MAE-Ministère de la Femme: La femme rurale au coeur des priorités tunisiennes et onusiennes (vidéo)

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En guise de réponse à l’initiative lancée par le président de la République pour inscrire l’année 2025 sous le thème du “renforcement de l’action multilatérale et la consolidation de la coopération avec le système des Nations Unies », et à l’occasion de la Journée internationale de la femme, un séminaire intitulé “l’intégration économique des femmes en milieu rural: marketing, défis et opportunités » a été conjointement organisé par les ministères des Affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger et celui de la Famille, de la femme, de l’enfance et des personnes âgées, en collaboration avec l’ONU Femmes en Tunisie ainsi que des bureaux des Nations Unies en Tunisie.

Lors, de cet événement de grand envergure qui s’est tenu, hier, vendredi 07 mars 2025 à l’Académie diplomatique internationale de Tunis, c’est Mohamed Ali Nafti, Ministre des Affaires Étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’Étranger, qui a donné le tempo via une vidéo-conférence inaugurale qu’il a donnée depuis Djeddah et où il a d’emblée évoqué que la Tunisie vise d’augmenter le pourcentage de la participation de la femme au marché du travail de 50% d’ici l’an 2030. Le ministre a expliqué que pour y parvenir, il faut un travail unifié à travers des programmes et des projets communs. “Il est nécessaire qu’on trouve des solutions créatives et innovantes et qu’on opte pour des démarches concrètes à même de générer l’espoir et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour la commercialisation, élaborées conjointement par les institutions gouvernementales, les agences de développement partenaires, l’ONU et ses agences spécialisées ainsi que le secteur privé et les organisations de la société civile”.

La Tunisie compte sur ses capacités et sur ses partenaires

Mohamed Ali Nafti a ajouté que la Tunisie mise justement sur l’autonomisation économique de la femme conformément aux choix stratégiques nationaux qui tendent à instaurer la justice sociale et à garantir l’égalité des chances entre les personnes et les régions. “La Tunisie compte sur ses propres capacités, mais aussi sur son partenariat avec les organisations internationales et les pays frères et amis, conformément aux orientations nationales et aux besoins de notre pays, afin de fournir de plus grandes opportunités pour les Femmes Tunisiennes aussi bien dans les domaines de la formation, que l’entrepreneuriat et l’autonomisation économique et pour qu’ensemble l’on contribue au développement des mécanismes de commercialisation au profit de cette catégorie essentielle dans le système de production national”.

Le ministre a, en outre, souligné que la Tunisie soutient et partage les priorités et les efforts de l’Organisation des Nations Unies en termes de promotion de la participation des Femmes pour qu’elle soit sur même un pied d’égalité avec les Hommes aussi bien dans la leadership des structures de gouvernance qu’au niveau de l’insertion économique. Et ce, tout en veillant à protéger la femme contre toutes les formes de violence et tout en soutenant leur contribution à la construction de la paix et à la résilience durable.
“Forte de son riche héritage d’avancées et de leadership en matière de droits des Femmes, la Tunisie reconnaît l’importance des partenariats stratégiques avec l’ONU et ses agences spécialisées en vue de garantir l’application effective des droits des femmes et renforcer leurs capacités, conformément aux objectifs de l’Agenda 2030 pour le développement durable, à la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les Femmes, la paix et la sécurité, ainsi qu’à la Déclaration et le Programme d’action de Beijing de 1995”, a-t-il indiqué.

Hommage aux Tunisiennes

Dans son mot, Asma Jebri, ministre de la Famille, de la femme, de l’enfance et des personnes âgées, a inauguré son allocution en adressant des félicitations aux femmes tunisiennes tout en louant leurs précieuses contributions dans la construction de la Tunisie moderne en étant des pionnières dans tous les domaines de la vie, de la science, du savoir, de créativité et d’innovation. “Les noms des femmes tunisiennes sont écrits en lettres d’or à l’instar de Arwa la Kairouanaise qui a précédé son temps en empêchant la polygamie en instaurant le contrat de mariages du Kairoua. L’importance de la femme est garantie par la Constitution tunisienne, qui ne fait que renforcer ses acquis” a-t-elle dit, notant qu’il s’agit d’un travail en continu. “Une victoire concrète est offerte aux femmes dans le domaine agricole, notamment à travers la promulgation par le président de la République du décret sur le système de protection sociale des travailleuses paysannes”, a-t-elle noté en mettant l’accent sur le travail législatif constant et révolutionnaire effectué en faveur de la femme, spécifiquement la femme rurale, et qui a été au cœur des priorités de la présidence.

Jebri a souligné que conformément à cette même vision nationale, son département a réexaminé nombre de lois et de législations dans le but de renforcer les droits des femmes et de soutenir la cohésion et l’équilibre familial. Dans ce contexte, elle a cité la révision du congé de maternité et annoncé la mise en place d’un nouveau système pour la conciliation familiale, la garantie des pensions alimentaires et celle des rentes de divorce, conformément aux recommandations du Conseil ministériel restreint tenu le 27 février dernier.
La Ministre a aussi annoncé qu’en matière d’insertion économique des femmes, le ministère a lancé une plateforme nationale d’appui à la commercialisation numérique des produits des femmes et des filles, notamment celles en milieu rural. Et ce, en partenariat avec le Ministère des Technologies de la Communication et la Poste Tunisienne, et en coopération avec les autres structures concernées. Elle a ajouté qu’en 2025, le département a décidé d’organiser une exposition destinée aux femmes productrices bénéficiant des programmes d’insertion économique. Il s’agit d’une exposition baptisée « Insertion économique des femmes et des filles : identité et valorisation du patrimoine, perspectives d’investissement et de commercialisation », et qui aura lieu dès aujourd’hui 8 mars pour se poursuivre jusqu’au 10 du même mois, à la Salle Al-Akhbar à Tunis. “Cette exposition a été organisée en collaboration avec ONU Femmes en Tunisie, en parallèle avec des expositions régionales similaires dans tous les gouvernorats”, a-t-elle précisé.
Mme Asma Jebri a par ailleurs laissé entendre que son département est entièrement ouvert aux coopérations avec ses partenaires afin de bénéficier des expériences internationales réussies et qui soutient le rôle social de l’État dans la promotion et l’insertion économique des femmes et des filles, la diffusion de la culture de l’entrepreneuriat féminin et l’accroissement des opportunités de commercialisation des produits féminins à grande échelle.

Les femmes rurales font face à moult défis

C’est ensuite à travers une intervention filmée que Sima Bahous, directrice exécutive d’ONU Femmes, s’est adressée à la présence en mettant en exergue le rôle central que jouent les femmes rurales dans la réalisation du développement durable. “Les femmes ne sont pas seulement le socle de la famille et de la société, mais aussi un partenaire essentiel dans la promotion des compétences professionnelles au niveau local et national. Et ce, dans la mesure où elles continuent de faire face à de grands défis à cause du manque de ressources”. Cela dit, nuance-t-elle, « l’autonomisation économique des femmes rurales “n’est pas seulement une question de justice sociale, mais d’investissement intelligent dans notre avenir collectif. Nous croyons que la solution consiste à renforcer les partenariats et à intensifier les efforts pour développer des mécanismes de marketing numérique et d’inclure les femmes rurales dans les systèmes sociaux solidaires afin d’assurer la pérennité de leurs entreprises et le renforcement de leur rôle en tant qu’acteurs essentiels de l’économie”.

La transition d’une intervention à une autre n’a pas manqué d’être embellie par des story-tellings. En effet, introduites par le journaliste Wassim Belarbi, des projections ont cousu les interventions où une vidéo de success-stories a été projetée mettant en évidence la bravoure des femmes rurales tunisiennes.

L’ONU est engagée envers une Tunisie engagée

Ceci dit, la session inaugurale du séminaire a également été marquée par l’intervention de la coordinatrice résidente des Nations Unies par intérim et représente du PNUD en Tunisie, Céline Moyroud et qui a d’emblée, remercié l’engagement tunisien et sans faille en faveur de de l’égalité entre les hommes et les femmes et de l’autonomisation des femmes en Tunisie. Elle a en outre confirmé l’engagement des Nations Unies et de ses agences spécialisées à soutenir les efforts de l’Etat tunisien et ses programmes visant à renforcer les capacités des femmes en milieu rural dans le domaine de l’entreprenariat. “Au nom du système des Nations Unies, je tiens aussi à remercier la Tunisie pour son attachement à l’action multilatérale et pour avoir placé 2025 sous le signe du multilatéralisme et de la coopération avec les Nations Unies”, a-t-elle exprimé.

Et d’ajouter que l’inclusion et l’intégration économique des femmes en milieu rural est d’une haute importance dans la mesure où les femmes rurales sont des actrices essentielles dans le domaine de l’agriculture, de la protection des écosystèmes, de la préservation des traditions et de l’économie. “Malgré ce rôle essentiel et central, les femmes rurales continuent hélas à faire face à des obstacles, notamment l’accès aux ressources, à la terre, aux crédits, aux technologies modernes, au marché ou à la commercialisation ainsi que nombre de barrières socioculturelles . Il est donc essentiel que nous travaillions ensemble pour surmonter ces défis et offrir aux femmes rurales les outils et les opportunités nécessaires pour qu’elles puissent pleinement exprimer leur potentiel et contribuer au développement durable des régions et des pays en Tunisie. En Tunisie, les Nations Unies sont pleinement engagées à soutenir les partenaires nationaux dans leurs efforts pour promouvoir les femmes rurales. A l’occasion de la Journée internationale de la femme, je lance un appel à tous et à toutes, ici présents, mais plus généralement en Tunisie et dans le monde, investissons dans les femmes rurales, leur succès est notre succès, leur prospérité est notre prospérité. En soutenant ces femmes, nous contribuons non seulement à leur autonomisation personnelle, mais nous renforçons également la résilience économique et sociale de nos communautés”.

Un cadre juridique tunisien des plus avancés
C’est à travers l’intervention de Florence Basty, représentante d’ONU Femmes en Tunisie que la séance inaugurale a pris fin. L’intervenant a indiqué que si l’on célèbre la fête de la femme en général, il est tout aussi important de célébrer les femmes rurales, dont la contribution au développement économique et social n’est plus à prouver spécialement dans le contexte de la Tunisie. “La Tunisie a le cadre légal le plus adéquat et le plus avancé de la région en faveur des hommes et des femmes. Cependant il y a encore beaucoup à faire pour la femme rurale d’autant plus que seulement 5% des femmes rurales sont propriétaires de terres, alors qu’elles représentent 70% de la main-d’œuvre agricole! 80% des femmes rurales travaillent dans l’économie informelle et n’ont donc pas de protection sociale, ni des conditions de travail décentes. Et bien qu’elles constituent 59% des bénéficiaires de microcrédits dans certaines régions, les montants moyens des prêts qui leur sont accordés sont 30 à 40% inférieurs à ceux accordés aux hommes dans un pays comme la Tunisie où plus de 70% des diplômés universitaires sont des femmes”, a indiqué la représentante d’ONU Femmes mettant en exergue les barrières sociaux et les stéréotypes qui doivent être traités pour éradiquer toute inégalité appelant à réfléchir à des méthodes innovantes aptes à outrepasser ces barrières et à proposer des solutions innovantes. Elle a par ailleurs assuré qu’ONU Femmes et en partenariat avec la FAO, le PAM et le FIDA, œuvre à mettre en place un programme pour le renforcement économique des femmes et en particulier en milieu rural . “La Tunisie possède un contexte extrêmement favorable et a déjà franchi des étapes importantes en matière d’égalité entre les hommes et les femmes et en matière d’inclusion économique des femmes, en mettant en place des initiatives visant à favoriser l’entrepreneuriat féminin, l’accès au financement, mais également l’accès à des positions de leadership, notamment dans les institutions publiques. Aujourd’hui, nous avons l’opportunité de consolider ces efforts et d’aller plus loin à travers une coopération renforcée entre les institutions nationales et les partenaires internationaux”, a-t-elle conclu.

Une fois la séance d’ouverture clôturée, les travaux du séminaire ont été consacrés à la discussion des différents aspects de l’insertion économique des femmes en milieu rural. Et ce, en examinant les cadres juridiques, les mécanismes et les incitations à la commercialisation des produits et services, les difficultés rencontrées par les femmes productrices et les opportunités offertes par les technologies modernes pour le marketing à leur avantage dans ce domaine. Ces travaux ont accouché de nombre de recommandations issues des sessions et des discussions.

On note parmi les plus importantes les recommandations qui suivent :

– L’adoption d’une approche de différenciation positive en faveur des femmes rurales afin de faciliter leur mobilité et leur participation aux expositions et aux espaces de commercialisation.
– L’encouragement du e-marketing et le développement des compétences des femmes rurales dans l’utilisation des plateformes numériques.
– Le soutien aux femmes rurales et aux femmes contribuant aux entreprises communautaires dans le développement, le transport et la promotion des produits, en leur offrant une formation en gestion des projets.
– La création de mécanismes permettant aux femmes rurales de produire régulièrement des quantités suffisantes pour répondre à la demande du marché.
– Davantage d’amélioration pour réaliser des conditions décentes de travail et davantage de mobilité aux femmes travaillant dans le secteur agricole

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