Le bras de fer entre le ministère de l’Éducation et le syndicat général de l’enseignement secondaire occupe une belle place sur la scène médiatique aujourd’hui. Une tension relancée ce dimanche 19 mars 2017, par l’annonce du maintien de la suspension des cours à partir du 27 mars 2017.
Un autre bras de fer, beaucoup moins visible, est en train d’avoir lieu dans les coulisses syndicales : celui qui oppose la bureau exécutif de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) au syndicat général de l’enseignement secondaire. De fait, dans ses sorties médiatiques successives, l’UGTT s’est toujours déclarée opposée à une suspension des cours. D’ailleurs, le ton est monté d’un cran samedi 11 mars dernier, lorsque Mohamed Ali Boughdiri, secrétaire général-adjoint de l’UGTT, a quitté la table des discussions avec le syndicat de l’enseignement secondaire, face à un Lassaad Yaacoubi plus que jamais accroché à l’idée d’une grève générale.
Le communiqué du samedi, publié par l’UGTT, rappelle la position de la centrale syndicale par rapport aux agissements de Lassaad Yaacoubi. Mais comment faut-il considérer la position de l’UGTT justement ? De toute évidence, la fracture est là, quoique soigneusement dissimulée. Dans tous ces communiqués, l’UGTT a toujours exprimé son refus de voir les professeurs en grève générale à partir du 27 mars, pour le bien des élèves, mais en même temps, elle rappelle qu’elle soutient le syndicat de l’enseignement secondaire dans sa mobilisation pour le limogeage de Néji Jelloul, ministre de l’Éducation. Toute la contradiction est là : la bureau exécutif s’oppose à la grève pour préserver l’intérêt des élèves, mais soutient le départ de Néji Jelloul et la mobilisation du syndicat général de l’enseignement secondaire qui sème le désordre.
Une guerre discrète et des positions ambiguës
La prudence est de mise au sein de l’UGTT, semble-t-il, qui cherche, visiblement à trouver un équilibre entre la fureur syndicaliste de Lassaad Yaacoubi et ses relations avec l’Exécutif, incarnés par le président de la République Béji Caïd Essebsi, et le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, auxquels l’Union a assuré qu’elle trouvera une solution pour calmer les esprits et faire cesser la guerre.
En fait, ni l’UGTT, ni le syndicat général de l’enseignement secondaire ne veulent s’engager dans une guerre ouverte sur la scène médiatique, qui risque de ternir leur image chez l’opinion publique et de porter le coup de grâce à leur crédibilité et à leur action syndicale. D’ailleurs, nous le constatons dans les déclarations de Morched Idriss, secrétaire général-adjoint du syndicat de l’enseignement secondaire. Fréquemment interrogé sur le fait que le syndicat est devenu hors contrôle, il n’a eu de cesse de répéter que « tout différend avec le bureau central se règle en interne ». Idem, semble-t-il, côté UGTT. Mohamed Ali Boughdiri, son secrétaire général-adjoint, a évité de répondre à Réalités Online à la même question, de peur que ces propos soient « mal interprétés ».
En somme, la guerre interne au sein du syndicat historique de Tunisie semble avoir bel et bien éclaté. Le bureau Exécutif veut rappeler le syndicat de l’enseignement secondaire à l’ordre, tout en s’alignant avec lui, et le syndicat va à l’encontre de ce même bureau, sans pour autant le contredire publiquement et tout en affichant son attachement à lui.
Qui va remporter cette guerre ? Là n’est pas la question, en réalité. Ce qui importe, c’est que les grands perdants sont nos enfants qui vont aux écoles, aux collèges et aux lycées.