La culture et le développement durable au cœur du débat…

A l'initiative de l'Arabie Saoudite, et en partenariat avec L’Alecso, un Forum inédit s'est tenu sur l'avenir des Organisations internationales de l'éducation, de la culture et des sciences, et a réuni plus d'une centaine d'instances internationales dont principalement l'Unesco et l'Icesco. Mohamed Zinelabidine, ministre tunisien des affaires culturelles 2016-2020, Chef du secteur de la culture et communication à l'Icesco y a été invité comme orateur principal. Une première interrogation, selon lui, pourquoi nombreux Etats-membres n’ont-ils pas suffisamment conscience des enjeux de la culture pour le développement durable ? Il y répond par six points. D'abord, des raisons de priorités autrement stratégiques que les États considèrent dans les secteurs porteurs, éducation, santé, énergie, transport, environnement …  Ensuite, des raisons d’inconscience politique quant à la portée économique et industrielle des branches culturelles et la portée de leurs richesses nationales. Aussi et en troisième lieu, des raisons d’appréhension morale, voire religieuse, quant à la portée de l’art sur les plans des libertés et de l’émancipation, quoi que nous soyons, ces dernières années durant, en mutation remarquable, pour voir muter, de très nombreux pays, et évoluer en faveur de l'émancipation de nombreuses valeurs d'ouverture. En quatrième lieu, des raisons de raréfaction des moyens pour nombreux autres pays, ce qui sous-entend des priorisations autres. Un cinquième point, des raisons d’ancrage dans des attitudes exagérément soupçonneuses de la culture réformatrice, voire suspicieuses de toute culture réformatrice. Un impératif qui s’opère par un recroquevillement strictement identitaire, sur les plans linguistique, religieux, communautaire, et ce afin de rendre indélébile ce qui ne doit en aucun cas « se transformer » ou « se déformer », de leur point de vue… Enfin, une conscience bien relative des droits, quant au droit de la culture, droit à la culture, droit à l’accessibilité à l’art et au patrimoine, droit de propriété intellectuelle, littéraire et artistique, droit d’auteur, droit voisin…
Face à ce constat, et pour y répondre, Mohamed Zinelabidine aborde la question relative à la responsabilité des Organisations internationales, continentales, régionales et organisations sectorielles. Nul doute que nos Organisations font beaucoup pour induire une nouvelle conscience de la Culture, à travers le monde, comme moteur et vecteur de développement inclusif et durable pour tous. Mais, il est temps de se résoudre à l'évidence, selon lui, les Indicateurs thématiques (Indicateurs Culture|2030 de l'UNESCO) insistent, sans conteste, sur le rôle de la culture dans la construction d’un monde plus durable. D’où la pertinence aussi de l'adoption de plusieurs résolutions des Nations Unies sur la culture et le développement, la dernière en date en décembre 2021, les huit résolutions similaires précédentes portant sur la nécessité d'adapter les politiques dans le dessein de mieux ancrer la culture dans les perspectives du développement durable. Pour autant la culture demeure subordonnée à l’éducation, à l’agriculture, à l’environnement et à nombreux autres secteurs dont elle devra dépendre. De surcroît, la Culture est explicitement référencée dans la Cible 11.4 pour « Renforcer les efforts de protection et de préservation du patrimoine culturel et naturel mondial », l’indicateur 11.4.1 convenu à l’échelle mondiale pour être élaboré et présenté par l’Institut de Statistique de l’UNESCO (UIS). De même, la Cible 11.4 où la culture est citée pour rappeler sa part à contribuer en tant que secteur d’activité transversale. Sans omettre, entre-autres cadres internationaux prévalents le Nouveau Programme pour les Villes (UN-Habitat).
Pour autant, et c'est désormais l'engagement de L’ICESCO que la Culture réclame un Objectif pour le développement durable, à elle seule.
Il finit son intervention par rappeler des suggestions que  l’ICESCO a faites pour un travail commun aux trois grandes Organisations, en partenariat avec l'Unesco et L'Alecso. Une première proposition de l’ICESCO pour œuvrer en faveur d'un objectif autonome réservé à la Culture, qui serait un 18ème Objectif de développement durable, afin d’insister sur sa pertinence comme moteur de développement durable, matériel et immatériel, vis-à-vis de l’ONU, du monde islamique, de la ligue des Etats arabes, de l’Union africaine, et de tous les Etats, sans exclusive. Et agir contre une culture dissimulée, dans et sous les 17 ODD, une culture transversale. Non la Culture a besoin et se réclame d’un objectif à elle seule, tout en se rapportant, en même temps, à tous les secteurs d’activité et de croissance. La deuxième proposition de l’ICESCO serait d'agir au moyen d'un plan d’efficience et de sensibilisation pour les politiques référées à l'économie numérique, les industries créatives, l'économie solidaire et sociale, le tourisme alternatif durable…une approche inclusive et holistique de la réalité culturelle avec des stratégies d'accessibilité aux droits culturels ; les droits de la culture et les droits à la culture.
Une approche proactive pour des études sur les indicateurs culturels stratégiques et le PIB culturel où il est question d'élargir les domaines de la culture aux médias, graphisme, arts et métiers patrimoniaux, architecture, gaming…. Un partenariat pour promouvoir la réalité culturelle partout et pour tous, comme un droit humain et inaliénable.

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