“La Tunisie n’a jamais manqué à ses engagements envers la BEI”

Jean-Luc Revéreault, chef de la Représentation de la Banque européenne d’investissement (BEI) en Tunisie et en Algérie, a assuré que la BEI en tant que partenaire historique de la Tunisie continuera à financer des projets d’investissement ayant un impact direct sur l’économie nationale ainsi que sur les conditions de vie des Tunisiens.

 «Tout au long de quatre décennies de coopération, la BEI était l’un des bailleurs de fonds les plus importants du pays… Nous avons aidé la Tunisie à surmonter toutes ses crises institutionnelles, économiques, sanitaires, etc. et nous continuerons à le faire avec autant d’engagement pour l’aider à créer de la richesse», a-t-il assuré lors d’une rencontre avec des représentants des médias tunisiens.
Et d’ajouter : «La BEI ne finance que les projets d’investissement qui sont économiquement rentables et qui ont un impact économique direct. Tout projet financé par la BEI doit indispensablement générer une rentabilité positive et avoir un impact direct sur la qualité de vie des citoyens».
Le responsable a, dans ce contexte, fait savoir que depuis 42 ans, la BEI a mobilisé plus de 6,74 milliards d’euros pour le financement de 130 projets concernant des secteurs stratégiques tels que les infrastructures de transport, l’aménagement urbain, l’éducation, l’énergie, l’assainissement et l’eau.
Parmi les projets phares financés par la BEI figure le programme de modernisation des établissements scolaires (PMES). Pour un montant de 70 millions d’euros, ce programme a permis d’améliorer significativement les conditions de travail des élèves et des enseignants à travers la réhabilitation de 162 établissements scolaires et la construction de 9 écoles. 110 projets de réhabilitation et 22 autres, de construction d’écoles sont toujours en cours.

 La Tunisie, premier bénéficiaire des prêts de la BEI dans le monde
Jean-Luc Revéreault a précisé que la Tunisie est le premier bénéficiaire des prêts de la BEI (par habitant/PIB), dans le monde hors Union européenne avec 13% des financements octroyés par la BEI au cours des 10 dernières années.
En effet, la BEI a financé 36 projets en Tunisie durant les 10 dernières années pour un montant total de 2,4 milliards d’euros, soit plus de 7 milliards de dinars. 1/3 des financements ont été alloués afin de soutenir les PME, les TPE/micro-entreprises et les grands secteurs de l’industrie nationale.
Les 2/3 des financements ont été octroyés à l’Etat ou aux entreprises publiques tunisiennes. Près de la moitié de ces projets appartiennent au secteur de la mobilité (infrastructure routière et ferroviaire) et près du quart au secteur de l’éducation.
«Le ratio le plus important est en faveur du secteur public. Ce dernier aura toujours un grand rôle à jouer mais la part du privé va également augmenter», a-t-il précisé.
Interpellé sur la question de la solvabilité de l’Etat tunisien à l’égard de la BEI, Jean-Luc Revéreault a assuré qu’en dépit des difficultés qu’elle a rencontrées, notamment au cours de ces 10 dernières années, la Tunisie a depuis toujours honoré ses engagements envers la banque. Aucun manquement n’a été commis dans ce sens par l’Etat tunisien, selon le responsable de la BEI.
«Il n’y a jamais eu de défaut de paiement de la part de l’Etat tunisien tout au long des quatre décennies de coopération», a-t-il assuré.

L’argent ne peut pas être n’importe où, soit il est décaissé, soit il est à Luxembourg
Par ailleurs, le responsable a regretté un taux de décaissement qui demeure assez faible. En effet, sur un montant total de prêts d’environ 3 milliards d’euros, 1 milliard n’a pas été encore décaissé. «Ceci est dû essentiellement au retard accusé dans la réalisation de certains projets financés par la BEI», a-t-il expliqué. Et d’ajouter que «l’argent ne peut pas être n’importe où, soit il est décaissé soit il est à Luxembourg».
Il cite, dans ce contexte, l’exemple du projet de mise à niveau environnementale d’installation du Groupe chimique tunisien à Skhira et à Mdhila pour la réduction des émissions atmosphériques et des rejets en mer. Selon le responsable européen, ce taux de décaissement faible est dû à l’incapacité de certains promoteurs à mettre en œuvre les projets financés dans les meilleurs délais.
Il a expliqué que ceci est généralement imputable au non-respect par les promoteurs des standards adoptés par la BEI, particulièrement sur les plans social et environnemental et qui sont en réalité des standards internationaux exigés par l’ensemble des bailleurs de fonds. «Parfois, on se retrouve amenés à relancer de nouveau l’appel d’offres, or ceci est un processus relativement long qui pourrait accumuler un retard allant jusqu’à deux ans. L’enjeu est donc de rehausser ces standards pour qu’ils soient conformes aux nôtres», a-t-il affirmé.
Il cite à titre d’exemple, l’absence d’un mécanisme de gestion des plaintes déposées par les personnes auxquelles les projets en cours de réalisation ont porté préjudice. Il a précisé que contrairement à la loi tunisienne, la BEI prévoit des indemnisations en faveur de ces personnes, y compris les commerçants et les familles qui ne disposent pas de titres fonciers.
Par ailleurs, le responsable a fait savoir que la BEI est déterminée à renforcer sa présence dans le monde en étendant davantage son réseau qui compte actuellement une cinquantaine de bureaux. Dans ce contexte, Jean-Luc Revéreault a noté que le bureau de Tunisie de la BEI est considéré comme étant l’un des plus grands bureaux en termes de ressources humaines. «Compte tenu du niveau de coopération assez important, la BEI compte renforcer davantage ce bureau en recrutant du personnel », a-t-il conclu.

Hajer Ben Hassen

NB: Article publié dans le dernier numéro de Réalités Magazine paru le 25 février 2022

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