Il faut que je vous la raconte celle là. Cela ne s’invente pas. La Tunisie invente le zéro du mois. Vive le consensus.
Chiheb Ben Mahmoud
Hier matin samedi 11 août, à 10h58 heure tunisienne, est né le croissant de la huitième lunaison de l’an de grâce 2018. Je pense que la brève apparition du croissant n’a pas pu être effectivement et officiellement observée (les experts affirment que le croissant, furtif à ce stade était encore trop proche du soleil au coucher du soleil pour être observé). Ceci étant aujourd’hui dimanche 12 août a été déclaré par les différentes autorités officielles de la plupart des pays musulmans y compris et surtout l’Arabie Saoudite (gestion automatisée du Hajj oblige) le premier jour du mois Hijri lunaire de Dhul Hajja, le dernier mois de l’année Hijri lunaire 1439. Par conséquent le lundi prochain 20 août 2018 marquera le point culminant du Hajj avec Waqfat Arafah (« Al Hajju Arafah” – Hadith) et le mardi 21 août sera l’Aid Al Idha, fête du sacrifice. (Sacré Abraham!). Inchallah Aidkom Mabrouk.
S’agissant de la Tunisie… le site très officiel du Mufti de la République, devant lequel je m’incline respectueusement et qui a toute ma sympathie sincère et compatissante, affiche comme si de rien n’était et jusqu’au moment de la publication de ce billet la date d’aujourd’hui comme étant: Dimanche 12 août 2018 , 0 Dhul Hajja 1439. Oui le zéro du mois. Après tout c’est le weekend (et samedi …il y avait le Bardo!). Et le zéro est arabo-musulman, c’est connu.
En attendant la mise à jour du site de Diwan Al Ifta, je vous annonce par la même occasion que le dimanche 9 septembre 2018 correspondant alors au 29 du mois Dhul Hajja 1439, et à 19h01 heure tunisienne, naitra le croissant de la nouvelle année Hijri lunaire 1440. Le croissant ne pouvant pas être observé (non cette fois ci c’est vraiment impossible de le voir!) le lundi 10 septembre 2018 serait déclaré par les Autorités compétentes 30ème et dernier jour du mois de Dhul Hajja 1439 et le mardi 11 septembre serait le premier du mois de Muharram de l’an 1440 soutenant cette année l’adage tunisien “ Bach Eidkom, Bach Ras Amkom”.
Inchallah Am Mabrouk à toutes et à tous. (Le jeudi 20 septembre, 10 Muharram, serait alors le jour de Achoura).
Votre serviteur vous rappelle qu’il décline toute responsabilité devant l’éternel et devant les hommes (et devant les femmes aussi). Vous êtes priés de vous référer aux autorités dûment habilitées et officiellement compétentes en la matière.
Parlons menu maintenant. Conformément à la tradition tunisienne, il y aura donc couscous à l’agneau le lundi 10 septembre pour clôturer l’année qui s’écoule et mloukhiya (and everything green) le mardi 11 septembre pour le premier jour de la nouvelle année. Pour les puristes, ce sera aussi poulet « free style, anything chicken » le jeudi 20 pour la Achoura. Le tout s’il vous plait et je vous en conjure, sans concentré de tomate, cette marée rouge infecte qui a envahi la cuisine tunisienne et a transformé la diversité et la complexité de ses plats, à travers tous les terroirs du pays, en une sauce immonde à laquelle on essaie de donner du goût par l’adjonction d’une surdose de piquant.
Parlant de piquant… cette année et fait rarissime la « Ras Al Sana” Hijri et la « Rosh As Shana” juive coïncideront parfaitement (ou presque!). Il y aurait un décalage de 24h à cause du préalable de l‘observation du croissant à l’oeil nu pour le calendrier musulman. Les deux communautés se réclamant d’Abraham n’auront peut être jamais été aussi proches sur le calendrier et aussi éloignés par ailleurs, éloignées par des haines sourdes et galopantes, des haines sans noms (judéophobie, islamophobie, antisémitisme…) puisque même leurs appellations divisent. Allez Abraham faites quelque chose pour mettre fin à ce ruissellement continu de sang et de larmes! En attendant Chana Tova les amis!
Entretemps il y a un certain lundi 13 août et le lundi 13 août je serai sur l’avenue Habib Bourguiba, pas tant en soutien des détails et points techniques du fameux rapport et sur lesquels il y a beaucoup à dire, mais sur le principe. Le principe est que ce qui inclut prime sur ce qui exclut, le principe est que seule la modernité est inclusive, que la modernité est le destin de l’être humain. La modernité est une, elle est universelle et à sens unique, celui de l’histoire, une histoire sans fin, ou presque.
(Cet article a été publié avec l’accord de son auteur)