Par Moncef Kamoun*
Si tous les patriotes ont salué le prix Nobel de la paix accordé à la société civile Tunisienne, il serait injuste de ne pas reconnaitre le mérite du Président de la République Béji Caïd Essebsi.
En effet il succède le 27 février 2011 à Mohamed Ghannouchi, alors premier ministre, et en huit mois, il réussi à calmer le pays et à résoudre les conflits intérieurs, le 20 avril 2012, Béji Caïd Essebsi, qui croyait achever sa mission, mesurant la faiblesse des partis progressistes existants et leur incapacité à dépasser leurs querelles, annonce son initiative sous le nom de Nidaa Tounès et il réussi, en quelques mois, à attirer de grandes personnalités et à ramener dans ses rangs des élus d’autres partis et rassemble toutes les sensibilités: la gauche, les indépendants, les intellectuels, les syndicalistes et aussi les destouriens. Il représentait alors un choix alternatif crédible, avec une option nationaliste et un modèle d’Etat civil et social et une garantie d’une stabilité institutionnelle et de grandes chances d’unir les forces politiques et de relancer le chantier de l’unité nationale.
Disciple de Habib Bourguiba, chef de file du bloc moderniste, ses concitoyens redécouvrent le leader au charisme intact, habité par le sens de l’État.
Ce grand stratège séduit par sa finesse d’analyse, sa vision politique, sa certitude quant à ses objectifs et, je dois dire, par sa vivacité d’esprit, comme son inspirateur Habib Bourguiba, il possède une aisance en arabe dialectal et un sens de la formule qui le différencie de tous ses adversaires.
Cette force tranquille, grâce à sa sagesse, sa pondération, son habileté politique, a su conquérir la sympathie de la majorité et s’assurer leur confiance forçant même le respect de ses ennemis politiques.
Toutefois, ces derniers mois et contre toute attente, Si El Béji, qui nous a toujours épaté par son patriotisme, sa clairvoyance, sa détermination et son sens de l’Etat, étonne quant à son attitude indulgente vis-à-vis de la conduite de son fils qui aujourd’hui menace même la survie de son parti qui reste une entité fragile et risque de sombrer à tout moment.
Hafedh Caid Essebsi un fils qui renvoie aux Tunisiens un tout autre reflet que celui de son père a déjà été freiné dans sa course à la députation, dans une circonscription de Tunis, il a alors accepté de se mettre en retrait et renonce à être tête de liste et ceci sous la pression des militants du parti qui ont du mal à comprendre sa légitimité.
Aujourd’hui le fils revient en force comme si la position du père le rassure et la réussite de la réunion de Djerba l’a mis sur la bonne trajectoire en prévision du congrès constitutif.
Mais l’expérience politique de Hafedh Caïd Essebsi est en effet bien maigre il est même inconnu des Tunisiens il a été muet pendant les campagnes législative et présidentielle évitant toujours de prendre la parole en public ou d’apparaître au grand jour. Il sait que ses talents d’orateur sont limités et que son élocution et sa gestuelle, parfois hésitantes, le nuisent.
Lors de son unique intervention télévisée, le 11 novembre dernier, Hafedh ne convainc pas.
D’ailleurs il a parlé ni de programme économique ni du social, ni même du pays et de sa révolution. Il donnait l’impression lui et l’animateur qu’ils étaient chargés de la mission de dénigrer Mohsen Marzouk, comme si c’était le problème des Tunisiens.
Aujourd’hui Caïd Essebsi junior Non seulement bénéficie de la proximité du père mais il bénéficie apparemment aussi de sa confiance donc tout ce qu’il dit ou fait est vu sous le seul angle qu’il est le fils de BCE et traité avec le ressentiment très partagé
Mais Béji Caïd Essebsi ne doit pas, son statut d’aujourd’hui de père de la nation à sa seule victoire électorale. L’homme est charismatique, professionnel de la politique, et appartient à la génération de l’indépendance, c’est ce qui le père de la nation, et en autorité morale recueillant une large adhésion, même parmi ceux qui étaient hier ses ennemis.
D’ailleurs Habib Bourguiba, auquel Béji Caïd Essebsi aime ressembler, a su maintenir son fils qui avait pourtant des capacités loin des manœuvres du pouvoir.
Il est temps que la parole politique l’emporte sur l’indulgence paternelle, Nous voudrions que si EL Béji évite tout ce qui est de nature à donner prise aux accusations de népotisme.
Quant au fils au grand nom il ne perd rien d’attendre qu’il se fasse un prénom, d’autant plus qu’il est relativement jeune. Nous avons peur « oui peur » que la vie politique de père ne tient qu’à un fils.
*M.K Architecte