Le kidnapping le vendredi 12 juin à Tripoli de dix diplomates et de huit autres Tunisiens le samedi par une milice libyenne, montre bien que notre pays est en train de subir de plein fouet les effets collatéraux du chaos qui règne en Libye.
La Tunisie devient une cible de plus en plus facile pour les groupes armés libyens et tout porte à croire que les deux enlèvements de masse seraient liés au refus annoncé le 11 juin par la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis de libérer un dirigeant de la milice Fajr Libya, Walid Klib, arrêté en mai dernier, Klib est poursuivi dans une affaire terroriste. Pour imposer sa libération, Fajr Libya avait enlevé il y a un mois près de 200 Tunisiens, relâchés par la suite sur une promesse de la libération de Klib.
En raison de la complexité de la situation en Libye, les relations tuniso-libyennes sont devenues un véritable casse-tête pour la diplomatie tunisienne et un sujet de préoccupation constant pour le gouvernement Essid, obligé de marcher sur une corde raide pour concilier entre les intérêts de la Tunisie et l’impérieuse nécessité de sauvegarder la souveraineté nationale contre toute atteinte.
Même si des informations concordantes laissent entrevoir une libération imminente des diplomates tunisiens et l’engagement de négociations avec une délégation venue spécialement de Tripoli, l’irréparable a été atteint.
En effet, le ministère des Affaires étrangères a vigoureusement dénoncé cet acte. Le communiqué publié est clair : «Il s’agit là d’une atteinte manifeste à la souveraineté de la Tunisie et une violation flagrante des résolutions internationales et des règles diplomatiques qui garantissent la protection et la sécurité des fonctionnaires et des missions diplomatiques et consulaires ». Sur le plan international, l’acte de kidnapping des diplomates tunisiens a été unanimement condamné.
Pour l’émissaire spécial des Nations unies pour la Libye, Bernardino Leon, ces événements sont “un nouveau rappel du chaos engloutissant la Libye et la nécessité pour les Libyens de mettre fin au conflit en cours et de se déplacer rapidement vers un accord politique qui permettrait de rétablir la sécurité et la stabilité dans leur pays”
A l’heure actuelle on annonce que les négociations avec les ravisseurs des employés et diplomates du Consulat général de Tunisie à Tripoli «avancent à pas sûrs et vers un dénouement positif», annonce Touhami Abdouli, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Pour lui, les ravisseurs ont été bel et bien informés que «la condition posée par le gouvernement tunisien est avant tout la libération des otages avant de négocier leurs revendications» principalement la libération de Walid Klib, dirigeant de «Fajr Libya» (L’aube de la Libye) détenu en Tunisie.
Pour ce qui est de cette affaire, a ajouté Abdouli, «je leur ai expliqué qu’il leur faut suivre les voies légales (…) et les ravisseurs étaient compréhensifs en la matière», a –t-il dit en substance.
Devant cet imbroglio, toute la question est de savoir si cette logique défendue par la diplomatie tunisienne est la bonne pour gérer ce genre de situations