La réponse du Bardo: Ils ne passeront pas

Sur la route qui sépare  Bab Saadoun du Bardo, une marée humaine drapée de rouge et blanc, couleurs nationales, a investi les lieux dès le matin. A l’intérieur de l’enceinte  du parlement, un cortège  de Présidents, d’officiels et de représentants de pays frères et amis  défile, telle une noria. Le Président Béji Caïd Essebsi recevant les invités de la Tunisie sur les marches, tandis qu’une rangée de photographes et de caméramans éternisent ces moments.

Le 29  mars 2015, la Tunisie est devenue le centre de gravité du monde entier, partout dans les différents médias, notre pays a fait la Une de l’actualité et où les marques de solidarité et de soutien à la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme ont été répétées à satiété. …

Onze jours après le drame du musée du Bardo, la Tunisie a trouvé d’autres arguments pour exprimer sa résistance et affirmer son refus au terrorisme. Pas de place à la  peur, mais plutôt attachement aux principes de liberté et de démocratie.

Dès le matin, des milliers de Tunisiens, sortis dans les rues refusant, de surcroît, de céder à la peur, ont démontré au monde entier leur capacité à être toujours unis et debout quand il s’agit de défendre la Tunisie et d’être dans la bonne direction de son histoire. A circonstances exceptionnelles, préparatifs exceptionnels. Le dispositif sécuritaire mis en place (agents de la Garde nationale, de l’Armée et des forces de l’ordre) était impressionnant pour organisation et encadrement des manifestants et des hôtes de la Tunisie.

Ce qui a le plus réconforté, ce sont les manifestations de solidarité et d’appui venues de tous les pays.  La présence de nombreux  dirigeants étrangers et leurs déclarations  révèlent que la Tunisie n’est pas et ne sera jamais seule dans sa guerre contre le terrorisme.  Unie, mobilisée et solidaire, elle a administré au monde la preuve de sa détermination à préserver sa démocratie et son modèle qui ont fait d’elle une exception dans la région.

Certains analystes, ont vu juste, estimant  que la menace terroriste qui plane sur la  Tunisie vient de tous ceux qui refusent de voir cet exemple réussir. Les groupes terroristes et  ceux qui les soutiennent  ont une visée simple, consistant à faire avorter cette expérience démocratique en gestation, qui émane d’une volonté générale de tous les Tunisiens. Parce qu’ils refusent la démocratie, ils font tout pour bloquer ce processus en semant la mort et la peur.

La Tunisie n’a pas peur

La marche de Tunis contre le terrorisme qui a mobilisé près de soixante mille personnes est fortement symbolique. Plus qu’un signe de solidarité, elle témoigne du soutien effectif de la communauté internationale à la Tunisie, et à son expérience démocratique. Ils étaient des milliers  à participer à la marche contre le terrorisme organisée dimanche à Tunis.   Le message est clair. La Tunisie n’a pas peur des terroristes. « Tunisie libre, terrorisme dehors », « Notre pays est plus fort que vous », scandaient, les manifestants

François Hollande y était, aux côtés d’autres chefs d’Etat, personnalités et artistes venus du monde entier ont participé à cette grande marche  de Tunis, pour dénoncer le terrorisme.

«Le terrorisme a voulu frapper un pays (…) qui avait engagé le Printemps arabe et qui a eu un parcours exemplaire en matière de démocratie, de pluralisme et de défense des droits des femmes», a déclaré le Président François Hollande.

En reconnaissance aux Tunisiens qui ont répondu dimanche présents à son appel, Béji Caïd Essebsi, gagné par l’émotion a adressé   «Un grand salut au peuple tunisien qui a prouvé qu’il ne céderait pas au terrorisme ».

Hormis les personnalités politiques, on a constaté la présence de dignitaires religieux , notamment  celle de l’Imam de Drancy, Hassan Chalghoumi et du  grand rabbin tunisien Haïm Bittant, qui ont  symbolisé l’esprit de  tolérance religieuse. La société civile a été active, en témoigne la présence remarquable de l’UGTT, de l’UTICA, des avocats, magistrats ….

Des chefs de partis politiques : Kamel Morjane, Rached Ghannouchi, Amer Laarayedh, Nourredine Bhiri, Houcine Jaziri, Abderrahim Zouari se tenaient aux côtés des ministres, de la Santé, Saïd Aïdi, du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Yassine Brahim, et la ministre de la Femme, Khadija Cherif.

A midi vingt minutes,  le rideau couvrant la stèle comportant les 22 noms des victimes et leurs nationalités, en tête de liste, le Tunisien, agent de la brigade anti-terroriste, Aymen Morjane, a été tiré.

En face, les drapeaux des pays dont des citoyens ont été tués, ont été alignés les uns à côté des autres et des bouquets de fleurs ont été déposés en leur mémoire.

Après ces moments solennels, la foule s’est dispersée calmement  et la place du Bardo qui, n’arrivait pas le matin à contenir cette vague de manifestants, a retrouvé peu à peu son calme habituel.  Une seule chose peut être retenue de ce déferlement populaire, c’est la volonté de constituer un front contre cette menace et de continuer à unir les Tunisiens et à les mobiliser pour que ce pays résiste encore et reste debout.

Lapsus censuré

Le Président Béji Caid Essebsi, certainement sous l’effet de la fatigue de sa participation vingt quatre heure auparavant au sommet de la Ligue arabe à Charm Echeikh, en Egypte et par le défilé des délégations officielles qu’il a eu à accueillir à l’occasion de la grande marche contre le terrorisme, a fait dans son bref discours, un lapsus. Au lieu de remercier François Hollande, il a cité «François Mitterrand», l’ex-chef de l’Etat français décédé en 1996. Avec  l’habileté qu’on lui reconnait, il s’est vite racheté, en faisant la bise au chef d’État français pour s’en excuser, justifiant sur un ton plein d’humour que l’ancien président français «était de son  âge». Ce qui est, en revanche, étonnant, c’est que cette  séquence, qui a fait partout un buzz et qui a décrispé un peu l’atmosphère, a été purement et simplement censurée le soir même par la TV watania 1 dans son journal de 20 heures.

Hajer Ajroudi

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