La torture : et si on en parlait ?

 

Le coup d’envoi du séminaire sur la torture, organisé par l’Institut Tunisien de Réhabilitation des Survivants de la Torture (ITRST), a été donné le 18 mai 2016 à l’hôtel Golden Tulip de Tunis. Dr Fethi Touzri, président de l’institut, a animé LES débats.

La manifestation était l’occasion pour Fethi Touzri de revenir sur le rapport de la Tunisie sur la torture, soumis au Comité contre la Torture des Nations Unies les 19, 20 et 21 avril 2016. Et c’est autour des recommandations de l’organisation onusienne que la discussion avait tourné.

La torture existe en Tunisie, mais il y a des efforts pour la combattre.

« Le gouvernement Tunisien est impliqué dans la lutte contre la torture ». C’est ce qu’a affirmé Fethi Touzri, citant le rapport du Comité contre la torture des Nations Unies. L’exécutif  tunisien soutient tangiblement l’effort national luttant contre ces pratiques, notamment après 2011. L’article 23 de la Constitution du 27 janvier 2014 en témoigne : « L’État protège la dignité humaine et celle du corps et il interdit la torture morale et matérielle ».

Revenant sur les recommandations du Comité contre la torture des Nations Unies, Fethi Touzri a mis en valeur l’environnement législatif favorable de la Tunisie, en particulier la Constitution. Il considère l’institut comme un acquis pour la Tunisie et pour les droits de l’Homme. « C’est une fierté », a déclaré Fethi Touzri.

Outre les points forts de notre pays, le Comité a également souligné les points entravant le combat contre la torture. Il y a, notamment, la lenteur et la complexité des procédures judiciaires relatives aux affaires de torture. D’un autre côté, le Comité a évoqué trois principaux éléments permettant de lutter contre le phénomène :

  • Prévenir : il faut offrir les garanties judiciaires et réformer les institutions
  • Réduire l’impunité : c’est une question centrale. Le comité a émis plusieurs recommandations en ce sens dans son rapport officiel
  • Donner plus de pouvoirs aux intervenants, que ce soit aux forces de sécurité, aux juges d’instruction, ou encore à la police judiciaire. Il faut les inciter à mieux respecter les conventions internationales relatives à la torture

« Nous avons de l’espoir pour la Tunisie. Nous espérons qu’il n’y aura aucun cas de torture signalé lors du prochain rapport présenté au Comité contre la torture des Nations Unies. La Tunisie est capable d’éradiquer complètement la torture », a déclaré Fethi Touzri.

D’autre part, l’institut, selon son président, fait face à plusieurs handicaps entravant le bon déroulement de ses actions. « L’État doit nous soutenir moralement et matériellement. Il doit aussi assumer ses responsabilités ». Mais pas que ça : l’effort doit être général. En effet, société civile et médias ont également un rôle capital à jouer dans la lutte contre la torture.

Non à la torture des terroristes

Interrogé sur la question de la torture subie par ceux accusés de crimes terroristes, Fethi Tourzi a affirmé qu’il n’était pas question de les torturer. « Nous vivons dans un État de droit. Il faut à tout prix éviter d’entrer dans le jeu des terroristes. Pour les combattre, il faut avoir recours à la loi et, justement, à l’Etat de Droit. Dans le cas contraire, ce sera la loi de la jungle« , conclut-il

Vif était le débat suscité par le sujet de la torture en Tunisie. Nombreux sont nos concitoyens qui se sont dits favorables à cette pratique, mais uniquement à l’encontre des terroristes. La question rejoint inévitablement celle de la peine de mort qui est considérée par les défenseurs des droits de l’Homme comme une violation de ces droits.

Mais peut-on réellement parler de droits de l’Homme quand il s’agit d’individus qui massacrent des innocents et n’ont aucun respect pour la vie humaine? Les avis divergent et les réponses multiples et non dénuées de charges émotionnelles et de sentimentalisme. Ceux qui soutiennent la peine de mort pour quiconque coupable de crime odieux (viol, assassinat et surtout les terroristes), alors que ceux qui sont pour son abolition font prévaloir la déclaration universelle des droits de l’homme et le droit à la vie.

Ceux qui soutiennent la peine de mort pour quiconque coupable de crime odieux (viol, assassinat et surtout les terroristes), alors que ceux qui sont pour son abolition font prévaloir la déclaration universelle des droits de l’homme et le droit à la vie. Pour ces derniers, il faut opter pour d’autres formes de peines.

Partant de cette approche, la prison, même à perpétuité, constituerait un havre de paix pour les terroristes et les criminels. Ils pourront même y faire des émules. Leurs victimes devront attendre la justice divine s’impose. Le débat continue.

MFK

 

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