Cela fait quelques semaines que le président de l’Association Tunisie Ecologie, Abdelmajid Dabbar, avait annoncé la mort de la dernière Gazelle Mohrr Dama, au Parc National Haddej à Gafsa. En effet, cette triste nouvelle marque l’extinction de cette espèce animale en Tunisie qui a été prise pour cible par les braconniers sans scrupules quelques mois après les événements de 2011 en Tunisie. Pourtant, il y a à peine quelques jours, la première naissance naturelle d’une gazelle de l’Atlas après la réintroduction de cette espèce animale, disparue depuis des décennies en Tunisie, montre que le destin funeste de la Gazelle Mohrr Dama peut être changé.
En effet, la Gazelle dama ou Nanger dama, qui est considérée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) comme étant la plus grande espèce de gazelle africaine devenue rare et menacée, fait localement l’objet d’un plan de réintroduction dans divers pays de l’Afrique du Nord notamment au Maroc et en Libye. En Tunisie, l’expérience de la réintroduction de cette espèce rarissime remonte à une trentaine d’années, soit depuis les années 1994. L’opération d’importation de l’Espagne d’un troupeau d’une vingtaine de gazelles avait été lancée conjointement par le ministère de l’Environnement, le ministère de la Défense Nationale et le ministère de l’Agriculture (Direction Générale des Forêts). Toutefois, cette expérience a tourné au drame quelques années plus tard et notamment au lendemain de la Révolution de 2011. En effet, profitant de l’absence relative des contrôles dans certaines régions du pays, des braconniers tunisiens et étrangers se sont lancés dans une course contre la montre pour chasser ces gazelles dont le nombre ne dépasse pas les 200 à travers le monde. L’effectif de ces gazelles a donc fortement chuté depuis 2012 et leur nombre est passé à trois mâles rendant ainsi impossible la procréation de cette espèce en Tunisie. La dernière gazelle qui a pu survivre depuis 2016, a fini par disparaître au mois de mars dernier, naturellement, à l’âge de 14 ans, comme l’assurent des sources officielles.
L’Homme est à l’origine des pertes de 80 % de cette espèce depuis les années 1990. Ses prédateurs naturels, sont les léopards, et autrefois les guépards du Sahara.
Il a ajouté que la première opération de réintroduction de cette espèce était assez coûteuse, d’où la nécessité de mener une étude d’évaluation avant de procéder à l’opération d’importation et de réinsertion.
« Les gazelles vivent en petits troupeaux dans les zones semi-arides. Au cours de la saison humide, elle se déplacent sur les pâturages et les plateaux du Sahara, mais elles migrent vers les prairies ouvertes durant la saison sèche. Elle fréquente plutôt les zones de dunes fixes, les steppes et prairies à acacias.
Elles se nourrissent d’herbe mais aussi de feuilles d’arbuste et d’acacia, on les voit parfois sur les deux pattes arrière pour atteindre les feuilles les plus hautes. Pendant la saison sèche, elle consomme des melons sauvage (Citrullus colocynthis) pour ses besoins en eau. »
Il rappelle que la stratégie de la biodiversité écologique mise en place par le ministère de l’Environnement en collaboration avec les différents autres départements, dont essentiellement les ministères de l’Agriculture, de la Recherche scientifique, des Affaires Culturelles, de la Coopération internationale etc, a pour objectif de restaurer l’écosystème à travers, notamment, la conservation des différentes espèces existant dans notre pays et qui sont menacées d’extinction.
« A travers cette stratégie de biodiversité écologique qui s’étale sur 12 ans soit de 2018 jusqu’au 2030, nous nous focalisons sur la protection et la conservation des espèces déjà existantes dans notre pays. Des possibilités de réintroduction ne sont pas exclues au cas où les espèces visées ont démontré un pouvoir d’acclimatation en Tunisie » a-t-il affirmé.
La naissance naturelle de la toute première gazelle de l’Atlas après une disparition datant de plus d’un siècle marquerait sans aucun doute le début d’une longue quête pour préserver la survie d’autres espèces menacées d’extinction et représente une lueur d’espoir pour la mise en place, dans notre pays, d’un écosystème équilibré et diversifié.
Hajer Ben Hassen