La décapitation d’un jeune professeur français d’histoire par un islamiste d’origine tchétchène pour avoir montré des caricatures de Mohammed à ses élèves, démontre, encore une fois, que le destin du vingt-et-unième siècle se jouera autour de la liberté. La démocratie n’affronte plus les sociétés d’ancien régime comme au dix-neuvième siècle, ni les totalitarismes comme au vingtième siècle. Elle fait face au djihadisme et à l’amoralisme. L’irruption du terrorisme islamiste prend une dimension politique considérable en Europe, surtout pendant les campagnes électorales. Le défi lancé aux dirigeants et aux responsables politiques dans le vieux continent est de même ordre que l’amoralisme, une négation des valeurs intellectuelles et morales commune à un groupe social et son idéal collectif.
Il y a cependant une différence essentielle : alors que la violence djihadiste a souvent suscité un réflexe d’unité nationale -on l’a vu dans tous les pays occidentaux après les attentats terroristes- l’amoralisme divise !
Si vérole il y a, elle est aussi en Europe, où prolifèrent les intégristes radicaux et leurs idiots utiles, les islamophobes qui, avec leurs épigones, font la loi dans certains médias, souvent dans les partis politiques. Tels sont les effets destructeurs de cette idéologie nihiliste et de l’épuisement des valeurs. Si le djihadisme a sans doute encore quelques «beaux» jours devant lui dans plusieurs pays arabes et musulmans, où des pouvoirs pourris jusqu’à la moelle, nostalgiques de la grandeur passée de l’islam conquérant, s’échinent à exporter leur fondamentalisme à travers le monde, les Occidentaux, et surtout les Européens, doivent reconnaître qu’ils sont aujourd’hui engagés dans une lutte à mort contre un ennemi qu’ils ont engendré.
Les pays européens doivent sortir pour de bon de l’ornière islamiste et d’une autre amoraliste non moins dangereuse, dans lesquelles les poussent depuis des années, par conformisme, haine de soi, populisme ou enjeux géopolitiques, une partie des élites et des médias bien-pensants. À croire ces «maîtres à penser», il faudrait donc, se soumettre à la fatalité djihadiste et amoraliste, quitte à jeter par-dessus bord les valeurs humaines. Cette politique de la «chiffe molle» face à l’extrémisme de tous bords a installé les démocraties européennes dans un climat délétère. Viendra le jour où l’on verra beaucoup plus d’extrémistes radicaux et de terroristes agissant en Europe, à cause du manque d’esprit de décision, de la volonté d’être politiquement correct, du sentiment de mieux connaître les nids du terrorisme que ceux qui les abritent. «Nul homme ne sait, tant qu’il n’a pas souffert de la nuit, à quel point l’aube peut être chère et douce au cœur», prophétisa Gram Stoker, dans son mythique «Dracula». L’injonction de se taire sous peine d’être qualifié de « sectaire « est la raison pour laquelle l’extrémiste fait de l’Europe sa cible privilégiée.
Il faut lire les contenus en ligne terroristes et extrémistes violents pour comprendre que le djihadisme, comme l’amoralisme et l’islamophobie, jouent à «saute-frontière» en utilisant les réseaux sociaux et les forums internet pour répandre les messages de haine, les ressentiments et les mensonges éhontés. Ils ciblent en priorité les jeunes désocialisés et psychologiquement perturbés pour attiser leur ressentiment et les pousser à l’action. Rien n’a vraiment changé, hélas, depuis que le philosophe Érasme de Rotterdam observait : «L’esprit de l’homme est ainsi fait que le mensonge a cent fois plus de prise sur lui que la vérité «. Nous devons ouvrir enfin les yeux sur le concubinage entre le radicalisme et la Toile. Les actes terroristes ne sont plus déclenchés sur commande «d’en haut» mais réalisés «d’en bas» par des individus qui se radicalisent par le biais du Web et agissent de façon plus ou moins individuelle et spontanée.
La lutte à mener contre l’extrémisme et le terrorisme doit être longue, âpre, sans concession. Malheureusement, les dirigeants politiques dans les démocraties européennes sont singulièrement démunis pour la conduire.