Tunis accueillait, samedi 3 et dimanche 4 mai, la deuxième édition du Forumdes Langues «ExpoLugha» au Palais des Congrès. Reportage.
Le Forum des Langues s’ouvre, à 10 heures, sous un temps gris et pluvieux, mais le soleil du pluralisme des langues nous accueille. Plus d’une cinquantaine d’instituts, d’ambassades et d’écoles sont représentés.
Un panel de langues impressionnant s’ouvre au public, slaves comme le russe, latines comme l’espagnol, l’italien ou le français, anglo-saxonnes comme l’anglais, germanique comme l’allemand, l’arabe bien sûr, mais aussi des langues dont l’attrait est plus récent comme le coréen ou le japonais.
Objectif : 8.000 participants et visiteurs
À l’entrée de la salle centrale, déjà bondée de 300 personnes à l’ouverture, nous rencontrons l’un des responsables de l’événement, Béchir El Abed.
«C’est la deuxième édition du Forum Expolugha, la première, ayant eu lieu en octobre 2013, elle a rassemblé près de 5.000 participants et visiteurs. Pour cette année on mise sur 8.000 visiteurs». Ces journées linguistiques sont destinées à «tout le monde», les jeunes bien sûr, mais aussi ceux qui veulent apprendre une langue plus tardivement.
Dans la partie droite du Palais des Congrès de Tunis, un long couloir blanc accueille une exposition de photographies. «Les totems de la Wallonie», ce sont des photographies de Daniel Fouss, représentant les personnages cultes des BD belges. On y trouve alors Tintin, Gaston Lagaffe et le Marsupilami posant dans des lieux insolites de la Belgique.
Des langues, mais bien d’autres choses
Les journées sont précisément organisées pour intéresser le visiteur. À ce titre, sur l’aile droite du bâtiment, dans une salle décorée de rouge et de chaises dorées, se déroulent des conférences à différents thèmes. L’accent a été mis cette année sur «la contribution de la femme tunisienne à la vie culturelle, l’évolution de la langue dans les différents médias et la langue comme outil d’insertion professionnelle». Dans le même temps, des réflexions plus philosophiques telles que «Héritage linguistique et religieux à travers l’histoire de la Tunisie», «Identité linguistique, liberté et sécularisation» ont été émises
Le soir, des activités culturelles sont présentées à l’audience comme un spectacle de danse moderne du centre culturel russe, de la musique traditionnelle tunisienne, le malouf, mais aussi du slam.
Sur un autre plan, le centre culturel iranien, ainsi que plusieurs autres stands, ont disposé plusieurs poteries de tous types de matériaux. Les stands des ministères de l’Éducation et de l’Enseignement tunisiens occupent le milieu de la salle.
Les Tunisiens et la langue
Si l’on se fie à l’affluence des personnes par rapport aux stands, c’est le japonais qui remporte la palme du plus fréquenté. Un petit stand aux couleurs du pays du Soleil Levant se niche sur la gauche de l’allée centrale. Mangas et poupées devenues presque invisibles tant les intéressés se pressent autour. Pourtant, la langue française est toujours la plus parlée dans le pays, après viennent l’anglais et l’italien. Selon le responsable du stand «Institut Robert de Sorbon», le français, même avec une progression de l’anglais, n’est pas boudé par les Tunisiens. «Le français c’est la langue du travail, les jeunes continuent à l’utiliser même si elle a tendance à stagner.»
Sur l’espace réservé à l’Association Ellyssa, les drapeaux italiens pleuvent de droite à gauche. Sur l’étal, des livres et cartes en tous genres. «L’italien est la troisième langue choisie par les Tunisiens, il y a 50.000 étudiants qui la choisissent avec 600 professeurs qui l’enseignent ! C’est dû à la proximité du pays, mais aussi au fait qu’à la télévision en Tunisie on capte les chaînes principales italiennes comme Rai Uno, cela suscite l’intérêt.»
La langue est une richesse qui peut servir à travailler, communiquer, découvrir des cultures. Il n’est jamais trop tard pour en apprendre une, c’est la leçon que nous avons tiré de la deuxième édition du Forum des Langues «ExpoLugha.»
Loris Guillaume