Penser à des stratégies pour «Mieux gouverner la Tunisie» était au cœur de la VIIIe conférence de l’Association tunisienne des études politiques (ATEP), tenue samedi à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis (FSJPST) avec le soutien de Hanns Seidel.
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Technicité VS politique
La Tunisie a connu une série de gouvernements après le 14 janvier 2011. Aujourd’hui, le retrait des partis du gouvernement et l’arrivée de technocrates ont été salués par certains qui estiment que ces compétences sont capables de ranimer la vie politique, économique et sociale du pays. Tandis que d’autres se montrent toujours pessimistes. «La situation actuelle est catastrophique», a affirmé le député Fadhel Moussa. Il a vivement critiqué cette nouvelle forme «d’austérité» dans le pays, faisant allusion aux fonctionnaires qui risquent de pas avoir leurs salaires à la fin du mois, en plus du déficit économique que connait le pays, estimé en millards de dollars. «Cette austérité peut faire entrer le pays dans une phase critique», a-t-il averti.
Pour sa part, M. Mrad, adoptant une position plus nuancée, entrevoit des outils de bonne gouvernance en Tunisie à travers le nouveau gouvernement Jomaa. Un gouvernement de technocrates est certes nécessaire dans un processus de transition parce qu’il travaille de manière à promouvoir des secteurs autres que la politique politicienne, dont l’économie, qui est dans un état lamentable aujourd’hui, estime-t-il.
De plus, face aux changements soudains qu’a connus le pays depuis sa Révolution jusqu’à avril 2014, le gouvernement de technocrates pourrait être plus flexible et plus souple dans sa manière de gouverner.
«Le gouvernement de technocrates a une faculté d’adaptation, parce qu’il a un savoir technique et de gestion «neutre»», souligne-t-il. Avant de nuancer, «mais le gouvernement, quel qu’il soit, va affronter des problèmes d’ordre politique. On ne peut pas échapper au paramètre politique.»
Tiraillements
«À ce stade, on ne peut pas évaluer le gouvernement qui se trouve tiraillé entre deux sortes d’autorités, ou même des institutions contraires : l’ANC et le dialogue national», ajoute-t-il.
Plusieurs problématiques se présentent à l’actuel gouvernement de technocrates et qui sont décisives pour l’avenir de la Tunisie. Le gouvernement devrait répartir et distribuer les ressources, préparer des élections et garantir la sécurité pour tous les citoyens tunisiens et les résidents étrangers.
«Cela rend la tâche difficile. Au-delà des compétences, une certaine jonglerie politique s’impose», insiste M. Mrad.
Régionalisation, décentralisation des pouvoirs, dialogues et compromis sont au menu des propositions des intervenants. Jihane Limam, assistante à la faculté, a réclamé une bonne gouvernance régionale, donnant l’exemple du point de passage de Ras Jedir, à la frontière avec la Libye et dont l’annonce de l’ouverture, lundi, constitue une bonne illustration de gouvernance sociale. Aujourd’hui, tous les regards sont braqués sur le gouvernement de technocrates. Et la question sécuritaire s’avère plus que jamais décisive dans le processus de transition en Tunisie.
Dans ce sens, Mokhtar Ben Nasr, Colonel-Major, Vice-Président du Centre tunisien des études de la sécurité globale, a affirmé dans son intervention baptisée Sécurité et bon gouvernement qu’une politique sécuritaire globale devrait être adoptée en Tunisie, ajoutant que le pays, à lui seul, serait incapable de gérer cette question. La coopération entre les pays du Maghreb est plus que jamais nécessaire.
Chaimae Bouazzaoui