La véritable histoire de Bouazizi

Bouazizi, celui par qui tout a commencé…

Tout le monde connaît l’histoire de Bouazizi, jeune diplômé universitaire pour certains et simple chômeur pour d’autres, que le destin a fait vendeur ambulant de fruits et légumes à Sidi Bouzid. Exigeant un minimum de dignité devant une « administration inhumaine », il s’immole le 17 décembre 2010.

Ce jour-là, à part la rédaction «arabe» de France 24, informée par téléphone par Mahmoud Ghozlani, les journalistes, disposant de très peu d’éléments, se précipitent sur Internet pour chercher des informations. Sur Facebook, ils découvrent un profil correspondant : un certain Mohamed Bouazizi, de Sidi Bouzid, qui a laissé une phrase sibylline datant du 15 décembre : « Je m’en vais, mère, pardonne-moi, les regrets ne servent à rien, je suis perdu dans un chemin que je n’ai pas tracé. Pardonne-moi si je ne t’ai pas obéi, mère, blâme le temps, mais ne me blâme pas. Je pars sans revenir, j’ai assez pleuré et coulé de larmes. Dans ce pays, les blâmes du temps perfide ne servent plus à rien. J’ai crié et je ne me suis pas rendu compte de tout ce qui a été perdu. Je m’en vais et souhaite ce voyage pour oublier. »

Pour les journalistes, il ne peut s’agir que de la bonne personne : il est surnommé Med et il est ingénieur.

Ces informations et sa photo de profil sont aussitôt publiées dans plusieurs médias. Cette phrase émeut et fait couler beaucoup d’encre aux quatre coins du monde. Le tout crée alors un phénomène de profonde émotion et une vague de contestation de jeunes diplômés et chômeurs de la région. Les immolations elles-mêmes se multiplient : on en a recensé des dizaines à travers le monde et cinq autres en Tunisie.

En réalité, ces informations ne correspondent pas à la personne qui s’est immolée. Sur Facebook, il s’agissait d’un ingénieur originaire de Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, qui a par la suite déclaré que sa phrase était en fait issue des paroles de la chanson « Lyoum Emssèfer » du rappeur tunisien Mascott, qu’il avait postée tout bonnement et par hasard, à la même période, comme statut Facebook… Lorsque les événements se sont enclenchés, ce Mohamed Bouazizi bis voit sa photo de profil dans tous les médias qui l’annoncent mort. Des centaines de personnes à travers le monde inondent son profil Facebook de « repose en paix ! ». Mohamed Bouazizi répond ainsi : « C’est une erreur, je suis toujours en vie ! » mais les messages s’accumulent quand même. N’assumant pas les événements qui ont suivi, il préfère alors se taire durant plusieurs mois…

Manoubia Bouazizi, mère du jeune homme qui s’est immolé le 17 décembre 2010, surnommait son fils Bessbouss. Sur sa carte d’identité nationale n°09217605, émise le 9 novembre 2005 à Sidi Bouzid, son vrai nom est Tarek Bouazizi, fils de Taieb Bouazizi. Né le 29 mars 1984 à Sidi Bouzid, il vivait dans le quartier Nour el Gharbi. Célibataire, il avait un frère prénommé Salem et une sœur, Leila.

A partir de cette confusion, Tarek Bouazizi, celui par qui tout a commencé le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, a été à jamais rebaptisé Mohamed. Plus jamais personne ne reviendra dessus.

Le « véritable » Bouazizi, celui qui s’est immolé, s’appelle Tarak.

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