La pyramide de PONZI s’invite en Tunisie

Par Ridha Lahmar

M. Marcel Drach, maître de conférences en sciences économiques à l’Université de Paris-Dauphine, auteur de plusieurs ouvrages, a fait récemment une conférence à la tribune de l’Institut Tunis-Dauphine sur le thème “l’Affaire MADOFF, l’exubérance irrationnelle des marchés et la Pyramide de Ponzi”. L’Opportunité étant, bien sûr, le succès remporté par des initiatives telles que Yosr Development : un Madoff tunisien qui exploite l’épargne de modestes citoyens crédules. Les organisateurs, en parfaite intelligence avec l’actualité, ont bien choisi le moment où éclate le scandale de Yosr development, qui a permis jusqu’ici le fonctionnement impuni et sans entrave d’une entreprise qui collecte des fonds déposés par des citoyens, distribue des dividendes fabuleux et incroyables, sans avoir d’agrément bancaire ni d’institution financière. Il s’agirait d’une vaste opération d’escroquerie qui finira un jour l’autre par éclater.

L’orateur affirme que depuis deux décennies nous vivons l’époque des bulles : financière, immobilière,… qui finissent par éclater entrainant le monde dans un tunnel de crises et de récessions financières avec leur batterie d’expressions nouvelles.

“L’exubérance des marchés” est une expression utilisée par Alan Greespan, ancien président de la FED aux USA qui à propos de la bulle Internet en 1990 avait exprimé une mise en garde contre une probable surévaluation du marché des actions.

2008 a été l’année la plus faste en secousses financières avec la crise des Subprimes qui a touché le secteur des prêts immobiliers à risques aux USA depuis juillet 2007. Ce qui a engendré le déclenchement du Krach de l’automne 2008 qui s’est propagé à l’ensemble de la planète. Cela a permis de dévoiler une arnaque dans laquelle plusieurs acteurs du monde de la finance se sont laissés prendre.

L’affaire Bernard Madoff repose sur le principe inventé par l’italo-américain Charles Ponzi, consiste en la croyance des candidats de réaliser des profits inédits : ils sont attirés en masse par des promesses financières. La clientèle accourt et les capitaux affluent ce qui permet de respecter l’engagement initial jusqu’au jour où quelqu’un crie “le roi est nu”. La bulle spéculative explose alors. Pour cela il faut un escroc et des déposants crédules qui veulent des gains faciles, rapides et conséquents en liquide.

De nombreuses pyramides de Ponzi ont éclaté ces dernières années en Albanie, Colombie et ailleurs dans les pays de l’Est européen, faisant des milliers de victimes.

Dans l’affaire Madoff qui avait acquis de la crédibilité en assurant en 1990 et 1991 la présidence de la prestigieuse Bourse des valeurs technologiques (NASDAQ), plusieurs banques renommées se sont laissées prendre au piège ainsi d’ailleurs que des fonds d’investissement à risque.

L’ensemble des pertes a été évalué à 50 M de dollars US, une escroquerie dont a été victime la communauté financière aux USA.

En Tunisie Yosr development  vaste opération de collecte de fonds a été créé le 18 février 2011, soit moins d’un mois après le déclenchement de la révolution. Elle a monté une pyramide de Ponzi faisant croire aux citoyens crédules des bénéficies gigantesques ce qui a attiré des milliers de gens. En fait on paie les anciens déposants avec les apports des nouveaux venus : SARL avec registre de commerce et matricule fiscal, Yosr dévelopment dipose d’une page facebook participe aux salons professionnels et a “pignon sur rue”. Les déposants font la queue pour avoir le “privilège” de déposer leur épargne et encaisser des intérêts gigantesques. Elle a même des activités sociales. Le 3 avril Yosr development affirme même qu’elle a obtenu l’agrément de la BCT et l’accord du Ministère des Finances alors que la BCT venait de publier un communiqué pour confirmer que cette activité correspond à un établissement bancaire pour lequel un agrément de banque est nécessaire or Yosr ne l’a pas obtenu tout en prévenant le public de ne pas adhérer à cette activité.

En attendant 15 millions de DT semblent s’être envolés aux dépens de citoyens crédules, sans défense juridique.

Ce qui est surprenant c’est que malgré des sonnettes d’alarme tirées par la presse depuis des mois, les autorités financières, politiques et judiciaires n’ont pas réagi du tout ni pris des mesures efficaces pour mettre fin à ce commerce illégal qui relève de l’escroquerie.

Ce qui est encore hallucinant c’est qu’il y a encore des citoyens naïfs pour confier leur argent à n’importe qui et à croire aux miracles, au 21è siècle.

Des sanctions sévères devraient être prononcées après procès contre les escrocs qui exploitent la bonne foi des déposants, d’autant plus que Yosr development semble avoir fait des émules.

 

Primo-Export portera sur 200 PME

Le Cepex a décidé de lancer un nouveau programme destiné à promouvoir l’exportation des produits tunisiens à travers l’accompagnement des PME, notamment celles qui en ont vraiment besoin.

Ce programme concernera 200 PME durant deux ans avec un coût de 5 millions de dinars. Le choix des entreprises se fera selon certains critères dont les plus importants sont les suivants : plus de 10 salariés, un âge supérieur à deux ans, ne pas avoir bénéficié déjà des programmes Famex I et II. 

Une priorité sera accordée aux entreprises implantées dans les régions défavorisées de l’intérieur du pays.

Le programme a été lancé récemment avec la participation du ministre du Commerce et des responsables du Cepex : une première tranche de 59 entreprises a été identifiée. Parmi ces PME 26 sont situées dans le Grand Tunis, 10 à Sfax et 9 à Sousse.

Primo-export comporte deux étapes. La première étape comporte un diagnostic des points forts et des facteurs de faiblesse de l’entreprise qui doit déboucher sur un plan d’action pour remédier aux maillons faibles.

Pour la deuxième phase il s’agit du repositionnement stratégique des produits de l’entreprise, conformément aux standards internationaux ainsi que l’adoption d’un plan de marketing adapté aux marchés export.

Ce sont des experts-conseillers à l’export qui seront chargés de former et d’encadrer les PME qui seront retenues.

 

Les difficultés des entreprises de forage d’eau

Il y a un dialogue de sourds entre les entreprises de forage d’eau et l’autorité de tutelle, le ministère de l’Agriculture, en l’occurrence la direction générale des ressources hydrauliques. Cette situation est préjudiciable à la réalisation des programmes de développement régional, à savoir l’avancement des projets d’aménagement de périmètres irrigués donc la production intensive de fruits et légumes et la création d’emplois.

En effet, les responsables des entreprises de forage ont organisé récemment un sit-in devant le ministère de l’Agriculture réclamant le paiement de leurs décomptes bloqués depuis neuf mois, selon leurs affirmations, sans motif valable. Il y a lieu de remarquer qu’il y a 102 entreprises de forage d’eau en Tunisie qui emploient 3000 salariés et qu’il s’agit d’un secteur qui requiert le recours à une technologie et à des compétences spécifiques où l’acquisition des équipements impose des investissements lourds aux promoteurs.

D’après les déclarations de M. Abdelfattah Mekaouar, président de la chambre syndicale des entreprises de forage d’eau le secteur est en situation de “mort clinique” avec des entreprises en état de faillite à cause des exigences de l’administration qui n’ont rien à voir avec le cahier des charges du secteur. D’après le président de la chambre l’intention de l’administration serait de favoriser l’introduction sur le marché tunisien d’entreprises étrangères.

Le directeur des ressources hydrauliques M. Moncef Rkaya a répondu que seulement deux entreprises n’ont pas été payées à cause des disfonctionnements constatés sur les forages de leurs puits et que les rémunérations correspondantes seront honorées dès la réparation ces disfonctionnements.

Pour ce qui est des projets futurs, un appel d’offres international a été lancé, également ouvert aux sociétés tunisiennes, pour le forage de 32 puits d’une profondeur allant de 400 à 2200 mètres de profondeur. Aucune société étrangère n’a déposé d’offres alors que l’objectif consiste à faire baisser les prix.

Cette problématique se pose depuis 2008 date de la disparition de l’Agence nationale de forage qui jouait le rôle de régulation des prix dans le secteur. Il faut dire que l’Administration a l’intention de négocier avec la chambre syndicale, l’objectif étant la restructuration du secteur avec refonte des textes portant sur le cahier des charges et les conditions d’octroi des cartes professionnelles.

Cinq membres de la chambre syndicale ont demandé audience au ministre de l’Agriculture pour trouver une solution aux problèmes des paiements en suspens.

 

STAR : des indicateurs financiers en hausse 

La Société tunisienne d’assurances et de réassurances (STAR) a enregistré en 2012 une progression de son chiffre d’affaires de 16% soit 236,5 MD contre 203,6 MD en 2011, le maintien d’une même cadence des règlements sinistres soit 141,2 MD 

(-1,2%) contre 142,8 MD en 2011 et des provisions techniques de l’ordre de 485,3 M D contre 441,2 M D en 2011.

Le total des  actifs financiers évolue de 7,3%  à 621,6 MD contre 579,5 M D en 2011, les revenus financiers progressent de 4,3% à 32,6 MD contre 31,3 MD en 2011 d’où un taux de rendement moyen des actifs financiers de 5,4%. En outre, les charges de gestion se sont élevées à 56,1 M D contre 49,2 M D en 2011 et représentent 23,7% du chiffre d’affaires contre 24,2% en 2011. 

Forte de ses acquis et malgré la persistance pour la deuxième année consécutive d’une conjoncture économique instable, les comptes de la STAR ont enregistré en 2012 un résultat bénéficiaire avant impôts de 21,308 MD. Après impôts, le bénéfice net est de 15,308 MD contre 16,082  MD en 2011.

Ces indicateurs ont permis une évolution satisfaisante des agrégats et des fondamentaux de la société avec un total du bilan de l’ordre de 792,840 MD contre 734,174 MD en 2011, des fonds propres avant résultat de 219,602 MD contre 207,563 MD en 2011 (couvrant 4,7 fois la marge de solvabilité réglementaire) et un taux de représentation des engagements techniques de 136%. 

« La volatilité persistante de la conjoncture économique et sociale aussi bien nationale qu’internationale soulève de plus en plus de défis aux différents acteurs économiques et notamment les compagnies d’assurances. En effet, en 2012 le secteur des assurances a enregistré une sinistralité d’une importance presque égale à celle de l’année 2011. La STAR  forte de ses acquis a pu résister aux aléas et aspire a l’innovation, la bonne gouvernance et la proximité ». a déclaré M. Lassaad Zarrouk, président directeur général de la STAR.

Ainsi, le lancement de deux nouveaux produits (Dar Esslama et Trik Esslama), le déploiement du service ‘auto service +’ sur la totalité du territoire tunisien et la mise en place d’un nouveau concept d’accueil pour la clientèle, entrent dans le chapitre de l’innovation.

Ridha Lahmar

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