La route des orchidées

Cette année, les abondantes pluies de printemps ont favorisé toutes les cultures et même la croissance des orchidées sauvages. Nous en avons beaucoup vu dans le Cap Bon lors de nos promenades. Nous en parlons aujourd’hui pour que les personnes qui s’y intéressent aient le temps d’aller repérer les lieux où elles fleurissent tout le long de belles plages qui vont attirer beaucoup de gens très bientôt.

 

Les orchidées

Elles sont connues depuis l’Antiquité : ce sont les Grecs qui les nomment Orchis signifiant en grec testicules en raison de leur racine fréquemment en forme de bulbe. Cette famille de plantes comprend 30.000 espèces environ dont près d’une cinquantaine fleurissent en Tunisie. Et il y en a certainement encore à découvrir.

Elles sont toutes terrestres dans ce pays et disparaissent dès la fin du printemps en raison de la sécheresse et de la chaleur de l’été. Elles sont toutes très curieuses. D’abord toutes n’ont que trois pétales dont l’un : le labelle est très coloré et de forme particulière. Le pédoncule des fleurs n’est pas une tige, mais l’ovaire où se développeront les graines. Celles-ci, minuscules, emportées par le vent, ne peuvent germer qu’à condition de rencontrer, dans le sol, un champignon qui va leur apporter la nourriture nécessaire à la germination.

La fécondation n’est pas faite au hasard par le pollen emporté par le vent, mais par des insectes qui sont attirés par la fleur, soit par son parfum soit par la forme et la couleur du labelle qui imitent celles de la femelle de l’insecte. En tentant vainement de s’accoupler avec la fleur, il prend sur son dos de petits sacs collants contenant du pollen : les pollinies qu’il ira déposer dans une autre fleur sur son réceptacle collant : le stigmate en la fécondant. Ensuite, il faudra de 3 à 12 ans avant que la plante fleurisse !

Pourquoi s’en occuper ? D’abord parce qu’elles existent, ensuite parce que, même si les orchidées de Tunisie n’ont pas la magnificence de leurs cousines tropicales, leurs couleurs et leurs formes sont, à notre avis, superbes. Enfin, craignant les engrais chimiques et les méthodes culturales agressives, elles sont un très bon indicateur de la «santé» des sols. De plus, si la médecine arabe médiévale en parle et qu’en Turquie, elles servent à fabriquer une boisson aphrodisiaque, paraît-il, une grande marque de cosmétiques affirme fabriquer actuellement «une crème à l’orchidée».

 

Où les voir

Depuis la fin du mois de février jusqu’au début du mois de mai, le Cap Bon offre de très nombreux biotopes intéressants où croissent des orchidées. Dirigeons-nous vers Sidi Raïs : une belle plage de sable et une jetée où les barques de pêche amènent, tous les après-midi, de beaux poissons frais. Dans les maquis qui entourent les pentes où est construite la koubba consacrée à Sidi Raïs El Bahri, sous les buissons épineux qui les protègent de la dent des chèvres, de très beaux ophrys s’épanouissent : l’Ophrys marmorata au labelle rouge grenat marbré de brun, l’Ophrys forestier à reflets bleu foncé et l’Orchis papilionacea, rose indien. Quel dommage que les guinguettes qui bordent la route ne soient pas plus «accueillantes» ! Les bois de pins et d’eucalyptus qui couronnent le col du Duela, juste avant Korbous et les maquis qui les entourent permettent de trouver, au cours de promenades parfumées, l’Ophrys vernixia ou ciliata dont le labelle est d’un bleu extraordinaire. En continuant le long de la route 26 joignant El Haouaria à Soliman, tout de suite après le pont enjambant l’Oued El Abid, dans les bois qui bordent la route, on peut trouver de nombreux «fusca» : l’Ophrys eleonorae au labelle rouge foncé, l’Ophrys iricolor bleu violet et l’Ophrys Jugurtha ainsi que l’Ophrys lutea tout jaune. A partir de là, la forêt de pins borde des kilomètres de plage de sable : R’tiba, Zougag, Bir Jedi, etc.

On va retrouver les orchidées tout le long de la route jusqu’à la pépinière forestière de Zougag. Là, avant la pépinière, à droite de la route, s’ouvre une piste toujours barrée par une chaîne ou un câble. Des deux côtés de cette piste, jusqu’au bord de la route, on peut trouver l’Ophrys tenthredinifera, plus connue sous le nom de «meït ou hay» : morte et vivante, en Tunisie.

La légende affirme que la consommation de sa racine sèche : «meït» rend impuissants les maris volages qui ne «guérissent» que s’ils mangent le bulbe vivant de la même plante : «hay» !

Quelquefois, on découvre la Meotina maculata aux «clochettes blanches rayées de violet et le tout petit Ophrys boubyliflora rouge presque noir.

A la hauteur de la pépinière de Zougag, une petite route conduit au sommet du Kef Errand sur le Jebel Sidi Abderrahmen on y rencontre les Orchis papilionacea d’un rose indien superbe. Ils sont même «grandiflora» !

Un peu plus loin, dans les bois de Nchaa, on remarque à gauche, une tour de surveillance, puis l’entrée d’une grande piste qui mène à une ligne électrique à haute tension. Le long de cette piste et sous la ligne électrique, le sol est couvert d’orchidées diverses. On voit souvent l’Orchis anthropophora : «l’homme pendu», au labelle découpé en forme de corps humain.

A l’entrée de la forêt de Dar Chichou, dont une grande partie a brûlé, hélas, on trouvait deux orchis rarissimes l’Orchis longicornu violet avec, comme son nom l’indique, un long pédoncule à l’arrière de la fleur et la Genaria diphyla, curieuse par sa fleur verte et le fait que la plante n’a que deux feuilles.

On pourra déjeuner dans les restaurants d’El Haouaria avant de reprendre la route.

Au Sud-Est, au moment où la route C. 43 joignant Menzel Bouzelfa à Menzel Témime traverse le Jebel Sidi Abderrahmen, partout où la forêt borde la route, il y a des orchidées. Par exemple au carrefour avec la route menant à Fortuna.

Et pour tout le monde, on en trouve une dizaine d’espèces dans le parc du Bou Kornine, autant dans le parc du Belvédère et une bonne quinzaine dans le bois de la colline de Gammarth. Même les pentes du Jebel Ammar en sont couvertes. Les orchidées poussent jusqu’à nos portes ! Bleues, roses jaunes, lilas, pourpre, violettes, elles nous offrent le printemps.

Alix MARTIN

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