Un nouveau coup dur vient frapper la Tunisie dans sa quête de la transformation numérique. En effet, le dernier classement Network Readiness Index 2024, établi par le Portulans Institute et la Said Business School de l’Université d’Oxford, place notre pays à la 96ᵉ position sur 133, soit une chute de neuf places par rapport à son précédent classement, où il occupait la 88ᵉ place.
Les raisons de cette régression
Ainsi, ce recul significatif souligne les difficultés rencontrées par la Tunisie pour tirer pleinement parti des opportunités offertes par les technologies numériques. Alors que de nombreux pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) accélèrent leur transition numérique, il semble que notre pays marque le pas.
Les causes de cette régression sont multiples et méritent une analyse approfondie. Tout d’abord, un investissement insuffisant dans la recherche et le développement freine l’émergence de solutions numériques « made in Tunisia ». En effet, le manque de moyens alloués à l’innovation constitue un obstacle majeur. Ensuite, la faible adoption des technologies numériques par les entreprises demeure problématique. De nombreuses entreprises tunisiennes, encore réticentes à adopter les nouvelles technologies, compromettent ainsi leur compétitivité. Par ailleurs, une gouvernance numérique perfectible n’arrange pas la situation. Les politiques publiques en matière de numérique peinent à suivre le rythme rapide de l’évolution technologique. Enfin, un manque de compétences numériques au sein de la population active aggrave le problème. Une partie importante des travailleurs n’est pas suffisamment formée pour répondre aux exigences du marché du travail numérique.
Les conséquences de ce retard
De ce fait, les conséquences de ce retard sont nombreuses et préoccupantes. D’une part, une perte de compétitivité menace les entreprises tunisiennes, qui risquent de céder des parts de marché face à leurs concurrents étrangers mieux équipés. D’autre part, la réduction de l’attractivité pour les investissements constitue un autre risque majeur. Les investisseurs étrangers, de plus en plus exigeants en matière de maturité numérique, pourraient détourner leur attention de la Tunisie. Enfin, un creusement des inégalités est à craindre. En effet, bien que le numérique soit un puissant levier d’inclusion sociale, un faible développement dans ce domaine risque d’accentuer les disparités au sein de la population.
Pour autant, il n’est pas trop tard pour inverser cette tendance. À cette fin, plusieurs axes prioritaires doivent être envisagés. Premièrement, il est impératif de renforcer l’éducation aux compétences numériques. Il s’agit notamment de former les jeunes aux métiers de demain et de mettre en place des programmes de formation continue à destination des actifs. Deuxièmement, soutenir l’entrepreneuriat numérique s’avère essentiel. La création d’un écosystème favorable à l’émergence de startups innovantes et la facilitation de l’accès au financement sont des mesures incontournables. Troisièmement, améliorer la connectivité constitue un autre levier stratégique. Le déploiement de la fibre optique et des réseaux mobiles de nouvelle génération sur tout le territoire doit être accéléré. Enfin, simplifier les procédures administratives via la digitalisation des services publics représente une priorité. Cette démarche pourrait considérablement faciliter la vie des citoyens et des entreprises.
Il est, derechef, urgent que la Tunisie s’engage résolument dans une politique de transformation numérique ambitieuse et inclusive. Dans cette optique, la coopération entre les acteurs publics, privés et éducatifs sera déterminante pour construire un avenir numérique prospère et équitable.
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