La chute de la livre turque aurait-elle un impact sur le déficit commercial avec la Turquie ?

Dans une déclaration accordée ce samedi 11 août 2018 à Réalités Online, Moez Joudi, expert économique et président de l’Association tunisienne de gouvernance (ATG) est revenu sur la chute vertigineuse de la livre turque par rapport au dollar américain, enregistrée vendredi 10 août 2018 et sur l’éventuel impact que pourrait avoir cette chute sur le volume du déficit commercial entre la Tunisie et la Turquie.
Dans ce contexte l’expert économique a indiqué que la chute de la livre turque n’est que la conséquence d’un ensemble de problèmes structurels de l’économie turque. Cette dernière n’est, selon ses dires, pas une économie qui est vraiment solide au niveau de ses fondamentaux d’autant plus que les problèmes politiques et l’instabilité au niveau des mesures de la douane etc. ont fait en sorte que la confiance a commencé à s’ébranler. « Les opérateurs économiques et les investisseurs commençaient à avoir peur de la situation politique de la dictature d’Erdogan qui commençait à s’installer et donc la confiance en tant que moteur de la relance économique a baissé. S’il n y a plus de confiance, l’économie ne peut pas avancer sur de bonnes bases. Ce manque de confiance a fait que les investissements et les transactions ont baissé pour impacter ensuite la monnaie du pays qui est liée automatiquement à la confiance. Quand on a confiance en  l’économie de tel ou tel pays on se permet de se procurer sa monnaie. Si on n’a pas confiance en cette économie, on va essayer de vendre la monnaie. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé en Tunisie.« a-t-il expliqué.
En ce qui concerne l’impact de la chute de la livre turque sur l’économie tunisienne, Moez Joudi a indiqué que l’impact ne pourrait pas être en tout cas direct. « La balance commerciale et les transactions et échanges commerciaux entre deux pays se font généralement en dollar ou encore en euro. Quand on a une baisse drastique de la monnaie locale, les prix des produits locaux vont systématiquement baisser. Lors de la conversion avec le dollar ou l’euro, l’importation coûtera relativement moins cher. Éventuellement, dans le temps et non pas dans un ou deux mois, ça peut atténuer relativement le déficit commercial abyssal avec la Turquie qui est de l’ordre de 1,5 milliard chaque année.  Quand les prix des produits importés vont baisser, le déficit commercial connaîtra donc une baisse en terme de valeur et non pas de volume chose qui pourrait se répercuter positivement sur la balance commerciale de la Tunisie en général, » a-t-il précisé. Et d’ajouter: « mais au delà, on ne peut pas compter sur le fait que la chute de la livre turque fera rabaisser le déficit commercial entre les deux pays, mais il faut travailler sur une réforme de la balance commerciale, il faut maîtriser les importations et surtout booster les exportations en général avec l’ensemble des pays pour que le déficit connaisse une baisse. Ce n’est pas normal que le déficit commercial avec la Turquie soit aux alentours de 1,5 milliard. Il faut qu’il y ait des échanges équilibrés dans les deux sens. »

 

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