Sous le thème » La gouvernance et la lutte contre la corruption au sein du secteur sportif », L’Instance Nationale de Lutte contre la Corruption a organisé un symposium qui traite la situation actuelle du secteur sportif, les différentes formes de corruption constatées et les stratégies potentielles en vue de la mise en place d’une gouvernance capable d’optimiser l’évolution du secteur sportif en Tunisie et qui s’étale sur 2 jours ( 10 et 11 Mars 2020).
La corruption : Un frein à l’essor du sport tunisien
Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, Chawki Tabib, a commencé par un point sur les obstacles et les défis actuels en face du sport tunisien.
Maitre Tabib a affirmé que le sport tunisien passe aujourd’hui par des hauts et des bas qui sont susceptibles d’entraver son évolution.
En effet, il a indiqué que le sport tunisien n’est point à l’abri de la corruption et demeure incapable de dépasser la situation non-éthique prérévolutionnaire où le sport a été utilisé pour des fins politiques.
Ces pratiques sont mises en exergue par des conflits organisationnels et administratifs, la précarité de la gouvernance du sport tunisien et les défis liés à la supervision et aux sanctions.
D’après Maître Tabib, selon les 20 dossiers présentés à l’INLUCC durant la période entre 2016 et 2019 et qui sont désormais confiés à la justice, le secteur sportif a connu des délits liés à :
- La falsification des résultats des tests
- La falsification du processus d’aménagement des gradins
- Des présidents de clubs corrompus
- Un abus de pouvoir
- Blanchiment d’argent
Il a également blâmé des pratiques inadmissibles tels que les clubs qui gèrent des milliards sans service de comptabilité et d’audit et les virements illégaux sous prétexte de la rigidité du contexte juridique.
De facto, il a appelé les médias, les associations, la société civile et toutes les parties concernées afin d’unifier leurs efforts pour lutter contre ces comportement du moment où « la situation ne fait que se dégrader après la révolution », selon Maître Tabib.
Néanmoins, le ministre de la jeunesse et des sports, Ahmed Gaâloul a rebondi sur ce constat afin de rectifier : « La situation ne s’est pas détériorée après la révolution. Cependant, elle a été divulguée grâce à la liberté d’expression. »
Des pratiques illégitimes et une nouvelle gouvernance s’impose
Le nouveau ministre de la jeunesse et des sports estime que le gouvernement n’a toujours pas réussi à mettre en place les mécanismes de gouvernance adéquats qui reposent, selon lui, sur deux piliers primordiaux :
- Un contexte juridique fiable qui profite de la digitalisation pour supprimer les biais liés à l’aspect humain et qui priorise la transparence
- Procurer le financement requis pour empêcher le secteur sportif d’opter pour des méthodes non-éthiques.
De ce fait, le président du bureau allemand de la coopération juridique internationale en Tunisie, Montassar Abidi a affirmé qu’une prise de conscience est indispensable.
De son côté, le président du Comité National Olympique Tunisien ( CNOT) Mehrez Boussayane a indiqué qu’il va sans dire que le système souffre toujours de la corruption.
Néanmoins, il a déclaré que le système juridique tunisien a tout de même le mérite de se baser sur des lois justes ce qui représente un atout lors du processus de la restructuration de la gouvernance du secteur sportif.
« Le défi principal émane de la culture de corruption qui est ancré même chez les citoyens qui estiment que les formes « légères » de corruption à l’instar des pot-de-vin payés pour échapper aux contraventions sont tolérées.
En effet, la corruption qu’on observe aujourd’hui est le fruit d’un système corrompu et qui date depuis de nombreuses décennies. », Affirme Maître Tabib.
De ce fait, il est persuadé qu’il y a un effort à fournir afin de changer la mentalité et lutter contre les différents types de corruption.
I.GH