Mauvaise nouvelle pour le portefeuille des tunisiens : le taux d’inflation a enregistré une hausse en ce mois de février 2017, par rapport à janvier 2017, passant de 3,3% à 4,6%, selon les chiffres publiés par l’Institut National de la Statistique (INS). Comparés à février 2016, les prix du gaz, du logement, de l’eau et de l’électricité ont enregistré une forte hausse de 6,1%. Les prix des produits alimentaires, pour leur part, ont augmenté de 4,9%.
L’économiste Ezzeddine Saïdane a souligné, dans une déclaration à Réalités Online, que l’inflation dépasse les 3% depuis six ans. « Quand c’est le cas, il est impératif d’agir, chose que nous ne faisons pas en Tunisie. Pour combattre l’inflation, il faut instaurer une politique monétaire adéquate, basée sur la bonne gestion du taux d’intérêt. À plusieurs reprises, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a décidé de baisser son taux d’intérêt directeur, ce qui booste l’inflation et gaspille le capital, qui est considéré comme une ressource rare actuellement en Tunisie », a-t-il expliqué.
L’économiste a affirmé, sur le même volet, que l’inflation de 4,6% ne reflète pas la réalité. De fait, le panier constituant la base de calcul de l’inflation est obsolète, selon lui. Il ne reflète plus le mode de consommation actuel des tunisiens moyens. Ainsi, il sera difficile de mesurer un taux d’inflation sur cette base. « Ce même panier inclut des produits de base dont le prix n’est pas soumis à la loi de l’offre et de la demande. Il est plutôt fixé par l’État. En excluant ces produits, on s’apercevra que l’inflation réelle se situera entre 8 et 10% », a-t-il encore ajouté.
L’administration publique : l’une des causes de l’inflation
Peut-on considérer que la hausse des salaires dans le secteur public constitue l’une des raisons de cette inflation ? « Oui », selon Ezzeddine Saïdane. L’administration représente un secteur des services non marchands. Ici, la production est mesurée par la masse salariale. « Or, cette masse salariale a gagné en importance depuis la Révolution. Elle est passée de 6,3 milliards de dinars en 2010 à 15 milliards de dinars aujourd’hui. Il faut savoir que toute les injections monétaires, dans ce cas, se traduisent automatiquement par de l’inflation, ce qui nuit, par conséquent au pouvoir d’achat du consommateur et à la valeur du dinar », a-t-il souligné.
La nécessité d’un plan de sauvetage
L’économie tunisienne souffre actuellement d’une hémorragie, selon Ezzeddine Saïdane. Pour y remédier, il considère qu’il faut commencer par établir un diagnostic réel et consensuel de la situation économique et des finances publiques du pays. Sur cette base, il faudra, ensuite, mettre en place une stratégie de sauvetage sur le plan structurel. La dernière étape, selon l’économiste, consistera à engager les réformes profondes qui permettront de faire revenir la croissance en Tunisie. « La Tunisie en est capable. Les analyses montrent qu’elle pourra atteindre des niveaux de croissance avoisinant les 6%, grâce aux réformes », a-t-il conclu.