Après avoir déclaré en 2018 que la Tunisie n’envoie en Italie que des criminels, le fasciste, oui fasciste parce qu’il n’y a pas d’autres termes pour qualifier son comportement honteux et raciste vis-à-vis d’immigrés qui n’ont rien demandé, Salvini, fidèle à lui-même, a commis un acte d’un autre âge en allant devant un immeuble de Bologne, où habite une famille tunisienne. Suivi par des journalistes – je me demande comment ces pseudo journalistes se sentent en participant à ce show d’imbéciles –, il sonne à la porte et demande à une dame si elle vend de la drogue. Cette famille est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire. Admettons qu’elle vende effectivement de la drogue, c’est à la police de s’en occuper, ou à la limite, il aurait pu la dénoncer à la police sans faire de bruit. Mais ce n’est pas à Salvini d’aller pointer cette famille du doigt devant les passants et les journalistes. Cela revient à la lyncher publiquement et à la dénoncer sans aucune preuve. Salvini se fait justice lui-même et se substitue au pouvoir des juges italiens, ce qui s’apparente aux méthodes de l’OVRA (Opera Volontaria per la Repressione dell’Antifascismo).
Ce comportement raciste et révoltant est indigne d’un homme politique qui veut diriger un grand pays démocratique, berceau de l’humanisme et qui a porté la Renaissance partout dans le monde. Il n’en demeure pas moins qu’il s’est habitué à faire le buzz sur le dos des immigrés par des gestes et des déclarations stupides, qui visent surtout à embobiner les Italiens, loin d’être des imbéciles à son égard. C’est aussi le signe de ses difficultés électorales à Bologne comme ailleurs.
Mohamed Ouerfelli,
Maître de conférences en histoire
Université d’Aix-Marseille