La Tunisie est-elle en faillite ?

Dégringolade du dinar face à l’euro, emprunt obligataire national, revendications syndicales, une émission obligataire sur le marché international des capitaux de 1 milliard de dollars américains considérée par certains experts comme «un crime économique»… En marge du colloque «Perspectives de l’Economie Tunisienne après la Transition Démocratique» organisé par le centre d’études et de recherches économiques et sociales nous avons posé la question suivante aux économistes. La Tunisie sera-elle en faillite ?

Taoufik Rajhi, professeur agrégé des Universités de France et expert international dans le domaine du développement économique, juge qu’en dépit de la détérioration des indicateurs macroéconomiques parler de faillite est trop exagéré. «L’endettement de la Grèce est mille fois supérieur à celui de la Tunisie mais elle n’a pas fait faillite. Dans la coutume économique les pays ne font jamais de faillite. Cependant, il faut passer en urgence aux réformes afin de réduire le taux de chômage» a-t-il soutenu.

Pour sa part, Ridha Chkoundali, directeur du centre d’études et de recherches économiques et sociales, «faire faillite c’est trop dit». L’économiste critique la stratégie d’exclusion mais crois qu’une fois une stratégie d’inclusion sera mise en place la Tunisie surpassera cette «grave situation». «Certes le taux d’endettement est très élevé ainsi que le déficit extérieur est très exorbitant mais je pense qu’on peut faire beaucoup de choses. Nous avons utilisé un modèle d’exclusion. Nous avons exclu plusieurs potentialités qui peuvent aider à la valorisation de la richesse en Tunisie. Il faut utiliser toutes les potentialités dont nous disposons, notamment, les jeunes et les régions internes pour sortir de cette crise» a-t-il expliqué.

Ancien ministre des finances de la Tunisie post-révolution et candidat à la présidence de la BAD, Jalloul Ayed a affirmé que la Tunisie passe par une période difficile mais ne fera jamais faillite. «Il faut faire le premier pas. Il y en a assez des débats et des analyses. On sait ce que nous devons faire. Nous avons des experts et des conseillers. Nous avons multiplié les études maintenant passons aux réformes. Il faut avoir de l’audace politique pour commencer» a-t-il ainsi précisé.

Quant à Moncef Cheikh-Rouhou, économiste tunisien et consultant auprès de nombreuses entreprises en France et au Maroc, «le mot faillite ne doit plus jamais être prononcé». Moncef Cheikh-Rouhou a confié à Réalités Online que «les dangers que la Tunisie traverse actuellement doivent nous réveiller de notre sommeil car il faut avancer». «Pour les chinois la crise est une difficulté mais aussi une opportunité. Il faut que les jeunes soient conscients des difficultés pour pouvoir saisir les opportunités» a-t-il dit.

H.M

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