Par Moktar Lamari, Ph.D*
Accusée de manipulation d’indicateurs économiques ayant favorisé la Chine, dans le rating international Doing business, la patronne du FMI, Kristalina Georgieva, est de plus en plus poussée à la démission. Mais ses soutiens se multiplient à la veille de l’organisation d’une importante rencontre annuelle d’ici cinq jours. Contrairement à de nombreux pays africains, La Tunisie semble ne pas soutenir le maintien de Kristalina Georgieva! Pourquoi?
Les informations distillées au compte-gouttes, à partir du Siège du FMI, confirment que 13 ministres africains de l’Economie et des Finances apportent leur soutien à la directrice du FMI. Et ces pays font savoir leur soutien indéfectible, dans une déclaration officielle datée du 5 octobre 2021.
Les pays suivants sont en faveur du maintien de Kristalina Georgieva à la tête du FMI : Bénin, Botswana, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, République Démocratique du Congo, Djibouti, Egypte, Ethiopie, Ghana, Guinée Bissau, Mauritanie, Nigéria, Sénégal, Somalie, Soudan et Togo.
Pour ces pays, le scandale de la falsification des données du rapport Doing Business mérite enquête et sanctions. Mais, en attendant, il ne faut pas sacrifier une présidente favorable au multilatéralisme, et à un meilleur partage du pouvoir décisionnel au sein des instances internationales chargées de l’aide au développement.
Contrairement à l’Egypte et à de nombreux pays émergents, la Tunisie est absente de la liste des pays qui soutiennent le maintien de Georgieva à la tête du FMI. Il faut dire que la Tunisie attend impatiemment la reprise des négociations avec le FMI. Sous la direction de Georgieva, le FMI s’oppose à toute forme de reprise de négociation avec la Tunisie, tant et aussi longtemps que le pays n’a pas entrepris des réformes et des ajustements structurels dans son économie.
L’abstention de la Tunisie de la liste des pays appuyant la présidente du FMI peut être vue comme un appui à la transparence et un soutien à l’intégrité, contre toutes les formes de corruption.
En revanche, de telles positions diplomatiques doivent être suffisamment documentées et bien communiquées, pour éviter d’aggraver une situation déjà tendue et fragilisant davantage la Tunisie, et les chances de trouver 4 milliards de $ pour boucler son budget de 2021.
À suivre…
*Universitaire au Canada