La dernière « roman..tique » et amante du papier

 

L’histoire de  Abir Riahi commence par sa fin, le jour où celle-ci annonce avec un nœud dans la gorge : «C’est à contrecœur que nous vous annonçons la fermeture prochaine de notre espace. Un rêve en lequel nous avons cru et avons fait de notre mieux pour le garder en vie… »  Abir ne s’attendait pas qu’une  telle annonce, diffusée sur les réseaux sociaux, allait créer un large élan de solidarité accompagné d’une campagne de soutien formidable.
Du côté d’Ennasr 2,  au cœur de la rue à la mode Hédi Nouira, il y a une bonne quarantaine de salons de thé, des cafés et des restaurants qui se disputent les clients.  Ceux-ci ne désemplissent pas à longueur de journée avec des jeunes sirotant, consommant une nourriture gourmande et riche au prix fort. Dans un autre coin, une passion se cache :  la «Passion du Libr’Ere» une sympathique librairie trime et peine pour se trouver une place au soleil devant la fuite des consommateurs. « Ces derniers étaient pourtant venus au début lorsque tout était gratuit dans l’espace, affirme Abir Riahi. Je m’étais fait de grandes illusions en croyant les intéresser,  et en  espérant les voir revenir… ». Mais ils préfèrent sans doute mieux s’installer devant de grosses glaces colorées et de fabuleuses pizzas aux fromages fondant juste à côté. La nourriture spirituelle n’intéresse  pas trop.

Abir Riahi, la dernière des romantiques est issue d’une longue lignée d’amants du papier depuis le temps où elle était impliquée dans la librairie Clairefontaine caressant son rêve d’enfant : celui de devenir libraire. Elle a   perçu encore plus ce métier fait de discrétion, de passion, de curiosité et d’humilité.   « J’ai très vite senti le besoin de créer ma propre structure et apporter mon cachet  personnel ». Et un jour son rêve devint réalité ! Sa propre librairie est née comme par magie ! Elle lui donnera  pour nom sa propre passion en jouant comme un enfant  sur le mot. « La passion du Libr’Ere »

Elle installe très vite des espaces pour s’assoir, ajoute un ordinateur, agrandit le rayon dont elle est le plus fière : les loisirs créatifs. Elle invite à son compte les parents et leurs enfants en incitant ces derniers à la découverte, l’imagination et la création… Abir Riahi, confie tristement,. «Je n’oublierai jamais les moments vécus dans cet espace… Tous ces auteurs qui sont passés par là, tous ces enfants que j’ai accueillis, tous ces liens tissés… ».

Passionnée par son métier,  Abir envisage de reprendre courage grâce à cet incroyable élan de cœur, pour que le rêve d’enfant ne soit pas parti en fumée.

Nous l’avons rencontrée, retranchée derrière son comptoir, souriante, déchirée entre désespoir et espoir dans une semaine de liquidation totale qui a été très vite engagée : des livres à des prix bradés. Hélas, cela n’a pas suffi. Abir s’est vite rendu compte que cette action ne suffirait pas à améliorer la situation financière dans laquelle la  librairie est embourbée. Un concert a été ensuite donné par des initiateurs et organisateurs de bonne volonté organisé, samedi dernier. Animé par Gultrah Sound System et Old 9 School qui versera les recettes à ‘‘La passion du Libr’ Ere ».

D’autres événements seront programmés dans les jours à venir. Des séances de projection, des performances musicales, formation, ateliers pour enfants…

Les défenseurs du livre et  de la lecture pourront-ils sauver le soldat Abir ? Parmi les événements de samedi prochain, une expo a attiré notre attention par son thème s’intitulant:  « Ekra ! » , « Lis ! » qui est la première sourate révélée du Saint Coran.  A méditer !

Nadia Ayadi

 

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