' et Lakhdhar Belloumi 68' contre une réalisation allemande de Rummenigge 67').
Le 21 juin à Oviedo, pourtant, l'Autriche de Schachner (buteur à la 55') et Krankl (buteur à la 67') va faire redescendre sur terre les Nord-africains, battus (2-0).
Puis, la honteuse conspiration des cousins germains lors de la dernière journée.Il suffisait à l'Allemagne et à l'Autriche de faire match nul (0-0) pour passer tous les deux au tour suivant.Et ce fut fait.Car la veille, le 24 juin à Oviedo, l'Algérie battait le Chili (3-2, buts de Salah Assad 7' et 31', et de Tej Bensaoula 35').Les hommes de Rachid Makhloufi quittent la compétition la tête haute. Mais à partir de ce moment, la Fédération internationale va programmer les matches de la dernière journée à la même heure pour une même poule afin d'éviter les combines et le trucage. L'indignation du monde pour le forfait des cousins germains a produit ses effets.
En 1986, retour au Mexique, et retour du Maroc qui va réaliser la meilleure performance d'un pays nord-africain au Mondial. Pour la première fois, l'Afrique accède au second tour, car les Lions de l'Atlas ont ébloui les observateurs au premier tour : nul (0-0) le 2 juin à Monterrey Universitario contre la Pologne; nouveau nul blanc le 6 juin à Monterrey Tecnologico contre l'Angleterre. Et le bouquet, une superbe victoire le 11 juin à Monterrey Jalisco contre le Portugal (3-1).Khairi (19' et 26') et Merry Krimau (62') contre un but de Diamantino (80') seront les buteurs d'une affiche passée dans les annales du foot maghrébin.
Le huitième de finale réservera malheureusement une grosse amertume pour les Lions de l'Atlas, battus sans démériter le 17 juin à Monterrey Universitario, à la 87' sur un coup-franc de Lothar Matthaus, le chef de file de la République fédérale allemande.
La même année, la participation de l'Algérie souffrira de la comparaison avec le voisin marocain :nul le 3 juin à Guadalajara (1-1, but de Zidane à la 59' pour les hommes de Rabah Saadane) contre l'Irlande du Nord; défaite (1-0) le 6 juin au stade Jalisco de Guadalajara contre le Brésil; et nouvelle défaite devant l'Espagne (3-0) le 12 juin au stadio tecnologico de Monterrey.
L'Egypte revient sur le gazon du Mondial dans l'édition italienne de 1990.Elle récoltera deux nuls et une défaite.
Le 12 juin à Palerme, les Pharaons accrochent les Pays-Bas (1-1, but de Majdi Abdelghani 83' sur penalty). Puis l'Eire le 17 juin à Palerme (0-0). Mais un but de l'Anglais Wright (64') les éliminera lors de leur dernière rencontre le 21 juin à Cagliari.
A la Wold Cup de 1994 aux Etats-Unis, le Maroc évoluera dans le groupe F, terminant dernier après trois défaites : le 19 juin à Orlando (1-0) contre la Belgique ; le 25 juin toujours à Orlando contre l'Arabie Saoudite (2-1, but de Mohamed Chaouch 28' pour les Lions de l'Atlas), et le 29 juin à Orlando contre les Pays-Bas (2-1, but de Hassan Nader 47').
*Une sortie en demi-teinte
Au Mondial français de 1998, parmi les cinq représentants de l'Afrique, si le Maroc aligne une troisième participation, la Tunisie renoue avec les fastes de cette compétition vingt ans après l'édition argentine. Mais ni l'une ni l'autre des deux sélections maghrébines ne laissera une trace indélébile.
Le 10 juin à Montpellier, les Lions de l'Atlas accrochent la Norvège (2-2) grâce à des réalisations de Mustapha Hadji (38') et Hadda (59').
Le 16 juin à Nantes, ils sont étrillés par le Brésil (3-0) avant de se livrer le 21 juin à Saint-Etienne à une belle leçon de foot (3-0) aux dépens de l'Ecosse. Bassir (22' et 85') et Hadda (46') ont concrétisé cette domination pourtant insuffisante pour permettre au représentant africain de passer au tour suivant comme il l'avait fait en 1986.
Les Aigles de Carthage, eux, ont été défaits par l'Angleterre (2-0) le 15 juin à Marseille, puis par la Colombie (1-0) le 22 juin à Montpellier. Avant d'accrocher pour le prestige la Roumanie, déjà qualifiée (1-1, but de Skander Souayah sur penalty à la 10') le 26 juin au Stade de France .
Pour le premier Mondial organisé hors d'Europe et d'Amérique ,la Tunisie, seule nation nord-africaine présente, alignait à l'édition 2002 au Japon et en Corée du Sud son 2è Mondial consécutif. Sans gros succès, les hommes d'Ammar Souayah devant se contenter d'un point.Le 5 juin à Kobé, ils pliaient devant la Russie (2-0).Le 10 juin à Oita, ils obtenaient le nul (1-1) contre la Belgique, avec un but de Raouf Bouzayène à la 17'.Enfin, le 14 juin à Osaka, les Rouge et Blanc sont dominés par le Japon (2-0).
Quatre ans plus tard, en Allemagne, c'est toujours la Tunisie qui assumait la lourde responsabilité de représenter le football d'Afrique du Nord. Avec un même bilan qu'au Japon, soit deux défaites et un nul.
Le 14 juin 2006, à Munich, les Aigles étaient tenus en échec par l'Arabie Saoudite (2-2), Ziad Jaziri (23') et Radhi Jaidi (90'+2') inscrivant leurs buts.
Le 19 juin à Stuttgart, les hommes du Français Roger Lemerre croient réaliser un bel exploit devant l'Espagne après avoir mené au score jusqu'à la 71' grâce à un but dès la 7' de Jawhar Mnari. Mais le retour dans le dernier quart d'heure des copains de Torres (auteur d'un doublé) et de Raoul (un but) va leur permettre de sortir vainqueurs (3-1).
Le 23 juin à Berlin, la Tunisie avait besoin d'une victoire aux dépens de l'Ukraine pour passer au second tour, ce qui aurait représenté une première. Mais les copains de Jaidi furent vaincus par les coéquipiers de Chevchenko (1-0), l'attaquant de Milan inscrivant à la 70' sur penalty ce but qui éliminait les Aigles.
*L'Algérie en solitaire
En 2010, en Afrique du Sud, pour le premier Mondial à se jouer sur le continent noir, c'est à l'Algérie qu'a échu à eux seuls l'honneur de représenter le foot nord-africain et arabe. Les hommes de Rabah Saâdane sont passés complètement à côté de leur sujet en récoltant un petit point (nul 0-0 contre l'Angleterre) contre deux défaites par (1-0) devant la Slovénie et les Etats-Unis.
Quatre ans plus tard au Brésil, rebelotte avec des Fennecs en guise d'unique représentants de l'Afrique du Nord. Versés dans le groupe "H", les copains de Slimani sont allés jusqu'aux huitièmes de finale où leur chemin a été barré in-extremis (2-1) par le futur vainqueur final, l'Allemagne.
Au premier tour, après une entrée en matière compliquée face à la Belgique (défaite 2-1), l'Algérie a su redresser la barre en battant la Corée du Sud (4-2) avant d'accrocher la Russie (1-1).
Revoilà la Tunisie, le Maroc et l'Egypte qui reprennent goût au Mondial à l'occasion de l'édition 2018 en Russie.
Mais les Pharaons sont vite balayés par l'Urugay (1-0), la Russie (3-1) et l'Arabie Saoudite (2-1). Alors que le Maroc termine dernier de sa poule avec un petit point rapporté par le nul (2-2) contre l'Espagne, contre des échecs face à l'Iran (2-1) et le Portugal (1-0).
En revanche, même si elle ne réussit pas) à passer le premier tour, la Tunisie rentre au moins avec une victoire large (2-1) contre le Panama, après avoir baissé pavillon devant l'Angleterre (2-1) et la Belgique (5-2).
Qu'en sera-t-il de l'édition qatarie, la première sur le sol arabe où sont attendues avec beaucoup de curiosité les prestations de la Tunisie et du Maroc.
T.G.
Photo d'ouverture : La victoire des hommes de Chetali contre le Mexique en 1978 à Rosario, une première pour l'ensemble du Continent