Un quotidien de la place, révélait que le ministre des Affaires religieuses, Cheïkh Othman Battikh, aurait réintégré dans son poste d’imam à la mosquée Sidi Lakhmi de Sfax, le sulfureux Ridha Jaouadi, l’imam extrémiste contesté par la grande masse de ses fidèles eux-mêmes, à cause de ses propos incitant à la haine et à la violence. Ce monsieur, qui a déjà beaucoup fait parler de lui, serait-il intouchable ? Le fait est que c’est après avoir organisé —en tant que Secrétaire général du syndicat OTT des imams, ouvertement islamiste— un sit-in, le mercredi 15 avril, devant le siège du ministère des Affaires religieuses “aurait obtenu gain de cause contre le ministre et aurait même consigné un accord sur le fait de ne pas toucher aux libertés religieuses acquises après la Révolution et de réintégrer les imams limogés qui seraient prêts à respecter la loi” (d’après BN). C’est comme si l’on libérait sur parole le moindre malfaiteur qui promettrait de ne pas recommencer… Pourtant, le ministre, quand il a présenté le 20 avril les mesures prioritaires des 100 premiers jours de son département, a précisé dans son paragraphe 2 “qu’il faut réaffirmer le rôle essentiel joué par les imams et les prédicateurs dans le traitement des problèmes sociaux, notamment le fléau terroriste”. Or, on se demande si le MAR est bien à même de contrôler toutes les mosquées, surtout quand on sait que, le 26 juillet 2014, le même Ridha Jaouadi était “parti en croisade contre Mehdi Jomâa pour ses décisions prises dans la lutte contre le terrorisme”, et que déjà le 16 décembre 2012, 200 avocats avaient porté plainte contre lui suite à un prêche du 7/12 dans lequel il appelait à la discorde et encourageait ses ouailles à mourir en martyr (d’après BN, cette plainte n’a jamais abouti ! C’est donc à un retour en arrière que l’on assiste avec la situation actuelle et on a tout à craindre du manque de rigueur du MAR.
Comme c’était à prévoir, cette ambiance de combat a redonné un nouvel élan au non moins sulfureux Adel Almi et son mini-parti Tunisie Zitouna pour enfourcher de nouveau ses dadas habituels. Et c’est ainsi qu’il a relancé sa lutte contre l’interdiction de la polygamie. En tant que SG de ce parti religieux, il aurait eu un entretien avec “le président de la Commission des réformes du Code du Statut Personnel”, un certain Sassi Ben Halima (dont je n’ai personnellement jamais entendu parler) qui lui aurait promis d’étudier “la levée de cette interdiction, la séparation des deux sexes, l’interdiction de l’adoption et le retour des tribunaux charaïques”. En somme, il s’agirait de vider le CSP de tout son contenu ! On ignore la réponse de Sassi Ben Halima, mais une fois de plus Adel Almi prend ses désirs pour des réalités ! D’après BN, c’est une émission de la BBC, qui aurait couvert une réunion du parti Tunisie Zitouna, qui a fait ces révélations.
Quasiment disparus du paysage politique depuis les élections législatives du 26 octobre 2014, sept partis de la famille sociale-démocrate se sont réunis dans un but de rapprochement politique : il s’agit de Al Joumhouri, Ettakatol, le Mouvement des Démocrates sociaux, le Mouvement Echchaab, le Courant démocratique, l’Alliance démocratique et le Parti du Travail tunisien. Il s’agit de se rassembler pour continuer à exister (le choix n’est pas encore fait entre “fusion” ou “front politique”) car les scores obtenus aux législatives par ces sept partis s’étalent de 0 à 1,7% et le nombre total en députés est 5 rescapés, ce qui a donné la mesure des possibilités de ces différents partis à poursuivre leur petit bonhomme de chemin dans le paysage politique de la 2e République. Mais on se demande comment des partis dont les chefs ont montré, à l’élection présidentielle, que chacun espérait être le “number one”, vont pouvoir s’entendre sur un programme commun et accepter le leadership de l’un d’entre eux !
Changements à Nidaa Tounes : Boujemaa Remili, Directeur exécutif du parti, est intervenu sur Express FM pour informer de la décision du Parti concernant l’application de la décision de non-cumul de fonctions exécutives entre l’Etat et les partis politiques. C’est ainsi que Taïeb Baccouche, ministre des Affaires étrangères, a accepté de quitter son poste de Secrétaire général de Nidaa, ce qui ouvre la porte à l’élection d’un nouveau titulaire. Quand on réfléchit au nombre de candidats susceptibles d’obtenir ce poste si convoité, on se doute que cela ne va pas aller tout seul ! Le changement pourrait concerner aussi Selma Elloumi Rekik, qui est à la fois ministre du Tourisme et trésorière de Nidaâ.
Il fallait s’attendre, après l’annonce le 6 avril que l’augmentation des salaires des enseignants du secondaire a été satisfaite à ce que la porte soit ouverte devant les réclamations des autres corps de fonctionnaires. Aussi le mois du “poisson d’avril” s’est-il transformé en mois de la “boite de Pandore” d’où se sont échappées les doléances des agents de la fonction publique et assimilés, ce qui nous a valu la grève des professeurs de l’enseignement supérieur le 14, celle des institutions le 15 (et ils vont remettre ça les 12 et 13 mai, ont-ils annoncé), celle des agents du Tribunal administratif le 16, celle de la CNAM les 22 et 23, les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur les 23 et 24, les magistrats, le personnel de la santé et Tunisie Télécom les 28 et 29, le personnel du ministère des Affaires étrangères les 29 et 30… et j’en oublie certainement… Les promesses du gouvernement d’accorder une augmentation de 50D à la fonction publique et de 70 D au secteur public suffiront-elles à enrayer le mouvement ?
Lors de son discours du 1er Mai, Habib Essid a déclaré “Des réformes douloureuses vont être annoncées”, parlant sans doute de celles des retraites. Il faut que les Tunisiens comprennent que d’autres sacrifices les attendent car la conjoncture économique n’est pas bonne. Le président de la République lui-même s’est transformé en voyageur de commerce pour obtenir des aides des pays qui ont soutenu la Révolution tunisienne dès ses débuts, sous la forme surtout d’investissements susceptibles de relancer l’économie du pays, mais les hommes d’affaires des pays visités ne viendraient s’installer en Tunisie que si leur sécurité et celle de leurs entreprises sont garanties. C’est pour cela que les grèves sauvages, les sit-in, les blocages des routes et des voies ferrées doivent être bannis du paysage économique tunisien, la réconciliation économique et le dialogue social doivent constituer “la toile de fond” de ce paysage.