Le café confirme sa place de troisième boisson la plus consommée au monde, derrière l’eau et le thé, selon les dernières données du Département américain de l’agriculture (USDA). Pour la campagne 2025/2026 qui débutera en octobre prochain, les prévisions tablent sur une consommation record de 169,4 millions de sacs de 60 kg chacun, contre 166,5 millions lors de la précédente campagne.
Cette croissance soutenue s’inscrit dans une tendance lourde observée depuis dix ans. Entre 2015/2016 et 2024/2025, la demande mondiale a progressé de plus de 16 millions de sacs. Si les marchés traditionnels maintiennent leur rythme, l’émergence de nouveaux consommateurs en Asie et au Moyen-Orient tire particulièrement cette expansion. La Chine illustre parfaitement cette évolution, avec une consommation passée de 2,4 millions à 5,6 millions de sacs en dix ans, propulsant le pays au sixième rang mondial.
Une demande résiliente face aux prix records
L’année 2024 a pourtant été marquée par une flambée des cours. L’arabica, utilisé dans les mélanges torréfiés, a vu son prix augmenter de 69%, atteignant 3,14 dollars la livre, avec un pic à 3,48 dollars en décembre. Le robusta, destiné au café instantané, a connu une hausse similaire de 72%, pour clôturer à 4.875 dollars la tonne.
Contre toute attente, cette envolée des prix ne semble pas freiner les amateurs de café. La FAO explique cette résistance par plusieurs facteurs. Dans l’Union européenne et aux États-Unis, qui représentent 40% de la consommation mondiale, les dépenses café ne pèsent que moins de 1% du budget des ménages. De plus, les variations de prix se répercutent faiblement et lentement sur le consommateur final : une hausse de 1% des cours n’entraîne qu’une augmentation de 0,24% du prix de détail dans l’UE après 19 mois, et de 0,2% aux États-Unis après 13 mois.
Les stratégies industrielles pour amortir les chocs
Les grands torréfacteurs comme Nestlé et Starbucks disposent de mécanismes pour lisser l’impact de cette volatilité. Leur recours aux contrats à terme leur permet de se prémunir contre les fluctuations brutales des marchés. Par ailleurs, comme le révèle Reuters, le coût de la matière première ne représente qu’une part infime du prix final : seulement 1,4% du montant d’un café à 5 dollars chez Starbucks.
La conjoncture matérialise les raisons pour lesquelles, malgré les tensions sur les cours, la soif mondiale de café ne montre aucun signe d’essoufflement. Les habitudes de consommation, profondément ancrées dans de nombreuses cultures, combinées à l’émergence de nouveaux marchés, laissent présager une poursuite de cette croissance dans les années à venir. La tendance observée en Chine, où les jeunes générations adoptent massivement le café au détriment du thé traditionnel, pourrait bien se reproduire dans d’autres économies émergentes.
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