La Tunisie célèbre les 8 ans de sa révolution dans l’insatisfaction populaire

Il y a huit ans, les Tunisiens sont descendus dans la rue, avec dans leur besace, une myriade de revendications: liberté, travail, démocratie, justice sociale, et dignité. Les slogans brandis, et la pression populaire ont ébranlé le régime de Zine Abidine Ben Ali, qui a tout laissé derrière lui pour fuir le pays vers l’Arabie Saoudite. A l’étranger, on nous a annoncé qu’il s’agissait de la première étincelle du « printemps arabe« . Sommes-nous vraiment en plein printemps? huit années se sont écoulées depuis le soulèvement populaire de 2011, et la Tunisiens se disent vivre en pleine rudesse automnale. Dans les rues de Tunis et autres régions du pays, seuls les politiciens manifestent en liesse pour célébrer l’anniversaire de la révolution. Le peuple est, quant à lui, inquiet de la dégringolade infernale du dinar, impuissant devant la flambée spectaculaire des prix, incapable de trouver un paquet de lait, un kilo de farine, des œufs, quelques grammes du beurre, et de l’huile végétale subventionnée. Des aliments et des produits de bases, que le peuple, dont on ne cesse d’appeler à manifester massivement pour célébrer « sa révolution« , peine à les retrouver.
Une grande déception et une profonde amertume sont ressenties chez les Tunisiens qui voient leurs couffins vides tandis que des « militants » meublant les plateaux télévisés, et les réseaux sociaux leur parlent des « principes et des valeurs » de la révolution. Une « révolution » à laquelle tous ceux qui meublent aujourd’hui, voire depuis huit années, ces plateaux n’ont jamais pris part. Certains l’ont suivie à la télé dans leurs appartements parisiens, londoniens, et bruxellois… d’autres se sont contentés de saluer les manifestants depuis leurs balcons. Ce sont bizarrement ceux-là qui en ont profité le plus.
Les Tunisiens, de leur côté, ne cessent de les punir à leur manière. D’élections en élections, le taux d’abstention ne cesse de croître. Selon les récents sondages, 66% des tunisiens n’ont pas l’intention d’aller voter en 2019. Pour ce qui est de la présidentielle, 57,1% ne voteraient pas. Des chiffres alarmants qui devraient faire froid dans le dos de ces politiciens qui ne font que nous marteler leurs faux exploits révolutionnaires et de se tirer dessus avec des flèches incendiaires.

Entre temps, ceux qui ont été à l’origine de ce que l’on se plait à appeler révolution, rien que pour le fun, les jeunes, sont oubliés voire écartés de la scène. s’ils avaient constitué en 2011 et 2014 un réservoir potentiel électoral, aujourd’hui plus rien ne les séduit et leur regard est tourné vers l’ailleurs sans réelle ambition que celle de fuir un pays qui n’a rien à leur offrir.
La seule certitude, si elle en est, c’est que le projet d’Etat de droit a été abandonné, des syndicalistes et des politiciens se sont emparés des rêves de la jeunesse, la liberté scandée a été bafouée et la dignité recherchée mise en attente.
Demain est un autre jour.

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