La séance est levée !

Par Mohamed Ali Ben Sghaïer

La semaine dernière, “la bombe” lâchée par le député de l’Assemblée nationale  constituante, Mongi Rahoui, concernant les primes allouées aux députés, fait couler encore beaucoup d’encre et de salive et risque même d’avoir de très graves  répercussions. 

De même, la déclaration de Mahmoud Baroudi sur les plateaux d’Attounissia TV, au sujet d’un éventuel prolongement des travaux de l’ANC pour une année supplémentaire, semble être très inquiétante. Cette déclaration, si elle est avérée, confirmera clairement la volonté de certains blocs au sein de l’ANC d’éterniser les travaux de cette institution provisoire, censée essentiellement préparer le chemin devant l’instauration d’institutions permanentes et durables. 

Pire encore, cette hypothèse et contrairement aux engagements des trois présidences concernant les prochaines échéances politiques fixées pour la fin de cette année, confirmera, encore une fois, que certains de nos chers députés veulent, à tout prix, entraver les travaux de l’ANC pour donner davantage de chances à leurs partis pour faire main basse sur les rouages de l’État. Les dossiers mollement traités, ainsi que les innombrables évènements  qui ont pesé lourdement sur l’avancement des discussions sous l’hémicycle à l’instar de la question de la Charia, les événements de 9 avril 2012, de Siliana et notamment l’assassinat de Chokri Belaïd, ont contribué clairement à ce retard tant recherché. 

Malheureusement, les députés ont donné une piètre image et laissent de plus en plus de mauvaises impressions indélébiles auprès de leurs électeurs, surtout que la rédaction de la Constitution, première et principale mission des députés,  piétine encore.

Après avoir perdu confiance en leurs gouvernements consécutifs, dont l’échec demeure manifeste, ainsi qu’en leur président provisoire sans prérogatives, mais fier de  tirer à boulets rouges sur son peuple décontenancé et troublé par l’ingérence qatarie, nombre de Tunisiens risquent ainsi de ne plus avoir confiance en leurs représentants. Cela dit, ce climat de suspicion et de perplexité qui secoue le pays à cause de ce dysfonctionnement des institutions de l’État va crescendo.

Les tensions et les altercations incommensurables au sein de l’ANC à travers les échanges d’accusations entre les blocs, ainsi que la “politisation” de toutes les polémiques, notamment autour de la question des primes, au point de qualifier M. Rahoui de menteur et de calomniateur, risquent d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de cette institution, qui finira par perdre toute légitimité. 

Mieux encore, l’idée de dissolution de l’ANC est devenue, selon certains, incontournable. L’appel de Béji Caïd Essebsi à dissoudre l’ANC, à la suite de l’assassinat de Belaïd, trouvera, d’après eux, sa justification dans la déclaration du député Mongi Rahoui qui a accusé ses collègues de vouloir passer ce projet de loi, qui permet une augmentation de salaire des députés donnant droit à des rappels pouvant atteindre 8 mille dinars par député.  On parle de mauvaise gestion, voire de corruption.

Cela dit, et alors que le citoyen souffre d’une situation économique lamentable et insupportable, nos chers députés, eux, cherchent, d’après M. Rahoui, tous les moyens pour faire s’en mettre plein les poches.

Cette tentative d’empiéter sur les droits des Tunisiens, qui prouve l’avidité de certains députés voulant se servir au lieu de servir, est indigne des élus du peuple ayant prêté le serment d’être au service de leurs électeurs et de veiller à leurs intérêts.

La transparence et la crédibilité doivent être des maîtres mots.  Le moment est grave. Les députés de l’ANC sont devant leur devoir et leur responsabilité historiques pour épargner au pays le chaos et lui garantir le retour à l’ordre.

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