La promotion des exportations, locomotive de la croissance

Notre pays est à la recherche désespérée d’une croissance économique rapide, solution miracle, s’il en est, de la plupart de nos maux : taux de chômage élevé, déficits multiples, inflation galopante, endettement abusif…
Celle-ci ne pourrait provenir que d’hypothétiques investissements massifs publics et privés, ou encore d’une forte demande intérieure difficile à envisager pour le moment.
Cependant, la promotion rapide et durable de nos exportations semble à notre portée car nous disposons des atouts et des avantages compétitifs susceptibles de l’engendrer.
Notre pays recèle un tissu entrepreneurial dense d’entreprises industrielles et d’établissements touristiques compétitifs dotés de capitaines audacieux et novateurs capables de conquérir de nouveaux marchés extérieurs, grâce à leur savoir-faire technique et commercial, leur volonté tenace de réussir et le sens des responsabilités qui les anime.
Il y a également des gisements de richesses et de productivité, pourvus de potentialités exportatrices actuellement « en panne » ou insuffisamment exploités comme le tourisme, l’artisanat d’Art, l’agriculture biologique, les énergies renouvelables, les TIC…
Malheureusement, certaines conditions susceptibles de « transformer l’essai en but » manquent à l’appel.
Cela justifie et explique pourquoi les exportations n’ont pas connu ces dernières années la promotion qu’elles méritent.
Le nouveau gouvernement devrait s’y atteler sans délai. Il y a lieu à cet égard d’évaluer à sa juste valeur la contribution du programme Tasdir+ à la promotion des exportations dans le cadre du CEPEX. En effet, celui-ci a réalisé, malgré la conjoncture socio-économique morose et politique instable, des résultats remarquables durant la période 2015-2020.
Le crédit de l’ordre de 15 millions de dollars (soit 45 MDT), contracté de la Banque mondiale, assorti d’une expertise technique durant un mandat de cinq ans, avait pour objectif de favoriser la promotion des activités exportatrices pour 600 PME.
Les objectifs assignés à ce programme qui, en réalité, fait suite à deux anciens programmes de développement des exportations qui ont fait leurs preuves de réussite, à savoir le Fonds de promotion des exportations I et II, sont les suivants.
Il y a d’abord une recherche pour l’émergence d’un nouveau mode de développement de l’export, basé sur l’égalité des chances pour les PME avec les grandes entreprises. Les PME implantées dans les régions intérieures n’ont pas les moyens financiers ni les cadres compétents techniques dotés de moyens matériels pour s’attaquer aux marchés extérieurs.
Ensuite, il y a besoin de disposer d’un appui technique et d’une formation appropriée pour pratiquer l’exportation.
Il y a également l’apprentissage de la fréquentation des salons et expositions spécialisés à l’étranger, pas seulement pour le prestige et la visibilité mais aussi pour les échanges et les contacts-clients.
Tasdir+ s’intéresse en particulier aux filières artisanales et agro-alimentaires et dans une proportion de 50%, aux entreprises du secteur des NTIC.
Les responsables de Tasdir+ ont eu recours à trois produits phares pour parvenir à leurs fins.
Faire acquérir aux entreprises la mise au point d’un business-plan relatif à leurs activités exportatrices afin d’hiérarchiser les actions dans le temps, leur donner des priorités logiques, mobiliser les moyens et former le personnel en conséquence.
Diversifier les marchés et les produits, mais aussi s’implanter à l’étranger en vue de favoriser la proximité vis-à-vis des clientèles cibles et assurer une visibilité et une présence pérennes.
Favoriser une approche par filière afin d’assurer plus de cohérence, d’intégration et de compétitivité pour les produits.
Au moment où ce programme touche à sa fin, les responsables ont esquissé une sorte de bilan faisant état de résultats positifs.
563 entreprises ont bénéficié de ce programme dont 180 ont pu s’implanter à l’étranger, mettant en synergie 45 entreprises, ce qui représente un acquis remarquable.
Il y a lieu de préciser que 15% de ces entreprises sont dirigées par des femmes.
Trente entreprises ont mis au point un site de vente en ligne et une familiarisation avec le commerce électronique, ce qui leur permet de promouvoir leurs exportations sans se déplacer ni faire de frais, ce qui n’était pas le cas auparavant. Il convient de remarquer que les responsables de Tasdir+ ont organisé plus de 30 réunions de sensibilisation dans les régions intérieures du pays.
Il y a des résultats encore plus concrets : les entreprises qui ont bénéficié du programme ont enregistré une augmentation de 32% de leurs bénéfices, ce qui n’est pas à dédaigner car les bénéfices d’aujourd’hui sont les investissements de demain.
Il serait particulièrement utile, sinon nécessaire, « d’inventer un nouveau programme », plus riche, plus pratique et encore plus performant pour booster les exportations tunisiennes grâce à la coopération avec la Banque mondiale et ce, pour consolider les performances exportatrices.
Avec pour principales cibles : les PME des régions intérieures, les jeunes et les femmes-chefs d’entreprises. Il faudrait que l’accès aux crédits bancaires à moyen terme soit favorisé avec notamment, une bonification des taux d’intérêt qui ont atteint des niveaux insupportables.

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