Les médias de ce matin 31 mars font part d’une déclaration de Houcine Abassi, SG de l’UGTT, relative au terrorisme et dans laquelle on peut lire, entre autres ; la “Tunisie est appelé à réviser ses relations avec certains pays qui encouragent les opérations terroristes”, on voit très bien de quels pays il s’agit, et cet appel peut paraître évident. Mais il faut se rappeler qu’en son temps, la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie a causé de grands problèmes à la Tunisie elle-même, qui n’a plus pu contrôler nos ressortissants qui vivent dans ce pays —eux-mêmes s’en sont plaint— surtout avec le terrorisme qui s’est exacerbé et a débouché sur l’activité de Daech. Je rappelle que la doctrine de Bourguiba a toujours été de ne jamais rompre les relations diplomatiques avec un pays étranger, quelle que soit la situation, et quand tous les pays de la Ligue arabe ont décidé en chœur de rompre les relations avec l’Allemagne, seule la Tunisie a refusé de s’y associer… et après quelques temps les pays arabes sont peu à peu revenus à la raison en reprenant leurs relations. Ce n’est pas par des “coups de tête” qu’on dirige un pays, il faut réfléchir avant d’agir.
C’est la même chose avec l’interminable bras de fer entre les enseignants du secondaire et le SG de leur syndicat : ce dernier exige 150 dinars d’augmentation mensuelle quand le ministère en propose 30 ! Ce qui est notoirement insuffisant certes, mais on peut discuter encore… faut-il pour cela que nos enfants des lycées et collèges continuent à être pris en otages ? Surtout pour les élèves du terminale qui ont besoin de leurs notes obtenues aux examens trimestriels au cas où ils auraient besoin au bac du rachat des 20%…
Par contre, je trouve que la proposition du patron de l’UGTT de tenir un congrès national pour déclarer la guerre au terrorisme vient à point, surtout que le Syndicat propose dans la foulée d’y inviter le Quartet, parrain du dialogue national, dont l’intervention a été magistrale au moment de la préparation des dernières élections. Houcine Abassi a, aussi mis justement l’accent sur l’importance des ulémas dans la lutte contre l’obscurantisme et la diffusion de la pensée religieuse éclairée et sur une journée d’information qui a été réclamée par le syndicat des Affaires religieuses relevant de l’UGTT. Par la même occasion, cela pourrait soulager le mufti de la République qui s’est plaint, sur les ondes de Mosaïque FM de la “charge importante de travail qui pèse sur son institution qui ne lui permet pas de contribuer efficacement à la lutte contre le terrorisme”. Ce qui ne l’a pas empêché d’annoncer la parution prochaine d’une revue intitulée “Réforme” pour la promotion des “fatwas modérées”. Il avait même prévu de diriger la prière du vendredi à la mosquée Zitouna, libérée de l’imam autoproclamé Houcine Labidi, mais c’est finalement le ministre des Affaires religieuses qui l’a remplacé.
Ce terrorisme dont on a aussi parlé, le 31 mars à Express FM, le SG d’Al Massar, Samir Taïeb, qui a déclaré que “toutes les partis politiques qui participeront à cette conférence nationale doivent s’accorder sur une définition unifiée du terrorisme” et que “la lutte contre ce fléau doit revenir au pouvoir judiciaire”. Heureusement que les héros des unités spéciales de la Garde nationale, auxquels le Premier ministre a rendu un hommage appuyé le 31 mars, n’ont pas attendu, avant de remporter leur dernier succès à Gafsa, une nouvelle définition du terrorisme !
L’une des constantes les plus avérées de la politique étrangère de la Tunisie est de respecter la plus stricte neutralité dans les affaires des pays voisins. Le dernier exemple de cette décision date d’hier 1er avril —et ce n’était pas un “poisson d’avril”— quand un avion non identifié a été détecté à 8h du matin par les radars de l’Armée nationale, alors qu’il avait franchi quelques kilomètres à l’intérieur du territoire tunisien, et un chasseur des forces aériennes tunisiennes l’a obligé à rebrousser chemin. Le ministre des Affaires étrangères a précisé le lendemain qu’il s’agissait d’un Mig 23 de l’armée du Général Haftar et qu’il visait les milices de Fajr Libya, proches de la frontière tunisienne.
Néanmoins Taïeb Baccouche a chargé Touhami Abdouli, SE en charge des Affaires arabes et africaines, de convoquer le représentant du gouvernement de Tobrouk, concerné, afin de lui rappeler que la Tunisie s’oppose au fait d’être impliquée dans le combat entre les factions libyennes sous quelque forme que ce soit.
La séance plénière de l’ARP du 3 avril réservée à l’audition du Chef du gouvernement a été très suivie par les députés, parfois houleuse et exceptionnellement longue. Il fallait s’y attendre, vu la proximité de la date fatidique des “100 jours du gouvernement Essid”. Il est vrai que les problèmes de toutes sortes s’accumulent dans le pays. Même si quelques ministres ont rendu leur copie relative aux 5 points importants qu’ils se proposent de traiter (ou du moins de mettre en sorte) avant le délai fixé, rien ne paraît “bouger” : le bassin minier est en panne et les exportations de phosphates (la première ressource de notre économie) sont au plus bas, on ne voit pas d’usine ni même de PME en train de se construire et le chômage “se poste bien” —et c’est fatal puisque la plupart des hommes d’affaires tunisiens, qui n’en demanderaient pas mieux, continuent à être privés de sortie du territoire, et même le député Mongi Rahoui a déclaré à Jawhara FM que certains avaient subi des chantages de la part des membres de la Troïka, comment dans ces conditions aller à la recherche de débouchés et d’investisseurs ?
Les grèves se généralisent, et même si celle de l’Enseignement secondaire devait trouver aujourd’hui 4 avril sa solution, les enseignants de l’école de base, eux, ont pris rendez-vous pour le 15 avril, sans doute seront-ils suivis par d’autres catégories de fonctionnaires. On apprend aujourd’hui que l’enseignement supérieur fera grève la 14 avril.
Quelques bonnes nouvelles : la mosquée Zitouna est revenue à ses légitimes “propriétaires”. Le projet de loi de lutte contre la terrorisme est maintenant entre les mains des commissions de l’ARP, espérons qu’il ne s’y enlisera pas, car la loi de 2003 n’est plus adaptée à la grave situation sécuritaire d’aujourd’hui, de même que la Justice —empêtrée dans ses problèmes entre les juges, les avocats, les huissiers-notaires et autres— ne paraît pas très rapide. Heureusement le sécuritaires (GN, Police, Armée) ne chôment pas, eux, et après les succès du mois dernier, ce sont 46 individus présumés complices des criminels du Bardo qui ont été arrêtés, avec quelques autres arrestations à travers le pays ces jours-ci.