Le FMI vient de publier à la marge des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds son rapport sur les perspectives pour l’économie mondiale. Ce rapport est très attendu et les responsables politiques et les experts du monde entier l’attendent chaque année avec autant d’impatience que d’appréhension depuis quelques années, tellement la croissance globale est affaiblie et l’économie mondiale connait les plus grandes difficultés à sortir de la croissance molle et à échapper aux tensions déflationnistes depuis la grande crise financière de 2008.
Que nous réserve le rapport de l’institution de Washington pour l’année en cours ? Les nouvelles sont plutôt bonnes et les experts du FMI indiquent que l’année 2017 pourrait être celle du tournant et de la reprise de la croissance globale. En effet, la croissance globale devrait enregistrer une amélioration au cours de l’année 2017, en passant de 3,1% de l’année 2016 à une croissance de 3,5% au cours de l’année en cours. Et, toutes les grandes régions du monde devraient bénéficier de cette lueur d’espoir dans le ciel de l’économie mondiale. D’abord, l’économie américaine devrait connaître un renforcement de son rythme de croissance avec un rythme prévu de 2%. L’Europe ne sera pas en reste avec une croissance prévue de 1,7% pour l’année 2017. La Grande-Bretagne de son côté parvient à maitriser les effets du Brexit et à améliorer ses performances avec une croissance qui devrait passer de 1,8 à 2% entre 2016 et 2017.
Les pays émergents vont également améliorer leur croissance au cours de l’année en cours en passant de 4,1% en 2016 à 4,5% en 2017. Les performances de la Chine sont loin de la croissance à deux chiffres qu’elle a connue au cours des années passées et stagnent autour de 6%. Mais, ce sont surtout les performances de l’Inde qui continuent à augmenter et devrait passer de 6,8% en 2016 à 7,2% en 2017. L’Afrique de son côté devrait améliorer ses performances au cours de l’année en cours (2,6%) après une chute brutale au cours de l’année passée (1,4%). La seule zone d’ombre dans la croissance globale concerne notre région où la croissance connaitra une nette baisse de 3,9% en 2016 à 2,6% en 2017.
Parallèlement à la reprise de la croissance dans un grand nombre de régions, cette éclaircie de la croissance mondiale s’explique par la reprise des cours des matières premières et particulièrement le pétrole qui a été à l’origine d’une augmentation de leur demande. Le cours du pétrole devrait connaître une hausse de 28,9% au cours de cette année. On peut aussi mentionner dans le registre des bonnes nouvelles l’augmentation du commerce mondial dont la croissance devrait passer de 2,2% en 2016 à 3,8% en 2017.
Mais, cette éclaircie dans le ciel de l’économie mondiale ne devrait pas cacher les nuages qui peuvent l’assombrir. Il faut mentionner que cette reprise reste faible et fragile et très en dessous des performances enregistrées avant la crise financière de 2008. Par ailleurs, il faut mentionner les risques que fait courir la montée des populismes au commerce mondial avec le développement du protectionnisme et le rejet des accords du libre-échange qui pourrait amener l’économie mondiale au bord de la guerre commerciale. Il faut également mentionner la montée des inégalités qui reste probablement le grand malaise qui est au centre des remises en cause et des critiques de la globalisation.
Mais, en dépit de ces nuages, il semble que l’économie mondiale est en train de reprendre son souffle. Ce qui constitue une bonne nouvelle pour nous dans la mesure où sa croissance médiocre durant les dernières années a pesé sur nos exportations et nous a fait perdre quelques points précieux de croissance. Il est impératif de mettre en place les politiques nécessaires pour bénéficier de cette lueur d’espoir et de croissance au sein de l’économie globale. Ceci est d’autant plus important que l’Europe, notre partenaire historique et stratégique, semble sortir progressivement de sa croissance faible grâce aux politiques monétaires expansionnistes que ne cesse de renforcer la BCE, même si elles souffrent de l’absence de l’effet de levier de politiques budgétaires vigoureusement orientées vers la relance. Il faut aussi mentionner que nos marchés de développement, l’Afrique, connaissent un retour de la croissance après une année difficile.
Mais, pour bénéficier de cette éclaircie, il est important que nous poursuivions nos politiques actives dans les domaines monétaire et budgétaire. Notre économie connaît depuis quelques années une crise économique majeure qui rend la transition économique complexe et difficile. Ce contexte économique est à l’origine de la mise en place de politiques économiques non traditionnelles et actives notamment avec le maintien des taux d’intérêt à un niveau modéré et une politique budgétaire active avec des investissements publics autour de 6 milliards de dinars pour l’année 2017. Ces politiques doivent être poursuivies et renforcées pour favoriser une reprise de la croissance et nous permettre de bénéficier du nouveau départ de la croissance globale.
L’économie globale connaît aujourd’hui une légère éclaircie qui, en dépit des nuages, fait renaître l’espoir d’une sortie de la croissance molle que nous avons connue depuis la grande crise financière de 2008. A nous de savoir en tirer profit en mettant les politiques adéquates et en renforçant l’activisme et l’audace des politiques économiques pour échapper à notre crise et accélérer la transition économique.