L’administration, moteur ou obstacle au développement ?

Alors que depuis plusieurs décennies, l’administration a été un moteur pour la promotion de la croissance économique et du développement, depuis 2011, deux nouvelles donnes ont fait leur apparition avec, d’abord, une augmentation du coût de celle-ci devenu très lourd pour le budget de l’Etat, mais aussi un obstacle au développement, vu la progression du laxisme, de l’absentéisme, de la mauvaise volonté et de la corruption.

Les statistiques récentes publiées par le ministère de la Fonction publique et de la lutte contre la corruption sont édifiantes sur la “dégradation” de l’administration tunisienne. Il y a une démotivation générale avec une baisse sensible du rendement mais aussi un absentéisme abusif : 2,7 millions de journées de travail perdues par an soit : 4,5% de la totalité. Un niveau ahurissant des salaires : 45% du budget de l’Etat soit 13 milliards de dinars qui y sont consacrés.

Plus grave encore, l’absence de la valeur travail et de culture de l’effort chez une grande partie de l’administration, outre l’absence du sens du service public.

Autre problème qui ronge l’administration publique, les effectifs pléthoriques des fonctionnaires dont le redéploiement s’impose, eu égard au surbooking relevé dans certaines institutions alors que dans les régions et les mairies on souffre de manque de personnel.

Par contre, on enregistre un sérieux manque d’enseignants dans l’éducation et la formation professionnelle, de contrôleurs d’impôts et de respect de l’hygiène, de médecins et de personnel paramédical à la santé publique. Il faut donc renforcer les ressources humaines dans ces secteurs sensibles. La décentralisation et la déconcentration peuvent être des solutions à ce phénomène d’encombrement de l’administration. Le recrutement et la formation de compétences jeunes peuvent apporter un souffle nouveau aboutissant au dégraissage de la fonction publique en y introduisant la formation continue des fonctionnaires afin d’améliorer la qualité de leurs prestations.

Peut-on réformer l’administration ? C’est avant tout une urgence si nous voulons nous inscrire dans la croissance économique et favoriser le progrès social dans notre pays. Comment, à quel rythme et avec quels partenaires ? C’est là qu’il faut réellement agir.

L’administration doit se remettre en marche et au travail, redevenir un moteur au service du développement du pays, réviser ses méthodes de travail et généraliser l’informatique. Revoir le rôle de l’administration dans la Nation, se donner des objectifs nobles et se mettre au service de la population.

Le statut de la fonction publique doit être revu en conséquence et en profondeur.

Pour une meilleure mobilisation, il faudrait créer des instruments d’intéressement des fonctionnaires : promotions selon le mérite, primes de rendement,… un code d’éthique et de bonne conduite devrait être mis en place et adopté par tous les fonctionnaires pour éviter les dérapages que l’on connaît. Le service de l’Etat est une fonction noble qui implique le respect des principes.

Mais aussi prévoir des sanctions sévères s’il y a des erreurs ou des défaillances. Il ne devrait plus y avoir des emplois à vie mais des contrats à durée déterminée renouvelables.

La fonction publique a besoin de redorer son blason et de se faire une nouvelle image dans l’opinion publique, car elle a perdu beaucoup de son prestige et de son efficacité du fait du comportement des fonctionnaires : faible productivité, corruption, laxisme, manque de motivation. Il faudrait introduire les normes de la bonne gouvernance et du management responsable dans la fonction publique.

Il y a également des économies à faire dans les budgets de fonctionnement à cause du gaspillage de l’énergie, des dépenses excessives et abus : parc-auto, bons d’essence, réceptions et missions coûteuses et inutiles.

Quelle responsabilité pour l’administration ? Il s’agit d’une responsabilité de premier plan, celle d’assumer le développement du pays, de prendre l’initiative des grands projets et de gérer le processus de la croissance économique et du progrès social.

Pour cela, la compétence et la détermination ne suffisent pas, il faudrait aussi de la probité morale, une valeur à ressusciter, si l’on peut.     

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