La diva iranienne Googoosh soutient les homosexuels

Cette année, les autorités du régime des ayatollahs ont montré un soupçon de souplesse vis à vis des amoureux qui souhaitaient célébrer leur amour lors de la Saint-Valentin, jusqu’alors strictement interdite afin d’ « épurer la société des traditions décadentes occidentales ». Mais la très populaire chanteuse iranienne Googoosh, en exil, est venue défier l’ordre moral en soutenant les homosexuels.

Faegheh Atashin, plus connue sous le nom de Googoosh est une chanteuse populaire iranienne. Les Tunisiens se souviennent l’avoir vu primée lors de l’édition de 1972 du festival de Carthage et honorée par la médaille des arts de Tunisie la même année. Malgré les pressions du régime, elle reste en Iran, mais est contrainte de rester dans le silence, la rendant d’autant plus populaire. Elle quitte l’Iran en 2000 sans pouvoir y revenir, et se retrouve alors exilée entre Los Angeles et Londres. C’est de là-bas qu’elle transmet ses messages. La publication sur sa page facebook, réunissant pas moins d’un million et demi de followers, du clip vidéo de sa dernière chanson Behesht, ou Paradis, provoquera des réactions contrastées. Pourtant qu’y voit-on ? Deux jeunes femmes qui s’effleurent les mains, se sourient, se baladent. Le spectateur les suit alors qu’elles font face à la violence de ceux qui les haïssent, et au mépris d’un père qui n’accepte pas leur union. La vidéo se conclut sur cette phrase :   Liberté d’aimer pour tous.

Depuis l’établissement de la République islamique, en 1979, les lois iraniennes sont fondées sur une interprétation rigoureuse de la Charia. L’hétérosexualité dans le cadre du mariage étant le seul type de lien reconnu. À partir de là, l’homosexualité est une déviance à soigner, et si l’accusé n’accepte pas le traitement, il est puni avec la plus grande sévérité. L’homosexualité est passible de coups de fouets, voire de la pendaison, du moins officiellement.

Dans la réalité, la peine capitale est d’office promulguée et s’accompagne d’humiliations publiques : le père d’un jeune condamné rapporte avoir vu son fils attaché, pieds et poings liés, à l’envers sur le dos d’un cheval, avant d’être pendu publiquement. À Téhéran, les brigades du vice et de la vertu, sont omniprésentes dans les rues. Leurs premières cibles sont les jeunes et les couples. Celles et ceux dont les comportements ne sont pas conformes à la norme établie peuvent être amenés au poste de police, interrogés, puis placés en détention en attente d’un jugement.

Paradoxalement, des données existent. Elles sont basées sur les rapports psychologiques effectués lors des trois journées obligatoires pour l’armée à réaliser par tous les jeunes. Sur le certificat, peut être notée la mention : impossibilité d’exercice pour homosexualité passive. L’État iranien comptabilise environ 200000 personnes soupçonnées d’homosexualité passive sur une population de 77 millions d’habitants. Cependant, certains hommes ont recours aux interventions chirurgicales et autres traitements dans le but de transformer leur corps. Des opérations prises en charge par le système de santé. Car en effet, les islamistes ont récemment statué en faveur de la transsexualité comme remède au mal dont seraient affublés les homosexuels. Beaucoup font donc le choix de la chirurgie, afin de pouvoir vivre avec leur partenaire et éviter le châtiment suprême.

Lors d’une conférence à Genève, la porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux Droits de l’Homme,  Ravina Shamdasani a tenu à faire un point sur la question de la peine de mort en Iran, «Nous sommes profondément préoccupés par le pic signalé d’exécutions en Iran depuis le début de cette année (2014). En seulement plus de sept semaines, au moins 80 personnes ont été exécutées. Certaines sources fiables indiquent que le chiffre réel pourrait être de 95». L’an dernier, plus de 500 personnes ont été condamnées à mort. L’ONU ne mentionne pas la proportion de condamnés pour homosexualité. Rappelons que l’homosexualité est passible de la peine de mort dans une dizaine de pays et reste illégale dans plus d’une centaine d’autres impliquant des peines aussi sévères qu’humiliantes.

M.P

 

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