La Banque africaine de développement (BAD) vient de réaliser une opération financière complexe qui mérite explication. L’institution a émis ce qu’on appelle dans le jargon financier des « obligations libellées en dollars américains avec une maturité de 10 ans ». Concrètement, cela signifie que la BAD a emprunté 1 milliard de dollars sur les marchés internationaux, qu’elle devra rembourser dans dix ans.
Comprendre les termes techniques
Une obligation est tout simplement un titre de dette. Lorsqu’un investisseur achète une obligation de la BAD, il lui prête de l’argent en échange d’un taux d’intérêt fixe (appelé coupon). Ici, le taux est de 4,5% par an. « Libellé en dollars » indique que l’emprunt est effectué en devise américaine, ce qui attire les investisseurs internationaux. Quant à la « maturité de 10 ans », elle précise que la BAD devra rembourser le capital emprunté dans une décennie.
Cette opération s’inscrit dans un emprunt plus large de 3 milliards de dollars, dont 2 milliards sous forme de dette à plus court terme (3 ans). Pour réussir cette manœuvre complexe, la BAD s’est appuyée sur des banques d’investissement prestigieuses comme J.P. Morgan et BNP Paribas.
Plusieurs éléments rendent cette émission remarquable. D’abord, le taux de 4,5% est très proche de celui des obligations du Trésor américain (4,35%), alors que la BAD finance des projets dans des pays africains considérés comme plus risqués. Ensuite, les investisseurs ont immédiatement absorbé toutes les obligations sans que les banques aient besoin d’intervenir pour stabiliser le prix – un signe de confiance marqué.
Cette réussite intervient à un moment charnière : la BAD vient juste de nommer un nouveau président, le Dr Sidi Ould Tah, succédant à Akinwumi Adesina après deux mandats. Le maintien de la notation AAA (la meilleure possible) et la facilité avec laquelle la banque lève des fonds démontrent la crédibilité intacte de l’institution auprès des marchés.
Perspectives pour le financement du développement
Depuis janvier 2025, la BAD a déjà émis pour 14,17 milliards de dollars de dettes dans différentes devises, dont des monnaies africaines comme le naira nigérian ou le rand sud-africain. Cette nouvelle capacité à emprunter à long terme en dollars ouvre des possibilités supplémentaires pour financer des infrastructures et des projets de développement sur le continent.
L’opération montre que malgré les défis économiques mondiaux, les investisseurs continuent de faire confiance aux institutions africaines solides. Une bonne nouvelle pour les pays membres de la BAD qui pourront bénéficier de ces financements à des conditions avantageuses.