La Casa de Papel : Pop ou politique?

Prod DB © Netflix - Vancouver Media / DR LA CASA DE PAPEL serie TV créée par Alex Pina 2017 ESP. saison 1

Depuis le début de sa diffusion en 2017, la série espagnole « La Casa de Papel » fait trembler le monde de la pop culture… mais aussi de la politique. Chants protestataires et références au cinéma de Quentin Tarentino, alors la Casa de Papel plutôt pop ou politique?

La partie 3 de la série espagnole est en ligne sur Netflix depuis 9h01 (très exactement) heure locale et les plus pressés d’entre vous se sont déjà rués sur les épisodes pour découvrir les péripéties de Tokyo, Rio et du Professeur. Si l’avenir des personnages reste incertain, une chose est sûre cette nouvelle saison sera très po(p)litique.

De la pop, encore de la pop, toujours de la pop… pero en español.
Il faut dire que la pop culture c’est un peu la marque de fabrique du feuilleton. Truffée de références du cinéma Hollywoodien, La Casa de Papel est un hommage vivant au 7e art : Reservoir Dogs pour les scènes de torture – et tout le cinéma de Quentin Tarentino tout bien réfléchi pour toutes les scènes de fusillade – , Point Break pour le braquage avec des masques,  L’Inconnu de Las Vegas pour les noms de ville, Alice au Pays des Merveilles pour le costume de clown du professeur aux allures de Chapelier Fou, Léon pour le personnage de Tokyo qui ressemble étrangement à la jeune Matilda  ou encore Ocean’s Eleven pour le scénario ( une tête pensante en quête de justice réunit une équipe de 8 braqueurs pour réaliser un vol parfait, ça ne vous dit vraiment rien?).
Mais le réel coup de maître des scénaristes et réalisateurs est d’avoir réussi le match parfait entre culture américaine et espagnole. Les masques de Dalí, peintre emblématique de la culture hispanique, apportent la touche espagnole qui à elle seule imprègne la série de l’héritage national.
Récemment, lors de la promotion de la 3e saison sortie ce vendredi 19 juillet, la série a réalisé un hold-up en invitant le rappeur marseillais Jul pour présenter son nouveau personnage « Marsella ». Artiste français le plus écouté sur Spotify, certifié 12 fois disque d’or, dix fois disque de platine, disque de diamant, Jul représente à lui seul la culture marseillaise. Qui de mieux placé alors pour introduire ce nouveau personnage?

« Somos la Resistencia no? » (nous somme la résistance, pas vrai?)
Grâce à ses références culturelles accessibles, la série est parvenue à toucher un large public. Des scènes divertissantes mais toujours basée sur un fond politique, c’est peu être ça la recette du succès de La Casa de Papel. Il faut le dire, si la série marche autant ce n’est pas uniquement grâce à ses scènes d’actions et répliques amusantes. La Casa de Papel se targue d’un message politique et social profondément inscrit dans l’ère du temps.
Défiance envers la politique monétaire, lutte des classes, violences conjugales, corruption du système judiciaire et féminisme, nombreux sont les messages socio-politiques revendiqués. Braquer la maison de la monnaie c’est dire non aux banques, c’est s’attaquer à l’État.
Dès sa création, la série tire une inspiration profondément politique. L’idée naît sur la place de Madrid en 2011 avec le mouvement de los Indignados (les indignés). En pleine crise financière et monétaire, le rassemblement spontané remet en cause l’autorité de banques jugées responsables du marasme économique en Espagne. Les indignés revendiquent un progrès social basé sur la solidarité loin du monde de l’argent. En choisissant de faire un sit in sur le lieu de création de la monnaie, les 8 braqueurs font plus qu’un vol, ils s’attaquent à un symbole. Le plan Tchernobyl (attention spoiler) incarne la quintessence du message porté par la série. Même s’il n’est jamais mis en application, l’idée même est un signe de rébellion.  Le plan consisterait à libérer des millions d’euros dans les rues gratuitement. Une technique de diversion certes, mais une preuve forte de protestation.
Recette mélangeant politique et pop, le risque pour la série est d’abuser de l’un des deux ingrédients. Lorsque les réalisateurs font le choix d’intégrer le chant populaire révolutionnaire italien « Bella Ciao », ils n’ont pas nécessairement conscience de la réappropriation culturelle déformée que cela va engendrer. A la faveur de la Seconde guerre mondiale, Bella Ciao devient un hymne partisan de résistance au fascisme et à toutes les formes d’oppression. Dans la série, elle est entonnée par le Professeur et Berlin en guise d’acte de rébellion et de refus d’autorité. De chant de manifestant engagé, la chanson devient un tube planétaire déformé à de nombreuses reprises et qui ne veut plus vraiment dire grand chose.
Plus récemment, la série été reprise en France par le mouvement de protestation des Gilets Jaunes. Des manifestants portent le bleu ouvrier des personnages en chantant « Macron Ciao ». 

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