Alors que les échanges commerciaux entre la Tunisie et la Libye connaissent une croissance soutenue, cette dernière s’apprête à imposer une nouvelle taxe sur les produits industriels et commerciaux importés, selon des documents officiels consultés par l’agence Nova. La décision, qui concerne directement la Tunisie avec un taux fixé à 20%, pourrait remettre en question la dynamique positive observée ces dernières années entre les deux pays voisins.
Une relation commerciale en pleine expansion
Les dernières données publiées par le Centre de Promotion des Exportations révèlent une progression remarquable des échanges bilatéraux. Entre 2020 et 2024, les exportations tunisiennes vers la Libye ont enregistré une croissance annuelle de 18,75%, atteignant en 2024 le chiffre impressionnant de 2 452 millions de dinars. Ces performances s’expliquent notamment par la forte demande libyenne dans plusieurs secteurs clés. Les industries mécaniques et électriques représentent à elles seules 37,2% du total des exportations, suivies par les produits manufacturés divers avec 35,5% et le secteur de l’agriculture et des industries alimentaires avec 27,3%. Parmi les produits les plus exportés figurent le ciment et ses dérivés pour une valeur de 137 millions de dinars, les pièces de machines de détection et de forage ainsi que les papiers pour environ 240 millions de dinars, sans oublier les équipements mécaniques et électriques évalués à 83 millions de dinars.
Une mesure protectionniste aux conséquences incertaines
Cette nouvelle taxe, qui s’applique de manière différenciée selon les pays d’origine, pourrait cependant freiner cet élan. L’Allemagne et la France seront respectivement taxées à 19 et 19,6%, tandis que la Grèce et l’Espagne subiront un prélèvement de 21%. Les autorités libyennes justifient cette décision par leur exclusion des grands accords commerciaux régionaux, notamment l’Union douanière européenne et la Zone de libre-échange arabe. Pour les entreprises tunisiennes, cette mesure représente un défi de taille qui pourrait se traduire par une perte de compétitivité ou une érosion des marges bénéficiaires, particulièrement dans des secteurs aussi stratégiques que le BTP ou l’industrie lourde.
140