Moez Belkhiria : « La voiture hybride est la solution idéale, il faut juste réduire les taxes »

La libéralisation des quotas du marché de l’automobile, la réduction des droits de douane sur la voiture hybride à 10% et la mise en place d’une infrastructure adéquate pour la voiture électrique, telles sont les principales recommandations de Moez Belkhiria, PDG de BSB Toyota, concessionnaire officiel de la marque Toyota en Tunisie.

Dans un entretien avec Réalités, Moez Belkhiria a parlé avec enthousiasme et une grande confiance en l’avenir du secteur de l’automobile en Tunisie, notamment de la marque Toyota qui ne cesse de gagner sur tous les plans. Désormais, c’est la marque la plus prestigieuse et la plus demandée sur le marché, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale, parce qu’elle a pu répondre à des critères de plus en plus exigeants tout en intégrant la qualité et la fiabilité : « La confiance est le moteur de notre société et le principal levier de différenciation des marques. Si un acheteur sintéresse, aujourdhui, à une marque bien précise, cest parce quil est convaincu que cette dernière résoudra ses problèmes et lui apportera la valeur escomptée, et cest le cas dailleurs de Toyota qui se distingue aujourdhui par sa qualité et ses prix compétitifs », a-t-il assuré.
En Tunisie, comme partout dans le monde, la demande pour cette marque japonaise est très forte : « En Tunisie, nous navons pas un problème de vente. Bien au contraire, nous sommes devant une grande pression pour satisfaire une demande beaucoup plus importante. Nous avons un quota de 3100 voitures, mis à part les 1000 voitures populaires. Nous avons ramené la majorité et le reste est programmé dici la fin de cette année », a indiqué Belkhiria, avant d’ajouter que depuis le début de cette année et jusqu’à aujourd’hui, Toyota a vendu 4 mille voitures. Au total, les ventes atteindront 5 mille cette année.
Voulant maintenir son avance par rapport à la technologie, Belkhiria a annoncé l’entrée, au cours de cette année, d’un modèle hybride pour les taxis. C’est une petite voiture adaptée aux taxis. « Nous avons opté pour cette voiture parce que les taxis consomment beaucoup dessence et beaucoup font une installation de gaz bien que cela soit illégal et représente un vrai danger », a-t-il dit.
Pour les projets d’avenir, il a indiqué que Toyota s’engage davantage dans des projets de développement de son réseau, en se rapprochant de ses clients dans tout le pays. La société préconisera aussi le développement de la technologie hybride puis, à moyen terme, la technologie électrique.
Il a aussi espéré voir réussir la voiture hybride à usage professionnel comme c’était le cas pour les particuliers.

Toyota International, parmi les premiers producteurs mondiaux de la voiture hybride
Par rapport à la voiture hybride, Moez Belkhiria voulait voir la Tunisie comme l’Europe, où 90% des nouvelles voitures sont hybrides ou électriques. Il s’agit, selon lui, d’une voiture privilégiée qui utilise deux sources d’énergie différentes : un moteur électrique et un moteur à essence. Une technologie qui, selon ses dires, se présente comme un puissant avantage concurrentiel.
Belkhiria fait remarquer que la voiture hybride est une solution à un problème, d’une part en réponse aux orientations de la politique énergétique de notre pays et de l’autre, parce qu’elle consomme moins de 50% d’essence en comparaison avec la voiture normale. Plus encore, cette voiture n’a aucune conséquence négative sur lenvironnement puisqu’elle utilise un moteur à essence et un autre électrique dans la circulation.
Toyota international était parmi les premiers producteurs mondiaux de ce type de voiture, elle a commencé à vendre la voiture hybride depuis 1997, soit il y a 25 ans. En Tunisie, Toyota a commencé à vendre la voiture hybride depuis 4 ans. « Nous sommes convaincus que cette voiture est la solution idéale en termes déconomie dénergie et de réduction des émissions de CO2 », a-t-il dit.

« On n’arrive pas à satisfaire la demande »
En 2022, Toyota International a vendu 3 millions de voitures hybrides et table sur la même quantité en 2023. « Le chiffre na pas évolué, non pas faute de demande, mais plutôt parce quil y a trop de demandes que Toyota international narrive pas à satisfaire ». Selon lui, en France, si tu veux acheter une voiture hybride, tu dois attendre au moins un an. Et c’est presque la même chose pour la Tunisie où la demande est aussi très importante. « Nous avons reçu, cette année, 1000 demandes pour lachat de la RAV 4, mais nous nen avons vendu que 250 parce que Toyota international na pas pu satisfaire les demandes. Toyota ne peut pas satisfaire les demandes parce quil y a aussi un manque à léchelle mondiale en matière premières ne permettant pas de produire des batteries ».
S’agissant de la voiture électrique, le PDG de Toyota a fait remarquer qu’il s’agit de la voiture de l’avenir et que, contrairement à la voiture hybride, l’Etat tunisien a soutenu la voiture électrique en supprimant les droits douaniers, mais il reste beaucoup à faire.
Il a déploré l’absence d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques et d’un système de facturation de l’électricité. Il a également cité un autre problème, non moins important que les précédents, lié à la production de l’énergie en Tunisie. Selon lui, la Tunisie ne produit que 3% seulement d’énergies renouvelables, et l’objectif de 30% tracé semble être très loin. « Nous sommes très loin. LEtat tunisien ne pourra tirer profit de la voiture électrique que lorsquil commencera à produire de lénergie à partir des énergies renouvelables. Le jour où les bornes de recharge seront installées partout dans le pays, dans les kiosques, les espaces publics et les grandes surfaces, la voiture électrique deviendra très intéressante pour le marché tunisien », a-t-il encore dit.
Par rapport à l’importation de ce type de voiture, Belkhiria a assuré qu’il n’y a pas de raison d’importer cette voiture tant qu’il n’y a pas de demande. En 2023, seulement 20 voitures électriques ont été vendues. « Le Tunisien naime pas le risque. Même sil va installer un chargeur chez lui, il va payer très cher la facture de lélectricité», a-t-il expliqué.

Une forte demande pour la voiture hybride
Contrairement à la voiture électrique, celle hybride est fortement demandée, même par les ministères du Commerce et de l’Industrie. « Je pense quaujourdhui, la solution est dans la voiture hybride. Cest la seule qui réponde pleinement aux exigences de la situation actuelle et aux objectifs du développement durable ». Selon lui, la voiture hybride permettra de réduire de 50% la consommation dessence et aidera lEtat à réduire sa facture dimportation énergétique et de subvention.
Pour encourager l’importation de cette voiture, Belkhiria a appelé à réduire les droits de douane de 50 à 10%, citant l’exemple du Maroc ou encore de la Jordanie qui ne payent que 5%, bien qu’il s’agisse de pays qui nous ressemblent parfaitement au plan économique. Et d’ajouter qu’en Jordanie, 80% des nouvelles voitures sont hybrides.
En Tunisie, la voiture hybride est très chère, d’où cet appel à l’Etat tunisien et au ministère des Finances, à réduire les droits de douane et les fixer au moins à 10%, une baisse qui sera certainement compensée par la baisse de la facture d’importation de carburants et de subvention de l’énergie.

 « Des facilités de paiement ? Non, mais on va y arriver »
Interrogé sur la possibilité d’offrir des facilités de paiement pour encourager les Tunisiens à acheter la voiture directement auprès des concessionnaires automobiles sans passer par les sociétés de leasing, Belkhiria a indiqué qu’on va y arriver bien qu’il ne s’agisse pas du rôle du concessionnaire automobile. « Dun côté, nous ne pouvons pas jouer le rôle des banques ou des sociétés de leasing et dun autre côté, on na pas le droit au financement selon la loi de la BCT », a-t-il expliqué, faisant remarquer que la hausse des prix des voitures provient essentiellement de l’augmentation du TMM et non pas de l’intérêt appliqué par les banques ou les sociétés de leasing sur le crédit.
Par rapport à la location longue durée, Belkhiria a tenu à préciser que cela existe déjà en Tunisie et que Toyota travaille déjà avec des sociétés sur cette question. « Les concessionnaires automobiles se concentrent exclusivement sur les ventes parce que la demande est très grande », a-t-il dit.
Il a par ailleurs appelé à libérer le marché du système des quotas. « Avec louverture du marché, tous les concessionnaires seront obligés de réduire les prix, améliorer la qualité des services et aller chercher le clientCest seulement à partir de ce moment-là quon pourra investir dans une société de location de longue durée, de financement, de recouvrement et pourquoi pas de reprise (acheter les voitures doccasion et les remplacer par des neuves). Cest la dynamique dun marché libre », a-t-il souligné.
Le PDG de Toyota a, en outre, assuré qu’une baisse au niveau des ventes des concessionnaires automobiles a été enregistrée, expliquant cela par deux facteurs essentiels : le premier est le système des quotas accablant et le deuxième est que certains concessionnaires obtiennent des quotas sans qu’ils aient la capacité de les vendre. Et d’ajouter qu’en réponse à la conjoncture économique et aux difficultés auxquelles fait face le secteur de l’automobile en Tunisie et dans le monde, il a été décidé de réduire, en 2023, le quota d’importation à 45 mille voitures seulement contre 50 mille auparavant.

Khadija Taboubi

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