L’économie mondiale traverse une nouvelle ère marquée par l’envolée des tensions stagflationnistes qui constituent un grand danger pour la stabilité des pays. La plupart des pays du monde ont cherché à faire face à ces tensions en mettant en place des politiques monétaires restrictives et en mettant fin à l’expansionnisme monétaire qui a marqué les années post-crise financière de 2008/09 et après la pandémie de la Covid-19. En même temps, le durcissement des politiques monétaires n’a pas été radical dans la mesure où les hausses des taux directeurs des banques centrales ont été progressives afin d’éviter de tuer dans l’œuf une croissance déjà fragile. Or, ces politiques ont montré leurs limites et n’ont été en mesure ni d’arrêter l’inflation qui ne cesse d’augmenter, mettant en danger les équilibres sociaux dans la plupart des pays du monde, ni de mettre la croissance mondiale sur la voie de la relance.
Cette impasse a posé la question de la pertinence des politiques conjoncturelles pour faire face à des défis structurels. Certes, les effets des politiques macroéconomiques et notamment les politiques monétaires mettent du temps avant de donner leurs effets, mais n’empêche les questions commencent à se poser particulièrement dans le désordre économique mondial.
Et, notre pays n’échappe à ces questions et aux interrogations qui traversent la planère quant à la pertinence des politiques économiques. Comme tous les pays ouverts sur le monde, la Tunisie commence à connaître les tensions stagflationnistes. En effet, les taux de croissance ont connu un recul important et n’ont pas dépassé en moyenne 1,7% au cours de la décennie passée. La pandémie a eu des effets importants sur la croissance et notre pays a traversé la récession la plus forte de son histoire avec une croissance négative de – 8,8%. Par ailleurs, la Tunisie n’a pas connu la reprise technique que tous les pays ont connu en 2021 et la croissance est restée faible (3,1%).
Si l’inflation est restée à des niveaux moyens au cours des dernières années, elle a connu une forte progression au cours des derniers mois et atteint un niveau élevé au cours du mois d’août 2022 en se situant autour de 8,6%.
La réponse de la Banque centrale a été marquée par le pragmatisme comme c’est le cas dans les autres pays du monde et on a assisté à une augmentation du taux directeur de 75 points lors du Conseil d’administration tenu le 17 mai 2022.
La Banque centrale est revenue à la charge lors de sa réunion du 5 octobre pour opérer une nouvelle augmentation de son taux directeur de 25 points de base ce qui le ramène à 7,25%
Si les effets directs de cette décision sont limités du fait de la part importante de l’inflation importée dans la configuration de l’inflation dans notre pays, elle participera à une réduction de la consommation et par conséquent des importations, ce qui nous permettra de préserver nos réserves de devises.
Mais, ces choix de politique économique ont montré leurs limites comme c’est le cas dans tous les pays du monde. Ils n’ont pas été en mesure de faire face à une inflation de plus en plus galopante et en même temps ils n’ont pas permis à l’économie de sortir de la stagnation.
Aujourd’hui, le défi de ces tensions stagflationnistes reste important et exige le développement de politiques et de choix cohérents entre les différentes institutions de l’Etat afin de sauver notre économie et de relancer la croissance.
Face aux difficultés des politiques classiques, le sauvetage passe par la sortie des politiques orthodoxes traditionnelles et des réponses conventionnelles pour faire preuve d’une plus grande imagination et innovation dans la formulation de choix capables d’assurer la stabilité des pays et de relancer l’investissement et la croissance.
24