Le moteur traditionnel de la croissance, (l’investissement), étant en panne, l’exportation piétine depuis des mois et la machine de la consommation étant plutôt un signal pernicieux, notre pays traverse une phase de récession grave. Le tourisme actuellement sinistré et le secteur des phosphates étant plutôt convalescent, il faut trouver un puissant secteur d’activité susceptible d’assumer le rôle de locomotive pour sortir le pays de l’ornière et tirer les autres secteurs économique vers le haut.
Pourquoi ne pas recourir à l’agriculture ?
En attendant des jours meilleurs, il faut dire que l’agriculture à toujours été négligée, sous-estimée et sous-valorisée par rapport au tourisme et à l’industrie qui ont bénéficié d’investissements massifs et d’avantages fiscaux et financiers, si l’on excepte les investissements consacrés à l’édification d’un réseau dense de barrages-réservoirs qui ont également servi à protéger les villes des inondations catastrophiques et à approvisionner la population urbaine en eau potable.
En effet, l’agriculture a l’avantage de procurer l’attachement des paysans à la terre dans leur région d’origine, ce qui ralentit l’exode rural et évite la surpopulation des villes. L’agriculture réduit de façon très sensible le montant de l’investissement nécessaire pour la création d’emplois, par rapport à l’industrie et au tourisme, ce qui est plus important encore, c’est qu’elle nourrit la population, engendre l’autosuffisance alimentaire et assure par suite la sécurité alimentaire.
L’agriculture peut exporter de façon massive et générer des recettes en devises, comme le prouvent l’huile d’olive, les dattes, les agrumes, les grenades,…
La production agricole alimente les usines de transformation et les usines de transformation et les stations de conditionnement, elle est à la base d’industries agroalimentaires prospères et actives.
Les atouts du secteur agricole ne manquent pas : qualité du climat et des sols, savoir-faire ancestral de nos paysans, produits du terroir savoureux, proximité des marchés de l’Europe occidentale, attachement et amour du travail de la terre,…
L’agriculture est un poids lourd de l’économie avec une contribution de 13% au PIB, mais un emploi procuré de l’ordre de 500.000 personnes, même s’il s’agit d’emplois saisonniers avec une forte densité de femmes.
En fait, il faudrait compter avec la valeur ajoutée engendrée par la transformation industrielle, le transport des produits alimentaires, l’exportation, la consommation de produits industriels par l’agriculture comme les engrais chimiques, les emballages,…
Les obstacles et les contraintes sont, certes, multiples mais peuvent trouver des solutions à moyen terme. Ressources en eau d’irrigation limitées, conditions climatiques irrégulières, sécheresse croissante et réchauffement climatique. Superficies cultivables restreintes, ressources financières destinées à l’investissement à long terme modestes. Effritement de l’exploitation agricole et vieillissement des exploitants.
Anarchie dans les circuits de commercialisation des produits agricoles.
L’agriculture peut devenir une véritable locomotive pour tirer les autres secteurs de l’économie tunisienne vers l’avant, moyennant certaines conditions.
D’abord, favoriser l’accès de la majorité des producteurs agricoles au crédit bancaire, alors que moins de 20% seulement le sont à ce jour, ce qui est susceptible de booster l’investissement dans le secteur. Ensuite, favoriser le respect de circuits de commercialisation des produits agricoles officiels, tout en renforçant les équipements des marchés de gros et des stations de conditionnement des fruits et légumes.
Mettre en place des incitations significatives pour favoriser les exportations et les industries agroalimentaires.
Des choix stratégiques doivent être faits en faveur de produits à forte valeur ajoutée comme les cultures biologiques, des produits exportables appréciés sur les marchés extérieurs, intensification des projets de partenariats avec des investisseurs étrangers, multiplication des industries agro-alimentaires avec des produits de grande qualité.
Les périmètres publics irrigués doivent connaître une vaste opération de rénovation des réseaux de canalisation et de rationalisation de la consommation d’eau.
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