La Tunisie perd 8.500 ingénieurs chaque année…

La Tunisie, réputée pour la qualité de son enseignement supérieur en ingénierie, fait face à un exode croissant de ses diplômés, mettant en péril son potentiel de développement technologique et économique.
Kamel Sahnoun, doyen des ingénieurs tunisiens, tire la sonnette d’alarme : chaque année, près de 8.500 ingénieurs tunisiens, formés dans les universités locales, quittent le pays en quête d’opportunités professionnelles à l’étranger. En revanche, environ 6 500 ingénieurs voyagent chaque année à l’étranger après avoir acquis de l’expérience et maîtrisé leur métier. Ce phénomène est particulièrement alarmant, car la Tunisie investit massivement dans la formation de ses ingénieurs, dépensant près de 100.000 dinars par ingénieur formé.
“L’ingénieur tunisien jouit d’une compétence et d’une formation solides, ainsi que d’une capacité d’intégration rapide, ce qui suscite l’intérêt de nombreux pays d’Afrique, d’Europe, d’Australie et du Golfe arabe, qui cherchent à les attirer en leur fournissant des conditions favorables. Cependant, cette fuite des cerveaux prive la Tunisie de son capital humain et compromet son développement futur…”, a souligné M. Sahnoun, lors de son passage ce lundi sur les ondes de Mosaïque FM.
Il a ajouté que coût de cette émigration est colossal. L’État dépense 100.000 dinars pour chaque ingénieur, ce qui représente une perte de 650.000 dinars par an lorsqu’ils quittent le pays, ce montant équivaut à la construction d’un hôpital universitaire, d’une faculté ou d’un aéroport.
De plus, cette perte n’est pas seulement financière, mais aussi intellectuelle, car les compétences et l’expertise des ingénieurs partis à l’étranger manquent cruellement à la Tunisie.
“L’ingénieur, lorsqu’il obtient son diplôme, n’est pas suffisamment valorisé et se retrouve confronté à des conditions professionnelles et matérielles difficiles. C’est pourquoi nous constatons aujourd’hui que nous perdons environ 18 ingénieurs chaque jour qui quittent le pays sans être remplacés ultérieurement”, a-t-il encore précisé.
Face à ce défi majeur, il est impératif que les autorités tunisiennes prennent des mesures urgentes pour retenir ses ingénieurs talentueux et créer un environnement propice à leur épanouissement professionnel. L’investissement dans des infrastructures de recherche et développement, la création d’emplois spécialisés et l’amélioration des conditions de travail sont autant de mesures nécessaires pour inverser cette tendance et stimuler le développement technologique et économique du pays.
Ceci pour dire que l’exode des ingénieurs tunisiens est un enjeu national crucial qui nécessite une action immédiate et concertée de la part des autorités et de la société tunisiennes afin de préserver le capital humain du pays et de garantir un avenir prospère pour les générations futures.

M.BB

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