Nous traversons une crise politique profonde depuis la fin de la campagne électorale et l’annonce des résultats officiels des élections présidentielle et législatives. Et, l’une des caractéristiques les plus marquantes est la grande division de la scène politique, ce qui rendra les coalitions pour la conduite des affaires publiques difficiles à mettre en place et à réaliser. De plus, les difficultés à former le nouveau gouvernement sont un autre signe de cette crise politique sans précédent.
Dans ce contexte est apparue la question de la confiance qui est devenue une question centrale dans le débat public. Si cette question était présente déjà dans le débat politique depuis quelques années de manière indirecte, aujourd’hui, les partis politiques n’hésitent pas à faire référence à la question de la confiance dans leurs relations de manière ouverte et sans hésitation. Ainsi, un responsable politique de premier plan a fait référence à l’absence de confiance dans son explication de son refus d’alliance pour former une majorité pour le futur gouvernement.
Ces difficultés et ces déclarations ont mis la question de la confiance au cœur du débat démocratique et des crises actuelles. Mais, cette crise n’est pas propre à notre pays. En effet elle concerne les grandes démocraties dans le monde. Ainsi, nous connaissons aujourd’hui un recul important de la confiance qui s’est traduit par un développement sans précédent des doutes, des peurs et des incertitudes entraînant une grande fragilisation des institutions démocratiques et la perte de la légitimité qui leur avait permis d’imposer leur hégémonie et leur domination sociale par le passé dans les sociétés modernes.
Dans l’analyse de cette question, nous nous arrêterons sur quelques considérations majeures dont la définition de la notion de confiance et de son importance dans les sociétés démocratiques, son évolution et sa crise actuelle, ainsi que quelques propositions pour sortir de cette dernière et reconstruire le capital de confiance dans notre pays.
La confiance est constituée par un ensemble d’éléments invisibles et secrets que les sociétés mettent en place et construisent afin de favoriser les conditions du vivre- ensemble et de leur confiance dans l’avenir. La confiance permet aux sociétés de se protéger lors des moments de crise, des difficultés et des dangers internes comme externes. Elle permet de construire les relations de solidarité entre les groupes et les classes sociales afin de les unir autour d’un contrat social qui garantit la cohésion sociale et définit les conditions et les règles du vivre-ensemble.
La confiance joue un rôle majeur dans le fonctionnement des sociétés modernes. Parmi ces rôles, nous pouvons citer le fonctionnement des institutions de l’Etat qui exige un important capital-confiance de la part des citoyens qui donnent la responsabilité de la gestion des affaires publiques aux élus. La confiance est également un élément essentiel dans le domaine financier et économique. Ainsi, permet-elle aux citoyens de déposer leurs ressources financières en toute sérénité et sans la moindre peur auprès des institutions financières et bancaires. La confiance est aussi importante dans le domaine de l’éducation dans la mesure où elle encourage les citoyens à fréquenter les établissements scolaires en toute en confiance et sans le moindre doute sur le contenu des programmes scolaires. La confiance joue aussi un élément important dans le domaine de la santé publique et permet aux citoyens de fréquenter les hôpitaux et les établissements de santé en toute tranquillité et d’appliquer les ordonnances prescrites par les médecins sans la moindre peur. La confiance est aussi essentielle pour le système judiciaire et permet aux citoyens de fréquenter les tribunaux et les juges pour régler leurs différends tout en étant convaincus de leur honnêteté et de leur capacité à prononcer des jugements justes.
Ainsi, la confiance joue un rôle majeur dans les rapports humains et les relations sociales et dans la construction des sociétés modernes. Elle représente un pari sur la capacité des citoyens à construire des relations de solidarité, des règles de vie commune et de croyance collective dans l’avenir.
Mais, la question qui se pose est de savoir s’il en a toujours été ainsi, ou plus précisément comment la notion de confiance a évolué à travers l’histoire.