La honte et le déshonneur !

En pleine guerre israélienne contre le peuple palestinien, il y a décidément quelque chose de pourri en France. La faute à qui ? Au locataire hésitant et agité de l’Elysée ? Pas directement, bien sûr. Macron n’a évidemment jamais appelé Netanyahou à commettre un génocide à Gaza. N’empêche. Par ces temps de dérive identitaire radicale et de violence islamophobe galopante. Dans cette France «macroniste» méconnaissable et repliée sur elle-même comme jamais, la rhétorique raciste et haineuse d’une partie de la classe intellectuelle et médiatique, son hostilité outrancière vis-à-vis des immigrés, son soutien exacerbé de la barbarie criminelle de l’entité sioniste ont fait souffler un vent désastreux, chargé de rancœur et de ressentiment, sur une société de plus en plus fragmentée. Et cela se développe dramatiquement et surtout dans les cercles de l’intelligentsia. Tout ce qui a structuré les générations de la France des lumières est en train de voler en éclats. Les attaques contre les valeurs de la France n’ont jamais été aussi violentes et destructrices. Les valeurs universelles de la révolution française subissent une érosion inquiétante qui se manifeste, honteusement, dans un déplacement dangereux des limites rhétoriques de l’acceptable. Autour des criminels de guerre, voraces et immoraux, dont Netanyahou est le maître, se déploient plusieurs intellectuels français, faisant se côtoyer abîmes et marécages de l’abjection. Déplorable, ce comportement l’a été depuis le déclenchement de la guerre israélienne contre les Palestiniens. Devant ce désastre, on se demande comment l’intelligentsia française a pu atteindre un tel degré d’infamie.
Quelle mouche a piqué, par exemple, un grand écrivain comme Jacques Attali pour qu’il contribue à faire circuler les haines de la pire espèce contre la résistance palestinienne, reconnue légitimement par le droit international et la charte des Nations unies ? On sait parfaitement qu’il était le murmure glissé à l’oreille de François Mitterrand qui précédait le prétexte mensonger et trompeur de l’horreur de la guerre du Golfe. Il est, aujourd’hui, à l’origine d’un autre scandale ! Dressé sur ses ergots, sa dérive éhontée justifiant les crimes de guerre à Gaza, éclate comme une bombe sonore : «Aurait-il fallu cesser les combats contre l’Allemagne nazie, la laisser exister, faire fonctionner les camps de la mort et prospérer à travers les siècles, pour ne pas prendre le risque de toucher un seul civil allemand ?» C’est la honte d’un intellectuel assez hardi pour dénoncer les «atrocités» de l’armée russe en Ukraine, mais capable de trouver la manière la plus scandaleuse pour justifier les crimes de guerre contre les civils dans les territoires palestiniens usurpés, le déshonneur d’un écrivain «humaniste» qui se désolidarise de ses principes pour pilonner le droit international, que les dirigeants de son pays avaient déjà piétiné. Il faut évoquer ces tendances néofascistes qui ont traversé le corps de l’intelligentsia occidentale. Il faut enfin fustiger cette «tyrannie intellectuelle» qui joue avec le feu, attise la haine et justifie les crimes de guerre quand elle ne les soutient pas.
« Plus jamais les crimes de guerre», clamaient d’une même voix en 1945, Jean Paul Sartre, Albert Camus, Simone Weil, Raymond Aron, André Malraux, François Mauriac, avant que Jacques Attali, Alain Finkielkraut, Bernard Henri Levy, Pierre-André Targuief ne se désolidarisent de ce slogan, soixante-dix-huit ans plus tard.

Cette tendance est grave, sombre, amère, abjecte et dangereusement portée par un souffle puissant de haine, qui se propage rapidement au-delà des cercles intellectuels et médiatiques, car elle s’exporte aujourd’hui aux sociétés européennes, et avec succès. Son ressort ? L’islamophobie.

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