La fuite des cerveaux est un phénomène bien connu en Tunisie, mais face à l’évolution rapide des besoins mondiaux, cette question mérite désormais une approche plus organisée et équilibrée. Mohamed Blidi, directeur général de l’Agence tunisienne de coopération technique, a récemment insisté sur l’importance de mieux encadrer la migration des compétences tunisiennes pour en faire une opportunité et non une source de pertes irrémédiables.
Lors de son intervention sur les ondes de la radio nationale, Blidi a expliqué que les prochaines années seront marquées par une demande croissante des pays étrangers pour les experts tunisiens, notamment en raison de changements démographiques majeurs. Cette évolution ouvre des perspectives, mais expose aussi les professionnels à des risques : certains quittent le pays par des voies informelles, parfois au prix de leur dignité, ou sont victimes d’arnaques.
Le secteur de la santé est particulièrement concerné, avec près de 100 médecins et un nombre significatif d’ingénieurs qui partent chaque année travailler à l’étranger sous le cadre de la coopération technique. Plus largement, environ 3 000 talents tunisiens sont envoyés hors des frontières annuellement, dont un tiers revient ensuite enrichir le pays de son expérience.
Face à ce flux, il est primordial, selon Blidi, de confier la gestion de ce phénomène à des structures spécialisées capables d’assurer le respect des droits des travailleurs tunisiens et de leur garantir un accompagnement digne. La coopération internationale doit également reposer sur un partenariat équitable, fondé sur des intérêts partagés, afin que ce transfert de compétences profite pleinement à la Tunisie.
Enfin, le responsable a souligné que les destinations privilégiées restent l’Europe et le Canada, qui recherchent activement des professionnels, notamment dans le domaine paramédical. Ce contexte met en lumière la nécessité d’une stratégie nationale claire, visant à valoriser les compétences tunisiennes tout en maîtrisant leur circulation.
La migration des talents, si elle est bien gérée, pourrait ainsi devenir un levier puissant de développement pour la Tunisie, renforçant ses liens avec le monde et valorisant ses ressources humaines sur la scène internationale. Mais pour cela, une meilleure organisation et un encadrement ferme sont indispensables.