Très surprenante a été la décision de limoger Kaïs Kabtni de son poste d’ambassadeur de Tunisie à l’ONU (Organisation des Nations Unies). En fait, depuis son arrivée à la présidence de la République, Kaïs Saïed est en train de mener la vie dure à la diplomatie tunisienne. Le cas de Kabtni, qui est un diplomate chevronné justifiant d’une carrière reconnue dans le milieu, est sans doute la goutte qui a fait déborder le vase.
La procédure du limogeage est, en effet, très discutable. Le diplomate tunisien affirme avoir appris la nouvelle par des sources tierces, dont les réseaux sociaux. Comme un os à ronger, on lui avait proposé d’être affecté en Europe, chose que le diplomate a refusée. Il fallait, d’un autre côté, tenir compte du volet humain. Avant sa désignation à New York, Kabtni était à Addis-Abeba – Éthiopie -. On imagine la coupure brutale imposée à la famille de l’ambassadeur, et cinq mois plus tard, on l’informe qu’il devait boucler ses valises et quitter.
Pis encore : c’est la presse internationale qui a diffusé l’information en premier, relayant les propos directs du diplomate : « Je n’ai pas confiance en Kaïs Saïed », a-t-il déclaré, de quoi ternir davantage l’image de la Tunisie à l’étranger.
Des bourdes en série
Pour revenir dans le vif du sujet, ce n’est pas la première fois que le président de la République malmène la diplomatie tunisienne. On se souvient encore de l’éviction de Noureddine Erray de la tête du ministère des Affaires Étrangères. C’était suite à ses déclarations « osées » devant les députées dans lesquelles il avait évoqué plusieurs sujets sensibles. Son franc-parler n’a sans doute pas plus au président – ou à son entourage ? -. D’ailleurs, l’ancien Chef de la diplomatie tunisienne, avant son limogeage, a été exclu de la scène politique et internationale.
Par ailleurs, combien d’ambassades tunisiennes sont-elles, aujourd’hui, dépourvues d’ambassadeurs et fonctionnant avec des chargées d’affaires, sachant que certains postes vacants se trouve chez des grands partenaires de la Tunisie ? L’autre bavure concerne le dernier mouvement diplomatique par le biais du quel de nouveaux ambassadeurs seront nommés, dont l’ambassadeur de Tunisie en France. Les noms ont fuité via les réseaux sociaux et des sources non officielles. Le ministère des Affaires Étrangères, pour sa part, s’est contenté de démentir cette liste sans donner de détails. Or, selon nos sources et d’autres sources concordantes, plusieurs noms sont vérifiés.
Pour résumer, c’est le manque de transparence et l’improvisation qui règnent à la tête de la diplomatie tunisienne. Cette même diplomatie qui a tant brillé dans le passé avec des grands noms que l’Histoire du monde entier a retenus, à l’instar de Habib Bourguiba, Mongi Slim ou encore Chedli Kelibi. Même s’il n’est pas la principale cause de la descente aux enfers de la diplomatie tunisienne, le président de la République aurait sans doute pu mieux faire pour qu’elle conserve un brin de dignité.
F. K