La jeune fille qui a « fui » le centre de confinement: « Suis-je à ce point inconsciente ? »

La jeune fille de Menzel Temime accusée d’avoir fui le centre de quarantaine de Yasmine Hammamet pour se rendre dans une cérémonie de mariage à Menzel Temime est intervenue mercredi 17 juin sur la radio  Sabra FM. Voici sa version des faits.
« Avec mes deux sœurs, je suis arrivée dimanche 7 juin au petit matin en Tunisie en provenance de Montréal, au Canada. Au fait, je ne suis pas résidente au Canada. C’était juste pour voir mon père que je m’y suis rendue. Eh bien, surprise par l’alerte sanitaire liée au COVID-19, j’étais restée bloquée là-bas durant trois mois. Il nous a fallu contacter des fois et des fois l’ambassade, lancer des mails, expliquer mille fois notre situation pour réussir à être inscrites dans un des vols de rapatriement. Le jour de notre retour, c’était le seul vol enregistré à l’aéroport. On a passé les formalités d’usage: on a pris notre température, puis chaque passager est parti dans son centre de confinement ».

 » Je n’ai aucun document qui me dit que je suis positive »
Et la jeune fille originaire de Menzel Temime de poursuivre son récit:
« J’ai passé sept jours en confinement. Je suis sortie au bout du 8e jour. A la réception, il y avait beaucoup d’anarchie, et personne ne savait ce qu’il devait faire: rester ou partir. Quelques heures plus tôt, on avait frappé aux portes de nos chambres pour nous dire de porter nos bagages en bas, à la réception, et que l’on pouvait partir. D’ailleurs, dans la confusion que vous imaginez aisément, on était restés longtemps à attendre dans la réception, de 17H à 23H. Durant tout ce temps-là, personne ne nous a rien dit. Au contraire, la tension était telle que des disputes commençaient à se manifester. Quand on a procédé à l’annonce des noms qui peuvent quitter le centre de placement en quarantaine, j’ai entendu mon nom de famille. J’ai cru que c’était de moi qu’il s’agissait, alors que c’était ma sœur. Ma faute est de n’avoir pas vérifié suffisamment le nom.  Je n’ai aucun document qui me dit que je suis positive.  Cela faisait une semaine que je suis là, et je n’ai aucun document qui me dit que je suis positive. Personne ne nous a dit qu’il y avait un cas positif, non plus. Logiquement, si vous avez un cas positif, vous le laissez dans sa chambre. Cela n’a pas été notre cas ».

* »Ni dîner dans un restaurant, ni recherches policières »
« Une fois sortie, j’ai rejoint une cérémonie de mariage, dans ma ville de Menzel Temime. J’étais passée chez mes parents et ressortie. Alors que je rentrais de cette fête, les responsables du confinement dans l’hôtel m’ont contacté par téléphone pour me dire qu’on avait besoin de moi. Par la suite, on a contacté mon fiancé qui était avec moi dans la voiture pour lui dire que j’étais peut-être contaminée par le virus. Jusqu’aujourd’hui, je n’ai aucun symptôme, je ne suis pas folle pour courir ce risque et faire courir un tel risque à autrui. Suis-je à ce point inconsciente ? En lisant les commentaires des gens, je suis restée sous le choc. Je ne sais pas qui est malade, moi ou les autres. Si je savais que j’étais infectée, je ne serais pas sortie de la quarantaine. Ma tristesse n’est pas tant à cause de mon possible cas positif, car j’attends toujours les résultats du nouveau test, mais plutôt pour le torrent d’accusations, de  bobards et de mensonges racontés à mes dépens. On a raconté que mon fiancé a facilité « ma fuite », que j’étais sortie par la fenêtre… Plein d’histoires de ce genre. Comme par exemple que j’étais allée avec mon fiancé diner dans un restaurant de Hammamet, d’autres disent de Korba. Cela est faux. En rentrant au centre de confinement, j’ai contacté par moi-même l’hôpital de Menzel Temime pour leur communiquer les noms des gens que j’ai contactés au mariage. On a également raconté que j’ai voulu sciemment faire dégénérer la fête du mariage auquel j’ai assisté. Cela n’est pas vrai parce que la mariée est comme une soeur pour moi. J’étais revenue par moi-même tout de suite après le coup de fil reçu au centre de quarantaine, pas après des recherches policières ni quoi que ce soit comme cela se raconte. On a parlé d’un agent de la sécurité que j’ai contacté et contaminé en lui passant le bonjour lors de la cérémonie de mariage. Cela n’est pas vrai non plus. Oui, mon fiancé est aujourd’hui en quarantaine. On lui a dit qu’il doit y rester pour trois jours. Je crois que si j’ai attrapé le virus, ce sera en Tunisie, à l’aéroport ou au centre de quarantaine. Pas au Canada. Je suis triste car je n’ai jamais imaginé pouvoir me retrouver un jour dans une telle situation », conclut la jeune fille qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive ces deux derniers jours.

H.A.

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