Dire que la Gauche tunisienne est absente ne constitue pas une nouveauté. Cela fait des années qu’elle a perdu sa vigueur, son leadership et, pour résumer, son poids sur la scène politique. En fait, la Gauche tunisienne s’est presque éteinte depuis la mort du martyr Chokri Belaïd, assassiné le 6 février 2013.
Les dirigeants de la Gauche semblent, enfin, avoir pris conscience de ce fait. Ou plutôt : ils le savaient déjà, mais ils avaient du mal à l’admettre pour des raisons égocentriques. Ce mardi 8 septembre 2020, le dirigeant du Parti des Patriotes Démocrates Unifié (Al Watad), Zied Lakhdhar, a admis que l’expérience du Front Populaire – un rassemblement de plusieurs partis de la Gauche – « semble toucher à sa fin ». A présent, selon Lakhdhar qui s’est exprimé sur les ondes de la Radio Nationale, il s’agit de penser « à d’autres formes de travail en se basant sur les leçons de l’expérience du Front Populaire ».
Toutefois, il considère que la Gauche n’est pas finie. « Ceux qui affirment que la Gauche est une personne ont tort », a-t-il encore ajouté. Elle n’est pas finie, certes, mais elle est totalement absente. Elle est à l’agonie, pour ne pas dire morte. Les élections de 2019 ont constitué le coup de grâce pour la Gauche que ce soit aux législatives ou à la présidentielle. Sur la scène politique actuelle, la Gauche aurait pu constituer une force d’opposition sérieuse face la domination d’Ennahdha. Le PDL (Parti Destourien Libre) joue, certes, le rôle d’un bon opposant, mais il frôle l’extrémisme à bien des égards. Tout n’est pas perdu pour la Gauche, mais certaines conditions doivent être respectées. Il faut du sang neuf. Les « leaders » actuels ont échoué, mais ils continuent, néanmoins, de se placer au devant de la scène, refusant ainsi de céder leur place aux jeunes générations, à la nouveauté, à l’innovation, à l’efficacité.
F. K